Les préoccupations de ROME
L'antagonisme des convictions de Maurras
PIE XI
Les accords du Latran
Le traité de Locarno


PIE XI


1.1 Érudit
1.2 Nonce en Pologne
1.3 Archevêque de Milan

2 Pape

2.1 Le conclave
2.2 Le rôle de l'Église
2.3 La question romaine
2.4 Face au nazisme

3 Bibliographie
4 Liens externes
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Jeunesse et carrière dans la Curie

Ratti naquit dans une famille d'industriels lombards. Il entra en 1867 au séminaire de Seveso, puis de Monza. En 1874, il entra chez les tertiaires franciscains. L'année suivante, il rejoignit le Grand séminaire de Milan. En 1879, il intégra le Collège lombard à Rome. Il fut ordonné prêtre le 20 décembre 1879 à la basilique Saint-Jean du Latran. Il obtint un triple doctorat de philosophie, droit canonique et théologie à la Grégorienne.

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Érudit

Il rejoignit les oblats de saint Charles Borromée peu après sa nomination comme « docteur » (c'est-à-dire conservateur) de la Bibliothèque ambrosienne, en novembre 1888. Il occupa ce poste jusqu'en 1912. Ses recherches furent tournées vers la vie et l'œuvre de Charles Borromée, ainsi que sur le diocèse de Milan. En 1907, il devint préfet de l'Ambrosienne, en remplacement d'Antonio Maria Ceriani. Il entreprit un travail de rénovation et de classement de l'antique bibliothèque, qui le firent remarquer de la communauté des savants. En 1914, Benoît XV le nomma préfet de la Bibliothèque vaticane, auprès du jésuite Franz Ehrle. Ratti conserva néanmoins la conservation de l'Ambrosienne.

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L'aventure en Pologne

Il devint ensuite, le 25 avril 1918, visiteur apostolique à Varsovie. Lorsque l'État polonais fut reconstitué, il reçut formellement le titre de nonce apostolique, et fut promu archevêque de Lépante>. Il mena à bien des négociations diplomatiques et fit preuve d'un grand courage personnel lors du siège de Varsovie par les Soviétiques, en août 1920.

Sa mission s'acheva néanmoins en demi-teinte : il fut nommé haut-commissaire ecclésiastique en Haute-Silésie, région encore soumise à plébiscite. Là, il se conforma aux instructions émanant du cardinal Bertram, archevêque de Breslau>, ordonnant aux prêtres polonais de ne pas prendre parti dans le débat, ce qui favorisait le clergé allemand. En conséquence, Ratti fut sévèrement attaqué par la presse polonaise.

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Archevêque de Milan

En mai 1921, Benoît XV le nomma archevêque de Milan puis, le 13 juin, cardinal. Si son épiscopat resta court (moins d'un an), il déploya une grande activité, en particulier dans le domaine de l'enseignement.

Doté d'une grande capacité de travail, Ratti était également un grand sportif, connu pour son goût de l'alpinisme.

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Pape

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Le conclave

Le 6 février 1922, à la mort de Pie XII, le conclave élut au quatorzième tour le cardinal Ratti. Celui-ci n'était qu'un outsider : le camp conservateur alignait le cardinal Merry del Val, ancien secrétaire d'État de Pie X, tandis que le camp libéral était représenté par Pietro Gasparri. Il accepta la tiare sous le nom de Pie XI et innova en bénissant la foule de la loggia extrérieure de la basilique Saint-Pierre.

Le rôle de l'Église

Sa première encyclique, Ubi arcano Dei consilio, en date du 23 décembre 1922, constitua un programme de sa future action. Il entendait :

« construire une chrétienté nouvelle qui, renonçant aux formes institutionnelles de l'Ancien Régime, s'efforcerait d'en recréer au sein de la société contemporaine, et que seule l'Église catholique constitué par Dieu, interprète des vérités révélées, est en mesure de promouvoir. »

Ce programme est complété, d'un point de vue théologique, par les encycliques Quas primas (11 décembre 1925) instituant la fête du Christ Roi et Miserentissimus Redemptor (8 mai 1928), sur le culte au Sacré-Cœur. Il procéda à de nombreuses canonisations, dont celle de Bernadette Soubirous ,Jean Bosco, Thérèse de Lisieux, Jean-Marie Vianney, docteurs de l'Église : Pierre Canisius; Jean de la Croix, Robert Bellarmin et Albert le Grand.

