Cher Monsieur Trémolières, chers adhérents de l'ARDOCC,

En défendant le patrimoine historique français et européen, l’œuvre que vous accomplissez est essentielle parce qu'elle participe à la fois du nécessaire travail de mémoire et de la beauté de nos territoires.

Comme vous le savez, le général de Gaulle et son ministre André Malraux accordaient une place particulière à la culture dans nos sociétés sécularisées. On peut citer à titre d'exemple les lois Malraux de 1962, qui poursuivent l’œuvre engagée dès la fin du XVIIIe siècle par l'abbé Grégoire.

Avec plus de 43000 édifices classés ou inscrits monuments historiques, la France détient un ensemble exceptionnel de bâtiments à valeur artistique et historique. Il est impératif de sauvegarder et de valoriser ce patrimoine constitutif de l’identité de notre pays et de jouer pleinement cet ajout majeur pour notre prestige et notre économie.

Le tourisme patrimonial est une des bases essentielles de notre attractivité touristique, secteur qui pèse au total 7,4% du PIB, avec 83,8 millions de visiteurs étrangers. Dans certaines zones enclavées, le patrimoine est devenu la principale ressource économique, le développement touristique des villes et villages traversés par le chemin de Saint Jacques de Compostelle du Puy en Velay aux Pyrénées en est une bonne illustration.

Aujourd’hui, alors que L’État peine à entretenir ce patrimoine considérable (plus de 20% des monuments classés monuments historiques sont en péril), nombre d’initiatives se font jour à l’échelle locale pour réhabiliter et redonner une seconde vie à nos monuments, nos musées, nos châteaux. Il faut à la fois renforcer et garantir tant sur la durée que sur les montants alloués les moyens d’intervention de l’État pour créer un cercle vertueux. De nombreuses études mettent en évidence aujourd’hui l’effet levier de l’État par l'abondement des collectivités territoriales et des propriétaires qu’ils soient publics ou privés. Une ambitieuse politique du patrimoine ne coûte finalement que quelques dizaines de millions d’euros au budget de l’État (et non les quelques centaines de millions d’euros affichés) grâce aux effets induits: TVA reversée, charges sociales payées, emplois directs et indirects non délocalisables créés..., sans oublier le maintien des savoir-faire et la transmission d’expertises uniques. 


Comme vous le soulignez, l'entretien et la revalorisation de notre patrimoine doit œuvrer à la paix et à la réconciliation entre les peuples, longtemps défendues par l'admirable Otto de Habsbourg. L'Allemagne est aujourd'hui notre principal partenaire commercial et un allié essentiel. D'une manière générale, la restauration du patrimoine national et européen donnerait du sens à la construction européenne. Plutôt que des compromissions politique qui ne servent que la technocratie, je pense que la défense de beau projets culturels est plus que jamais utile à notre continent.

L'équilibre européen doit à mon sens être balancé entre la nécessité impérieuse de construire des projets communs pour l'avenir, et le non moins nécessaire respect des traditions et des appartenances nationales. Elles sont, aujourd'hui plus que jamais, un repère et une espérance dans une mondialisation qui bouleverse nos rapports sociaux et nos visions du monde. L'Europe mérite mieux que d'être une simple place d'échange anglophone.

Je vous prie d'agréer, cher Monsieur Trémolières, chers adhérents de l'ARDOCC, l'expression de mes salutations sincères.

Fidèlement,

Nicolas Dupont-Aignan
Député de l'Essonne
Président de Debout la France