Verrière de Sainte Catherine d'Alexandrie
Vierge, Sainte et Martyr à la triple couronne.


L'inscription qui court dans la bordure inférieure de cette verrière, et les armoiries qui accompagnent le religieux agenouillé devant la sainte, nous transmettent le nom du donateur de l'oeuvre, le chanoine Charles de Bovelles. Né à Saint-Quentin en 1479, mort à Ham le 24 février 1566 (ou 1567), Charles de Bovelles est chanoine de la collégiale de Saint-Quentin et de la cathédrale de Noyon. C'est surtout l'un des plus célèbres humanistes de son temps, philosophe, mathématicien et linguiste. Il nourrit une grande dévotion pour sainte Catherine, patronne des philosophes et des savants, et a d'ailleurs été inhumé dans la chapelle Sainte-Catherine de la chartreuse du Mont-Renaud, près de Noyon. Auteur de poèmes en l'honneur de sainte Catherine, il est très vraisemblable qu'il ait composé lui-même le texte des phylactères qui commentent les scènes principales du récit.

La verrière est réalisée en 1521, date inscrite dans le registre inférieur. L'oeuvre est attribuée à Mathieu Bléville, peintre-verrier né lui-aussi à Saint-Quentin, qui a également réalisé une vingtaine de verrières pour l'église Saint-André, entre 1519 et 1552 et de nombreuses autres oeuvres en Picardie et en Champagne. Malgré la Révolution et la Première Guerre mondiale, le département de l'Aisne conserve encore de Mathieu Bléville, outre les deux verrières de la basilique de Saint-Quentin, un Arbre de Jessé dans l'église de Bucy-le-Long et les verrières d'une église de La Ferté-Milon. Les verrières de Saint-Quentin ne sont pas signées ou ont perdu leur signature lors d'une ancienne restauration. Elles présentent néanmoins les caractéristiques du style de ce peintre-verrier : des figures féminines gracieuses, un traitement caricatural des bourreaux et des soldats, une forte influence de la gravure germanique, une composition foisonnante, un riche décor et, comme ici, un montage de pièces en chef-d'oeuvre. Cette verrière est endommagée au cours du siège de 1557, par les tirs d'artillerie ou par la vibration des coups de canon. Elle subit de nouveaux dommages lors des violentes tempêtes de janvier 1572 ou de mars 1581. Le chanoine De La Fons mentionne en effet que le vent du 25 janvier 1572 a fait tomber une grande partie de cette verrière. Aucune information ne nous est parvenue par la suite, jusqu'au milieu du 19e siècle. En 1855, le baron de Guilhermy, remarque cette verrière qu'il déclare "maladroitement réparée par des fragments étrangers". Contrairement à la verrière de sainte Barbe, il n'en existe pas de relevé connu. Il est néanmoins probable que, comme sa voisine, la verrière de sainte Catherine a été démontée à une époque inconnue, sans doute pour une restauration (non documentée), puis que certains panneaux ont été disposés au gré du hasard, lors de la repose. En 1860, l'hebdomadaire diocésain souligne que les deux verrières exigent une remise en plomb complète et la restitution de nombreux panneaux tronqués ou dépareillés. La verrière est recomposée par le peintre-verrier Louis Ottin en 1869, d'où la présence du mot "restituit" (a restitué) qui accompagne la signature du restaurateur, rajoutée sur l'oeuvre. En dépit de cette signature, il est bon de s'interroger sur l'étendue du rôle de Louis Ottin dans la restauration de cette verrière. En effet, le récit de la vie de l'archiprêtre Louis-Léonard Gobaille, au passage du réaménagement de l'église, ne mentionne nullement Ottin, mais attribue la restauration de la verrière à un jeune peintre-verrier récemment établi à Saint-Quentin, Auguste Tallon, qui a exécuté ce travail avec succès. Peut-être s'agit-il d'une confusion. Pourtant, les renseignements transmis par cet ouvrage sont généralement exacts. Il est donc possible qu'Ottin ait retrouvé l'ordre logique des panneaux de la verrière et joué le rôle de cartonnier pour Auguste Tallon, à moins que les deux verriers n'aient collaboré. Ceci, toutefois, ne doit rester qu'une hypothèse en l'absence d'archives pour la corroborer. Quoi qu'il en soit, cette restauration a été très étendue, beaucoup d'éléments de la verrière étant alors refaits.