Il ne montra guère d'intérêt à la question biblique, et donna une réponse clairement unioniste à la question œcuménique : l'encyclique Mortalium animos (6 janvier 1928>) souhaitait le retour au sein de l'Église des chrétiens non catholiques romains. D'un point de vue moral, enfin, casti connubii (31 décembre 1930) bornait strictement le cadre des rapports conjugaux.

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La question romaine

Pie XI signa avec l'État italien les accords du Latran, créant l'État de la Cité du Vatican, mettant ainsi fin à la « question romaine » qui opposait la papauté à l'Italie depuis Pie IX.

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Face au nazisme

Le 14 mars 1937, il publia l'encyclique Mit Brennender Sorge par laquelle il condamnait le nazisme. En mai 1938, il s'absenta ostensiblement du Vatican lors de la visite d'Hitler. Le 6 septembre 1938 prenant position contre la législation antisémite italienne, il déclara à un groupe de pélerins belges cette phrase célèbre : « Nous, chrétiens, sommes spirituellement des sémites ». Il ordonna également aux universités catholques d'organiser un enseignement contre l'antisémitisme et le racisme.

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Bibliographie

  • Marc Agostino :
    • article « Pie XI » du Dictionnaire historique de la papauté, Philippe Levillain (s.dir), Fayard, 1994.
    • Le pape Pie XI et l'opinion (1922–1939), École française de Rome, 1991
  • Collectif, Achille Ratti, pape Pie XI, École française de Rome, 1996
  • Yves-Marie Hilaire (s.dir), Histoire de la papauté. 2000 ans de missions et de tribulations, Tallandier, 1993.
  • Mgr Yves Marchasson, Les Papes du XXe siècle, Desclée, 1990.
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Liens externes

  • Textes de Pie XI sur le site du Vatican)
  • Encyclique Mit Brennender Sorge
    Les Accords de Latran
    • Contexte
    • Les accords

    Contexte

    La fin des États pontificaux

    En 1870, le général Cardona envahit les États pontificaux avec un corps d'armée de 50.000 hommes. Le 20 septembre, Rome capitule. Rome devient la capitale du nouvel État italien de Victor-Emmanuel II, roi du Piémont. Le Pape de l'époque, Pie IX, est contraint de se réfugier au Vatican et se considère comme prisonnier.

    La « loi des garanties »

    En 1871, le Parlement italien vote une « loi des garanties » pour garantir les prérogatives du Pape, établir le statut du Vatican et régler les relations entre celui-ci et l'État italien. La loi offre au Pape un territoire en pleine propriété, constitué des sanctuaires, de palais et des couvents, mais à titre résidentiel. Sont également offertes une zone franche à Ostie, et la somme de deux milliards de livres à titre de dédommagements (cette somme sera placée par l'État italien et reversée par Mussolini à Pie XI en 1929, avec des intérêts considérables). Pie IX rejette cette loi, et ses successeurs font de même.

    Vers la réconciliation

    Malgré cette intransigeance, les relations officieuses s'intensifient pendant la 1e Guerre mondiale entre l'Église et les cléricaux d'un côté, et le gouvernement italien et les libéraux modérés de l'autres. Ainsi, en 1919, Mgr Cerretti, envoyé du Vatican, rencontre Vittorio Emmanuele Orlando, président du Conseil. La même année, les catholiques réintègrent la vie politique avec la fondation du Parti populaire par don Luigi Sturzo, prêtre sicilien.

    Lors de l'arrivée du fascisme, l'Église parie sur les composantes conservatrices du fascisme et non sur les ouvriers pour retrouver sa domination. Ceci se traduit par la réforme des lois ecclésiastiques de 1923–1925, favorable à l'Église, et par l'élimination des syndicats catholiques. Mais c'est le discours de Mussolini le 3 janvier 1925 qui marque la restauration de bons rapports entre le Vatican et le gouvernement italien.

