Hortense Mancini,
duchesse de Mazarin, comtesse de Rozoy sur Serre, duchesse de La Meilleraye


Le Cardinal Mazarin , marquis d'Ancre, par la grâce de Richelieu, Louis XIII et Anne d'Autriche devint rapidement la première fortune de France .
Il fut ainsi trés généreaux avec sa nièce Hortense et tous ses proches . Hortense, certainement, jolie et fine comme une belle italienne, fut ainsi promue au plus haut de la noblesse du temps . Mariée comme il seyait alors "par convenance", elle eut 4 enfants en 5 années, puis plaqua son époux. Son parcours extraordinaire entre les cours , montre que les grands et riches nobles avaient tous des domaines , comtés ou duchés, dans les zones proches du Vermandois.
C'était l'assurance de bonnes rentes régulières .

Née à Rome le 6 juin 1646 et décédée à Chelsea le 2 juillet 1699.

Hortense est la fille du baron romain Michele Mancini et de Girolama Mazzarini elle-même sœur du Cardinal Mazarin. Elle arrive à Paris à l’âge de 6 ans et est élevée par son oncle Mazarin, qui avait pour elle une tendresse de père . Sa sœur aînée Laure épousera en 1651 le duc Louis de Bourbon-Vendôme , son autre sœur Olympe deviendra comtesse de Soissons. Sa sœur Marie Mancini, premier grand amour de Louis XIV , deviendra par mariage princesse Colonna.

Le roi d’Angleterre Charles II Stuart et le duc de Savoie la demandèrent en mariage, mais le Cardinal Mazarin ne crut pas pouvoir accepter l’honneur que lui faisaient deux souverains de rechercher son alliance. Son oncle la maria, le 1 er mars 1661 à Armand-Charles de La Porte de La Meilleraye, sous la condition que celui-ci prendrait le nom et les armes de Mazarin. Armand-Charles est né en 1632, fils de Charles de La Porte ( 1602- 1664) et de Marie Coiffié de Reuzé d’Effiat. Jamais union ne fut plus mal assortie: Hortense jeune, vive et légère, aimait le monde où elle se voyait sans cesse entourée d’une foule d’adorateurs ; le duc de La Meilleraye au contraire, avare et jaloux, exagéré dans sa dévotion, fuyait la société et obligeait une femme pourvue d’une dot de 30 millions à renoncer au séjour de Paris , et à le suivre de ville en ville dans ses différents gouvernements. Elle résidera ainsi avec lui au Grand logis de Mayenne. Hortense prit enfin la résolution de s’affranchir de ce qu’elle appelait << un esclavage odieux >> , et elle l’exécuta par le secours de son frère Philippe, duc de Nevers, qui lui procura des chevaux et une escorte pour se rendre à Rome , où elle comptait se réfugier auprès de sa sœur Marie, la princesse Colonna. Son évasion eut lieu dans la nuit du 13 juin 1668. Son mari Armand-Charles , qui plaidait alors contre sa femme, rendit plainte au Parlement contre le duc de Nevers, pour avoir favoriser le départ d’Hortense et obtînt un arrêt par lequel il était autorisé à la faire arrêter partout où on la trouverait. Cependant, Hortense, ennuyée des tracasseries qu’elle avait à essuyer de la part de sa famille, écrivit à son époux pour le prier de lui pardonner son étourderie et de la recevoir, promettant de ne se conduire à l’avenir que d’après ses conseils, mais il lui fit répondre que << quand elle aurait demeuré 2 ans dans un couvent, il verrait ce qu’il aurait à faire >>.

L’argent qu’elle possédait épuisé, il ne lui restait que ses pierreries qu’elle engagea pour une somme très inférieure à leur valeur ; et elle repassa en France afin de solliciter une pension sur les grands biens qu’elle avait apportés à son époux. Le roi Louis XIV, qui s’était déclaré son protecteur, et agacé du comportement du duc qui, pris d’un accès de bigoterie avait mutilé des œuvres d’art de la précieuse collection de Mazarin, fut touché de sa situation et lui fit obtenir une pension annuelle de 24 000 livres et 12 000 livres argent comptant pour s’en retourner à Rome, ce que son mari était loin d’approuver.Elle s’enfuit de cette ville peu de temps après avec sa sœur, la princesse Colonna. En quittant celle-ci, elle se retira à Chambéry, où elle séjourna 3 années dans la société des personnes les plus distinguées par leur esprit et par leur naissance. Après la mort du duc Charles-Emmanuel II de Savoie , en 1675, qui s’était aussi déclaré son protecteur, craignant de n’avoir pas également à se louer de la Régente Marie-Jeanne-Baptiste de Savoie-Nemours, Hortense passa en Angleterre, suivie de l’abbé de Saint-Réal , qui lui était très attaché. Charles II l’accueillit avec bienveillance et lui assigna sur sa cassette une pension de 4000 livres sterling. Elle aurait probablement remplacé la duchesse de Portsmouth dans le cœur du monarque si elle ne se fut pas montrée sensible aux soins que lui rendait le prince de Monaco. Le roi , irrité de la préférence qu’elle semblait accorder à son rival, supprima la pension qu’il lui faisait, mais la rétablit quelques jours après, honteux de s’être abandonné à un mouvement de jalousie qui n’avait aucun motif réel.

