Hommage à Descamps Henri-Clotaire Né le 20 avril 1906 à Fromelles (Nord) exécuté le 5 décembre 1942 dans la forteresse de Brandenburg-sur-la-Havel district de Potsdam (Allemagne) ; capitaine de gendarmerie ; résistant du réseau "Vérité française" de Soissons et de l’ORA-AS .
Henri-Clotaire Descamps appartenait à une famille de la Flandre intérieure française. Son père Anaclet Descamps petit propriétaire de cinq hectares avait dû vendre ses terres en 1910 et travailler comme jardinier-cocher chez de gros propriétaires terriens d’Eparcy, les Dubuquoy. Sa mère Léontine travaillait à la ferme. Pendant la Première guerre mondiale, dans cette région particulièrement touchée par les combats, Henri-Clotaire Descamps souffrit des réquisitions, de la faim, sa soeur mourut d’anémie. Devenu interne à l’Institution Saint-Charles de Chauny, il envisageait une vocation sacerdotale, mais celui-ci fut brisée par la mort de sa mère en 1921. Il travailla comme secrétaire comptable dans une usine de Fournes-en-Weppes. En 1926, son service militaire dans le 171e régiment d’infanterie de Soissons le conduisit à Gemersheim (Palatinat), en Allemagne, pays où il retourna en 1929 quand il s’engagea dans le 8e RI stationné à Kastel dans les faubourgs de Mayence. En mars 1929, il épousa Marguerite Bieux, leur premier fils Pierre naquit en décembre, en 1939, il était père de trois garçons. Admis à l’ École militaire de Saint-Maixent (Deux-Sèvres) en 1931, il fut nommé à Bitche (Moselle) en tant que sous-lieutenant du 32e RI. Il intégra la gendarmerie comme garde républicain à Le Quesnoy (Nord) puis à Valenciennes. Influencé par l’Action française, il était de ceux que « la philosophie de Maurras ne laissait pas indifférents » écrivit son fils Pierre. Devenu capitaine,il fit la campagne de 1940 au groupe de reconnaissance de la 2e division d’infanterie. Le 14 août 1940, Henri-Clotaire Descamps fut affecté au poste de commandement de la section de gendarmerie de Soissons (Aisne). Refusant l’humiliation de l’armistice comme l’officier Jean Vérines à Paris, il s’engagea personnellement à l’insu de sa hiérarchie. Henri-Clotaire Descamps participa à la Résistance au sein du groupe Vérité française créé par le colonel en retraite,Maurice Dutheil de la Rochère, monarchiste et patriote intransigeant et qui agissait dans la mouvance de ce qu’on dénomma après guerre le réseau du Musée de l’Homme. En septembre 1940, le groupe de Soissons comptait une quinzaine de résistants .Il recueillit des armes abandonnées par les soldats français lors de la débâcle et les dissimula chez des paysans complices, aida des prisonniers de guerre évadés à rejoindre la zone libre. Chef de mission P2, il participa à la diffusion de la presse, aux sabotages de lignes téléphoniques et à la recherche de terrain pour les parachutages. Un agent double, Jacques Desoubrie, fut introduit par les Allemands (fusillé en 1949 au fort de Montrouge). Il réussit à faire tomber La Rochère puis les groupes de Vérité française implantés à Paris, Versailles et Soissons entre juillet et novembre 1941. Henri-Clotaire Descamps fut arrêté à son domicile, la gendarmerie de la rue des Francs-Boisiers, pour « aide à l’ennemi et espionnage » par la Feldgendarmerie de Soissons le 25 novembre 1941 dans le cadre d’un vaste coup de filet de 130 interpellations dont celles de plusieurs autres Soissonnais comme Daniel Douay (entrepreneur de transport), Émile Louys (fonctionnaire des contributions indirectes) et Jean Vogel (commerçant fourreur). Après avoir été blessé par balles dans sa tentative de fuite, il fut interné à la caserne Charpentier de Soissons,où il ne lâcha aucun nom sous la torture ; ses écrits furent confisqués. Prisonnier cinq mois à Fresnes, il demeurait dans le quartier des otages à Noël 1941. À l’issue du procès collectif des 32 membres du réseau devant le tribunal militaire du Gross Paris, rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.),qui se tint du 15 au 30 mai 1942, Descamps a été condamné à mort le 30 mai 1942. Ses compagnons de résistance Émile Louys, Jean De Launoy, Daniel Douay et Jean Vogel ont été fusillés au Mont-Valérien, le 27 octobre 1942. Pierre-Charles Sérignan, chef d’escadron responsable de la Section gendarmerie française dans les territoires occupés, soutenu par l’avocat alsacien Joseph Haennig intervint en sa faveur auprès de Karl-Heinrich von Stulpnagel, chef de la Wehrmacht à Paris. La peine de Descamps fut commuée en 20 ans d’emprisonnement en forteresse en Allemagne. Le 14 septembre 1942 dans le même convoi que Maurice Moreau, André Meurque et le père Guilhaire, il fut transféré à la prison de Karlsruhe puis au bagne de Rheinbach, ensuite dans celui de Sonneberg en Thuringe. Le 5 décembre 1942, dans la prison de Brandenburg-Gorden,22 Winterfeldallee, district de Potsdam, Henri-Clotaire Descamps a été guillotiné à 5 heures 21 minutes, avec ses trois compagnons. Il a été promu à titre posthume au rang de chef d’escadron en août 1946. Son nom a été donné à la promotion 1964-1965 des officiers-élèves de l’École des officiers de la gendarmerie, à la caserne de Valenciennes et à la gendarmerie et une rue de Soissons.Il est également inscrit sur le monument aux morts de Soissons et à Natzwiller (Bas-Rhin) dans la Nécropole nationale du Struthof où il a été réinhumé dans le carré F. Henri-Clotaire a été décoré de la Légion d’honneur, de la Croix de guerre et de la Médaille de la Résistance. Son fils Henri fit publié Fragments des oeuvres d’Henri-Clotaire Descamps ayant échappé aux pillages de la Gestapo, Foyer culturel de l’Houtland. |