    Les accords du Latran

    Les négociations qui aboutiront aux accords du Latran commencent en 1926. Elles aboutissent à la signature par le cardinal Gasparri (secrétaire d'État) et par Mussolini de protocoles au palais du Latran, le 11 janvier 1929. Pie XI voit dans ces accords la restauration de l'Italie à Dieu, et de Dieu à l'Italie.

    Les accords comprennent trois conventions distinctes :

    • un traité politique qui règle la « question romaine »
    • une convention financière qui dédommage le Saint-Siège
    • un concordat qui statue sur la position de l'Église en Italie

    Le traité politique

    Le Pape accepte l'État de la Cité du Vatican, dont l'État italien reconnaît la pleine propriété et l'autorité souveraine au Saint-Siège. Toute forme d'ingérence italienne est abandonnée. En compensation, le Saint-Siège renonce à toute prétention sur les anciens États pontificaux. Il reconnaît le Royaume d'Italie sous la maison de Savoie, et Rome comme capitale de l'État italien. Cependant, l'Italie reconnaît en Rome une « città sacra ». Concrètement, cela signifie que l'Italie prend le Vatican sous sa protection. Ainsi, en cas d'incident place Saint-Pierre, c'est la police italienne qui intervient.

    On reconnaît au nouvel État des services publics : le Vatican aura une gare, des services postaux, une monnaie (la livre vaticane), une presse, une radio et une télévision avec le droit d'émettre... Le Vatican devient l'instrument du Saint-Siège, personne de droit international, défini comme l'ensemble des institutions supérieures catholiques. Le préambule du pacte dispose ainsi :

    Étant donné que, pour assurer au Saint-Siège l'indépendance absolue et visible, il faut lui garantir une souveraineté indiscutable, même dans le domaine international, on s'est rendu compte qu'il était nécessaire de constituer, avec des modalités particulières, la Cité du Vatican, reconnaissant au Saint-Siège, sur cette même Cité, la pleine propriété, la puissance exclusive et absolue et la juridiction souveraine.

    Le Pape est reconnu comme le chef temporel du Vatican, avec tous les pouvoirs, législatif, exécutif et judiciaire (le gouvernement effectif du Vatican étant pourtant délégué à un Gouverneur général) en cas de vacance, le pouvoir passe au Sacré Collège des cardinaux.

    Le nouveau territoire pontifical est formé de 44ha (ce qui fait du Vatican l'État le plus petit du monde) : pour l'essentiel, il s'agit de la place Saint-Pierre, la basilique, le palais et les jardins. L'ensemble est entouré de murs, avec 5 points d'accès. Seule la place S. Pierre et la basilique sont librement accessible. Mussolini avait proposé d'inclure d'autres bâtiments dans le nouvel État, mais Pie XI avait refusé, affirmant :

    Il sera clair pour tous, nous l'espérons, que le Souverain Pontife n'a vraiment que cette portion de territoire matériel indispensable pour l'exercice d'un pouvoir spirituel confié à des hommes pour le bénéfice des hommes.

    La convention financière

    Après la perte des États pontificaux, le Saint-Siège se trouvait dans une situation financière difficile. En 1871, la « loi des Garanties » offrait la somme de 2 milliards de lires à titre de compensation pour la perte des États et des biens ecclésiastiques. Les Garanties ont été refusées par tous les papes de 1871 au Latran. À l'occasion des accords, Mussolini cette même somme augmentée de ses intérêts, portant le montant total à 4 milliards de lires.

    Cette somme n'est pas versée directement au Vatican. Le Saint-Siège reçoit en fait 750 millions de lire en argent comptant et des titres à 5% d'une valeur nominale d'un milliard de lires, confiés par Pie XI à l'Administration spéciale des biens du Saint-Siège.

    Le concordat

    Le concordat fait du catholicisme la religion officielle de l'État italien. Les mariages catholiques et les jugements de l'Église en matière matrimoniale prennent effet civil. Les juridictions ecclésiastiques sont reconnues en matière spirituelle et disciplinaire (un prêtre apostat pouvant ainsi se voir refuser un emploi public). L'enseignement religieux catholique devient obligatoire à tous les niveaux scolaires.

    De son côté, l'État italien se voit reconnaître un droit de nomination des évêques, lesquels doivent jurer fidélité au roi. Toute activité politique est interdite à l'Action catholique. Les religieux et les prêtres se voient interdire de militer dans un parti. Le but de Mussolini est d'empêcher la recréation d'un parti catholique.

