Charles Maurras

Pour une réhabilitation véritable .

Dans l'Histoire de France, les journalistes n'ont pas bonne presse . Même à titre posthume, c'est-à-dire pour le jugement de l'histoire, rares sont les exégètes qui placent la défense du droit d'expression et de publication comme un droit fondamental supérieur aux débats mêmes. Hormis les Constitutions américaines et anglaises, ce droit est assez largement bafoué, ignoré et pourfendu. Les stigmates de l'inquisition impriment encore durablement les mentalités de la plupart des pays occidentaux développés. Maurras en est le témoin sacrificiel . Toutes ces condamnations reposent sur des procès en sorcellerie de journalisme d'opposition. L'église en premier lieu qui, en brandissant le goupillon pour faire taire un convaincu, s'est rétrogradée dans des siècles d'obscurantisme et de mutisme qui lui valent aujourd'hui des accusations de complicité avec le nazisme, hélas assez suspectes . La France, aussi, qui a sanctionné un écrivain, pour ne pas avoir à rechercher et punir tous les complices muets de l'occupant. La classe intellectuelle figure rarement dans les boxes car, à l'instar des journalistes d'aujourd'hui, personne ne lui retire le droit de proposer les idées les plus néfastes si l'opinion publique opine et applaudit. Pourtant, celle-ci dispose d'un pouvoir usurpatoire très préoccupant pour notre pays. Une jeune auteur a osé faire une large étude sur ce sujet qui dépasse Maurras mais l'incopore aussi. Cette universitaire : Gisèle Sapiro, dans son ouvrage sur " La guerre des écrivains " montre bien le courage inutile des uns et la pusillanimité d' autres, qui seront les vrais profiteurs de situations troublées. La toile de fonds des enjeux politiques cachera soigneusement les ficelles de ceux qui manipuleront les marionnettes de l'avant scène . Tant que Guignol fera gros et tapera, la pièce sera jouée ! Dès que la comedia dell Arte tournera à vers la réflexion et les profondeurs du théatre grec, le théatre sera fermée ; les subventions servent à celà !. La confrontation avec l'Eglise est bien tissée de ce gros fils écru : un géneur peut bien être exclu des sacrements ! Les fatwas des ayatollahs du vingt et unième siècle ne font que ça ! De quel droit humain pourrait-on d'ailleurs en débattre ? Quant à la dégradation des droits civiques de Maurras à la libération, il en est comme du procès Papon et de l'imprescribilité des crimes contre l'humanité . Ce rapprochement trahit bien des simplifications hâtives de notre époque car Maurras n'a jamais participé à aucun de ces crimes et sa complicité est tout sauf démontrée puisque les juges ont, d'eux même, fait marche arrière. Maurras a écrit un jour qu'il n'avait souhaité vraiment q'un seul meutre et s'en est longtemps expliqué. Jamais, il n'a souhaité la mort d'un Juif. Maurras n'était ni antisémite, ni raciste. Ses positions anti-juives se plaçaient au même niveau que son opposition à la Franc-maçonnerie, que son agnosticisme devant toutes les balivernes d'une église piétiste et hypocrite , dans le même parti pris contre le communisme, le socialisme et le libéralisme. Opposant à beaucoup d'idées reçues et de systèmes, Maurras ne peut être poursuivi pour amalgame. L'antisémitisme, l'antigermanisme, aucune de ses luttes ne privilégiait l'autre, ni ne pouvait justifier une réduction de l'humanisme que la Grèce a apporté à notre civilisation.
Peut-on laisser un vrai démocrate, qui n'a commis aucun crime et a toujours agit en son âme et conscience pour des valeurs spirituelles, nationales et culturelles , au fond du cachot intellectuel ? ; 68 % de son oeuvre est poétique et culturel, 32 %à caractère politique ou journalistique, marque s'il en fallait que Maurras n'était pas de la trempe des agitateurs idéologues ni des défenseurs de l'hégémonie de la pensée. Maurras, certes, a été grâcié et son excommunication levée, mais pourquoi resterait-il exclu de l'Académie qui l'a élu et privé de droits civiques ? Etant mort, chacun dira que cette réhabilitation serait d'aucun effet ; sans doute ! Et pourtant, Jeanne d'Arc a mis plusieurs siècles pour être reconnue sainte . Ne faut-il pas aussi que nos gouvernants honorent les humbles soldats de la démocratie au quotidien ? C'est de ces exemples que la société d'aujourd'hui à besoin pour ne pas errer entre les intégrismes, les désoeuvrements et le fatalisme démobilisateur.
Maurras n'a-t-il pas aussi sa place au Panthéon ! L'édifice n'a-t-il pas été commencé sous la monarchie pour finir par donner un sanctuaire aux citoyens sincères dont les vies consacrées aux arts, sciences et lettres ne cherchaient qu'à servir la nation française au delà des croyances religieuses et des contingences politiciennes ?