Enguerrand IV et son épouse


Les Établissements de saint Louis et d’autres monuments rapportés dans Ducange nous apprennent que les vaincus étaient quelquefois pendus, quelquefois décapités ou mutilés ; c’étaient les lois de l’honneur, et ces lois étaient munies du sceau d’un saint roi, qui passe pour avoir voulu abolir cet usage barbare, l’affaire du sire de Coucy semblant avoir exercé à cet égard une influence prépondérante sur les résolutions de ce monarque.

En 1256 en effet, Enguerrand IV, sire de Coucy, avait fait pendre, sans autre forme de procès, trois écoliers d’extraction noble, qui avaient chassé sur ses terres. Ce crime atroce fut déféré à la justice du roi, Coucy fut arrêté, conduit à la tour du Louvre, et traduit devant la cour du monarque. L’orgueilleux baron fit déclarer par son conseil « que il ne devait pas et ne voulait soumettre soi à une enqueste en tel cas, comme tele enqueste touchast sa personne s’enneur [son honneur] et son héritage, et qu’il estait prest à défendre soi par bataille. » Louis IX repoussa nettement cette requête et répondit « qu’au fait des pauvres, des églises et des personnes dont il faut avoir pitié, on ne doit pas aller avant par gage de bataille : bataille n’est pas voie de droit. »

Puis, comme les parents et les amis d’Enguerrand, craignant que celui-ci ne fût condamné à mort, insistaient pour que la bataille fut octroyée, saint Louis dit au duc de Bretagne qui se montrait un des plus ardents défenseurs de l’accusé et blâmait le roi d’avilir la dignité de ses barons en les soumettant à des enquêtes : « Quant les barons qui de vous tenaient tout un à un sans aultre moïen, aportèrent devant nos leur compleinte de vos méesmes, et ils offraient à prouver leur entencion en certain cas par bataille contre vos ; ainçois respondites devant nos que vos ne deviez pas aler avant par bataille, mais par enqueste en tête besogne ; et disiez encore que bataille n’est pas voie de droit. » (Vie de saint Louis, par le confesseur de la reine Marguerite)

Louis IX tint bon et justifia, dans cette circonstance, ce que Joinville dit de lui, qu’il faisait justice bonne et roide. Les juges durent, contre leur gré peut-être, rendre une sentence qui condamna le sire Enguerrand à 12 000 livres d’amende, à la privation de son droit de justice et de chasse, et à de nombreuses expiations. C’était porter une rude atteinte aux privilèges des barons et à leur indépendance personnelle : « Si j’étais roi, dit alors le châtelain de Noyon, Jehan de Thourote, je ferai pendre tous mes barons ; le premier pas est fait, il n’en coûte pas plus. » — « Comment Jehan, lui répondit saint Louis, vous dites que je devrais faire pendre mes barons ; certainement je ne les ferai pas pendre, mais je les châtierai s’ils méfont. » Ces fières paroles suffiraient à elles seules pour montrer quel immense progrès l’autorité royale avait déjà fait à cette époque.

Bataille n’est pas voie de droit. Ce principe, une fois admis, devait avoir pour conséquence nécessaire la réforme judiciaire qui joue un rôle si important dans l’histoire de la civilisation et de la législation. Quatre ans après le procès du sire de Coucy, parut en 1260 une ordonnance royale, dont la principale disposition était celle-ci : « Nous défendons bataille par tout nostre domaine, et au lieu de batailles, nous mettons preuves par témoins et chartres. »


Jeanne de Flandres son épouse


En l'église Saint Martin de Laon se trouve

Jeanne de Flandre, femme d'Enguerrand IV de Coucy, abbesse de l'abbaye du Sauvoir sous Laon, gisant en marbre blanc. Tombeau médiéval..

Elle porte le vêtement religieux des bénédictines de l'ordre de Citeaux.

Jeanne de Flandre femme d'Enguerrand IV de Coucy abbesse de l'abbaye du Sauvoir-sous-Laon morte en 1334. Elle entra en religion après le décès de son mari en 1311.

Ses mains jointes sont d'une beauté, d' une grâce qui attire l'oeil immédiatement, une paix règne là.. à admirer...

Près d'elle Un autre gisant, daté du 13ème siècle, lui, est en pierre bleue de Tournai et représente un chevalier portant le costume militaire du début du XIII ème siècle.

Le guerrier est entièrement couvert d’une cotte de maille avec une jacquette par-dessus. Il porte un écu et une épée.

La tradition populaire veut qu’il s’agisse du Seigneur de Coucy, huguenot, dont le corps aurait été déposé dans une tombe creusée à l’entrée du grand portail.

Par la suite, on aurait allongé l’église d’une arcade pour abriter la tombe. En réalité, il s’agit vraisemblablement d’un chevalier de la maison de Montchâlons, bienfaitrice de l’abbaye, ou de Châtillon et dont les armoiries sont peut être celles figurant sur l’écu.


NB . La Maison de Montchâlons est une des lignées de la famille toujours régnante des Orange-Nassau .


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