Néanmoins, cet incident, ainsi que la liaison d’Hortense avec Anne Palmer Fitzroy , fille légitimée du roi et de Barbara Villiers , sonna la fin de sa liaison avec le roi. La maison d’Hortense devint bientôt le rendez-vous des hommes les plus aimables et les plus spirituels de Londres. Elle parut s’occuper elle-même de littérature avec beaucoup d’ardeur , mais au goût innocent des lettres succéda celui du jeu de la bassette : elle y passait les nuits, perdant des sommes considérables. Cependant, obsédée comme elle l’était d’une foule d’adorateurs , elle se décida enfin à faire un choix ; elle jeta les yeux sur le baron de Banier , gentilhomme suédois d’un mérite rare : la préférence qu’elle lui marquait excita la jalousie du prince Philippe de Savoie-Carignan , son neveu. Celui-ci provoqua Banier en duel et le tua d’un coup d’épée en 1683. Hortense, affectée vivement par cette mort, fit tapisser sa chambre de noir et y resta enfermée plusieurs jours, sans vouloir prendre aucune nourriture. Saint-Evremond, le meilleur de ses amis, lui remontra combien elle se nuisait elle-même en affichant une douleur si excessive. Elle repondit qu’elle était décidée à passer en Espagne, et à finir ses jours dans le couvent où languissait sa sœur Marie , mais il n’eut pas de peine à lui prouver qu’elle ne pourrait jamais s’accoutumer à la vie régulière et tranquille d’une religieuse. Hortense reprit le goût des plaisirs et rouvrit sa porte à la plus brillante société de Londres. La révolution d’Angleterre , qui appela au trône Guillaume de Nassau, la priva de la pension qu’elle recevait, son unique ressource. Le duc de Mazarin profita de cette circonstance pour lui intenter un nouveau procès et il obtînt, en 1689, un arrêt du Grand Conseil qui la déclarait déchue de tous ses droits dans le cas où elle refuserait de revenir avec lui.

Hortense représenta qu’elle avait contracté des dettes et qu’elle ne pouvait pas sortir d’Angleterre sans avoir payé ses créanciers. Tout ce qu’elle dit, tout ce qu’elle tenta fut inutile : elle vit ses meubles saisis et elle se trouvait exposée au plus grand dénuement lorsque le roi Guillaume, informé de sa situation lui assura une pension de 2 000 livres sterling. Elle revint alors à ses habitudes, passant l’hiver à Londres et la belle saison à Chelsea , village sur les bords de la Tamise , où elle goûtait les plaisirs de la campagne. Elle y tomba malade au mois de juin et y mourut le 2 juillet 1699, âgée de 53 ans. A sa mort , les habitants de Mayenne firent célébrer un service pour l’âme de leur duchesse, et envoyèrent au duc et à son fils une lettre de condoléances. Hortense est inhumée dans l’église Saint-Laurent de Rozoy-Sur-Serre. Quant à son époux , il décèdera 14 ans plus tard, à La Meilleraye, le 9 novembre 1713 , âgé de 81 ans. Ils sont les arrières grands-parents des 5 sœurs de Mailly-Nesle dont 4 d’entre elles furent successivement les favorites de Louis XV. Ils sont aussi les ancêtres de l’actuel Prince de Monaco .

Le couple aura 4 enfants dont :

- Marie-Charlotte de La Porte de La Meilleraye. Née à Paris le 28 mars 1662 et décédée à Dieppe le 13 mai 1729. Elle épouse en décembre 1682, Louis-Armand de Vignerot du Plessis , Marquis de Richelieu, né le 9 novembre 1654 et décédé le 22 octobre 1730. Dont postérité.

- Marie-Anne de La Porte de La Meilleraye

( 1663- 1720) . Abbesse du Lys

- Marie-Olympe de La Porte de La Meilleraye. Née en 1665 et décédée le 24 janvier 1754. Elle épouse le 30 septembre 1681, Louis-Christophe de Bellefonds , né en 1657 et décédé à la bataille de Steinkerke le 3 août 1692.

- Paul-Jules de La Porte de La Meilleraye, duc de La Meilleraye et de Mazarin. Né le 25 janvier 1666 et décédé à Paris le 17 septembre 1731. Il épouse le 18 décembre 1685, Charlotte-Félicité de Durfort de Duras ( décédée le 27 décembre 1730). Dont postérité et notamment Armande-Félicie de La Porte Mazarin, née le 3 septembre 1691 et décédée a Versailles le 14 octobre 1729. Elle épouse le 2 avril 1709, Louis III de Mailly-Nesle , Marquis de Nesle et de Mailly ( 1689- 1767). Ils sont les parents des 5 sœurs de Mailly-Nesle ( Louise-Julie, Pauline-Félicité , Diane-Adelaide, Hortense-Félicité et Marie-Anne).

Son époux Armand-Charles de La Porte , duc de La Meilleraye et de Mazarin ( 1632- 1713) également duc de Mayenne, prince de Château-Porcien , comte de La Fére et de Marle.

Portrait de Jean Petitot

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