Pendant la Première Guerre mondiale, la verrière reste en place jusqu'en mars 1917, date à laquelle elle est déposée par les Allemands, puis envoyée à Maubeuge. Retrouvée après la guerre et entreposée au Panthéon, elle a été restaurée une dernière fois, par le peintre-verrier Auguste Labouret, avant d'être remontée dans sa fenêtre d'origine en 1952. Cette verrière n'est pas la seule qui ait été offerte par Charles de Bovelles à la collégiale. Quentin de La Fons signale qu'en 1513, ce chanoine avait fait placer une verrière dans la chapelle absidale Saint-Jacques. Ce vitrail-là a totalement disparu.

Restauration des Orgues de la Basilique

L'orgue de la basilique de Saint-Quentin, l'un des plus grands de France, est démonté pour restauration

Le chantier de la basilique de Saint-Quentin a débuté il y a quelques mois pour consolider la charpente. Cette fois, c'est son orgue qui est en train d'être démonté pour être restaurer. Une réfection exceptionnelle qui va durer deux ans.

Publié le 04/02/2021 à 17h51

Restauration de l'orgue de la basilique de Saint-Quentin - Février 2021

Restauration de l'orgue de la basilique de Saint-Quentin - Février 2021 • © Mathieu Maillet / FTV

Aisne Saint-Quentin

À l'instar de l'orgue de la cathédrale d'Amiens, en restauration depuis l'été dernier, celui de la basilique de Saint-Quentin est en train d'être démonté. Les travaux sur la basilique, construite entre le XIIe au XVe siècle, ont débuté il y a quelques mois pour consolider les charpentes. Place désormais à la réfection de l'orgue de 15 mètres de haut, l'un des plus grands de France. Le projet prévoit de remplacer ou réparer les tuyaux. L'ancienne transmission mécanique va devenir électrique et l'instrument sera doté d'un cinquième clavier. Il s'agira également de restaurer intégralement le buffet, ses sculptures et ornements.

L'orgue de la basilique de Saint-Quentin comporte quatre claviers, après restauration un cinquième sera ajouté

L'orgue de la basilique de Saint-Quentin comporte quatre claviers, après restauration un cinquième sera ajouté • © Ville de Saint-Quentin

"Cet orgue ne pouvait plus jouer, c’est un orgue qui n’est pas très ancien mais il est en très mauvais état avec une composition un peu archaïque notamment au niveau de la transmission des notes", explique Bernard Delaire, conseiller municipal délégué au patrimoine culturel et historique de Saint-Quentin. "C’est un instrument qui a une esthétique sonore qui ne correspond plus aux attentes d’aujourd’hui. Il y avait des lacunes mécaniques et sonores notamment par rapport à la diffusion du son dans la basilique", confirme le facteur d'orgue Quentin Requier.

Lui redonner toute sa grandeur esthétique

Une restauration exceptionnelle pour cet orgue construit en 1967 par les facteurs d'orgues Haerpfer et Erman. Il comporte au total 6430 tuyaux et 75 jeux. Avant lui, plusieurs instruments se sont succédés au cours des siècles. Le premier orgue datant du XIIIe a été remplacé en 1546. En 1669, un immense incendie ravage les combles de la basilique. L'orgue ainsi que la flèche, le beffroi, les cloches et le sommet de la tour sont détruits. C'est Louis XIV qui favorisera la reconstruction de l'édifice. Il offrira notamment un magnifique orgue dessiné par Jean Bérain et terminé en 1703. Le buffet actuel date de cette époque. 

Le buffet d'orgue de la basilique de Saint-Quentin offert par Louis XIV

Le buffet d'orgue de la basilique de Saint-Quentin offert par Louis XIV • © Ville de Saint-Quentin

Après la Première Guerre mondiale, l'instrument sera une nouvelle fois complètement détruit. Le buffet quant à lui sera restauré et accueillera l'orgue actuel en 1967. "Pour remplacer celui qui a été détruit durant la Première Guerre mondiale, cet orgue a dû être installé dans le buffet qui n’était pas prévu pour cet orgue-là. De ce fait, la conception de l’époque n’a pas donné les résultats escomptés. C’est pour cela que nous allons rectifier tout ça"indique Bernard Delaire.

Pour redonner à cet orgue toute sa grandeur esthétique et sonore, le budget s'élève à un million d'euros en partie financé par la ville, la région Hauts-de-France et le ministère de la Culture. Un leg d'un particulier s'élève à plus de 120 000 euros. 60 000 euros ont aussi été récoltés par 
la Fondation du Patrimoine auprès de particuliers.