    Mussolini ajoutera au concordat des dispositions unilatérales réglant le sort des autres confessions, qui sont désormais reconnues. Un fossé juridique s'installe alors entre le catholicisme et les autres religions. Ces mesures seront complétées en 1938 par les « mesures pour la défense de la race italienne » et d'autres visant à opprimer les Juifs.

    Après les accords

    L'entente cordiale

    Le but de Mussolini avec ces accords est de fasciser l'Église. Celui de l'Église est de restaurer un État catholique. Tous deux échouent, mais les relations restent bonnes entre l'Église et le gouvernement fasciste jusqu'en 1945. Ainsi, en 1931, l'Église concède de nouvelles garanties concernant l'Action catholique, dont on réaffirme le caractère religieux et diocésain.

    La seule crise d'envergure concerne encore une fois les organisations catholiques laïques, perçues par le gouvernement fasciste comme une menace. Mussolini, répugnant à attaquer l'Église de face, comme le fait Hitler au même moment, préfère des actions d'intimidation des militants catholiques. En janvier 1938, Pie XI menace en représailles d'excommunier le fascisme et le gouvernement mussolinien. Finalement, en 1939, Mussolini obtient une réforme des statuts de l'Action catholique.

    Après la seconde guerre mondiale

    On aurait pu craindre la fin des accords du Latran avec l'effondrement du gouvernement fasciste. Paradoxalement, les accords sont renforcés par la nouvelle constitution italienne, avec le fameux article 7 qui affirme l'indépendance et la souveraineté de l'État et de l'Église, « chacun dans son ordre propre ». Il inscrit également dans la constitution les accords du Latran comme réglant la question romaine, et précise que les modifications qui seraient apportées aux accords ne nécessitent pas une révision constitutionnelle.






    Palais de Justice de Locarno  
    La signature de ces accords s'effectue à l'issue de la Conférence de Locarno qui se tient au bord du lac Majeur en octobre 1925. Cette conférence a pour but de réviser le Traité de Versailles> de 1919. Sont présents les ministres des affaires étrangères , Gustav Stresemann (Allemagne), Aristide Briand (France),Austin Chamberlain (Angleterre), Emile Vandervelde (Belgique), Benito Mussolini (Italie).
    Sous la garantie anglo-italienne, la France, Allemagne et la Belgique, s'engagent à maintenir les frontières telles qu'elles ont été fixées par le traité de 1919. Ce statu quo territorial prévoit le respect de la démilitarisation de la Rhénanie par l'Allemagne qui s'engage de ne se livrer à aucune invasion ou attaque. Le pacte rhénan, stipule qu'en cas d'agression les Etats garants s'engagent à soumettre le conflit soit à un tribunal arbitral, soit à la Cour permanente de justice internationale. Les Etats garants s'engagent à prêter leur assistance à la partie victime de l'agression. Ce pacte est accompagné de deux conventions d'arbitrage séparées, la première entre la France et la Belgique, la seconde entre l'Allemagne, la Pologne et la Tchécoslovaquie, représentée par Edouard Bénès.
    Photo ci-dessous : Ratification des accords de Locarno, Londres, 1er décembre 1925. Avec : 1) Aristide Briand 2) Gustav Stresemann 3) Austen Chamberlain 4) Edouard Bénès
    La conférence aboutit à la signature des accords de Locarno, le 16 octobre 1925. Aristide Briand s'exclame :
    «C'est la collaboration entre pays qui s'ouvre, les Etats-Unis d'Europe commencent».
    Le 7 mars 1936, Hitler réoccupe la Rhénanie et informe les signataires des accords de Locarno de la nullité de ceux-ci.
    La Rhénanie est remilitarisée face à une SDN> de plus en plus impuissante qui se débat sans succès à résoudre la guerre d'Ethiopie. Le pacte rhénan garantit la frontière occidentale de l'Europe. Malheureusement aucun pacte équivalent ne garantit la frontière orientale. L'Union soviétique interprétera cette lacune comme étant à l'origine de l'agression allemande de la Pologne le 1er septembre 1939.