Et si l'Allemagne avait gagné la première guerre mondiale ...? Traduction en cours... Photos de l'armée impériale. L'examen de cette hypothèse s'avère plus pertinente que la question de s'interroger sur ce que le monde serait devenu aujourd'hui si le résultat de la guerre avait été inverse. De nombreux historiens s'accordent pour dire que les deux guerres mondiales ne constituent qu'un seul conflit avec une large période d'armistice. Si cette assertion semble des plus véridiques, c'est que les suites de la première guerre ont été plus déterminantes que ce que l'on veut bien admettre communément encore aujourd'hui. . En première constatation on note que l'issue réelle de la première guerre diffère beaucoup de celle de la seconde guerre après 41. L'entrée des Etats Unis au côté des alliés en 1917 a apporté d'importants moyens en hommes et matériels mais l'Allemagne avait elle, pratiquement en même temps anéanti la Russie, lui ouvrant la porte aux ressources de l'Est européen et libérant des troupes pour le front ouest. L'offensive de 1918 a effectivement rompu la ligne de défense alliée au point qu'aucune levée de réserviste n'eut pu contrer l'action. (Le premier ministre britannique Lloyd George fut entendu déclarer, "We are going to lose this war." il commença même un rapport pour accabler le commandement militaire.) L'offensive britannique de l'été de la même année réalisa toutefois une percée similaire dans les lignes ennemies mais fit un meilleur travail dans l'exploitation de cette avancée que les allemands ne l'avaient fait, peu avant. Luddendorf paniqua et demanda à son gouvernement de rechercher un armistice. L'Allemagne arriva ainsi à contenir l'armée alliée et, dans le même temps, les diplomates allemands commencèrent les négociations avec les Etats Unis. La manie du Président américain Wilson de la diplomatie par communiqués de presse empêcha toute percée bien que la situation de l'Armée allemande n'était plus du tout critique. Alors que les Allemands n'étaient pas militairement vaincus, ni économiquement ruinés, le gouvernement et l'opinion publique n'avaient plus d'espoir de victoire. L'éventualité d'un règlement négocié réduisit toute velléité de poursuivre le combat. L'Allemagne fut battue par épuisement. Ce qui aurait pu aussi bien arriver aux forces alliées. Il n'est que de lire les rapports et carnets journaliers français et anglais sur le front depuis le début de 1918 ; tous témoignent de cette cruelle réalité. Les Américains firent ce constat succinct, quand ils commencèrent à arriver, que tous les hommes au front étaient sales, dénutris et surtout à moitié éveillés ! Outre l'effet dévastateur de cette fatigue, les terribles combats de tranchées asséchèrent l'effectif disponible pour assurer des relèves; la spirale devenait infernale. Même avec l'aide américaine, la France et l'Angleterre n'étaient plus en mesure d'empêcher le tissu économique de s'effilocher, voire de tomber par pans entiers, sans compter que la famine guettait des deux côtés de la Manche, par suite des torpillages. Si les Allemands avaient été capables d'exploiter la percée du Printemps, ou bien si l'Empire Germanique était resté debout le temps suffisant pour laisser Ludendorff reprendre l'offensive, les rôles auraient été inversés et France et Angleterre auraient demandé la paix. Mais que l'armistice ait été réclamé par l'un plutôt que par l'autre, il s'en serait suivi le même processus d'effondrement politique qui affecta l'Allemagne mais qui aurait pu aussi bien atteindre l'autre voire les deux belligérants. Une des raisons reconnues de la décision de guerre allemande fut la volonté de dépasser la dimension continentale pour accéder au rang de puissance mondiale. Pour autant, le gouvernement allemand n'avait aucune idée de ses intentions en cas de victoire. Très vraisemblablement, il aurait annexé la Belgique et la partie nord de la France, riche en industries, malgré une population hostile, et cela n'aurait pas tellement indigné la plus grande partie des populations des Usa et Grande Bretagne. Il est tout aussi raisonnable de penser que les Allemands se seraient contenter d'une démilitarisation des zones concernées. Les Britanniques se seraient contenter de quelques territoires africains et de l'accès maritime des mers du nord. L'Europe de l'Est auraient vraisemblablement été confiée à des monarchies inféodées ou amies plutôt qu'annexée. Par extrapolation, je considère que les Empires autrichiens et Ottoman se seraient effondrés tout aussi bien si l'Allemagne avait triomphé. La Hongrie qui était déjà pratiquement indépendante avant la guerre aurait sûrement tiré parti du chaos consécutif à la chute de la Russie ce que le Traité de Vienne va restreindre. L'Empire Ottoman avait été secoué par l'invasion britannique et par les révoltes populaires et le retour en arrière ne pouvait guère trouver l'assentiment du peuple turc. L'agitation communiste fut un facteur très important de la dissolution du pouvoir germanique comme elle fut aussi déterminante dans l'abaissement de la France et de l'Angleterre. Les Soviets à Glasgow et le Nord de l'Angleterre comme une nouvelle commune à Paris étaient tout à fait concevables . New York même aurait pu suivre le mouvement sous la pression du flot d'émigrés majoritairement radicaux et hostiles à la Grande Bretagne. On peut tout au plus être rassuré par la pensée que le soulèvement rouge à l'Ouest aurait été que de courte durée. En effet, ceux des Soviets qui s'établirent en Allemagne et Pays de l'Est ne survécurent pas à la déconfiture des administrations centrales de ces pays. Dans l' écrasement de ces soulèvements, La France aurait parfaitement pu basculer dans une dictature militaire, pas forcément différente de celle de Franco en Espagne et La Grande Bretagne devenir une République. Quoi qu'il en soit, ces pays seraient très probablement restés d'essence démocratique et de capitalisme libéral. Les Etats Unis , on peut le supposer, auraient adopté, après le retrait de leur force expéditionnaire, l'attitude qui sera la leur vis à vis de l'Union Soviétique après la seconde guerre mondiale. Les Anglais, menacés sur leurs liens continentaux, auraient compensé ce risque par le renforcement de leur traditionnelle alliance atlantique. . Quant à l'Union Soviétique, peu probable aussi que l'Allemagne n'ait voulu mettre fin à ce régime qui avait si bien servi ses propres intérêts. Un simple retour sur le trône d'un
survivant de la famille Romanov aurait fait l'affaire. Même sans un
Romanov, la noblesse allemande n'eut pas manquée de trouver en son sein un
gouverneur improvisé. Reste alors une seule question sujet à débat : Que serait-il advenu de l'Allemagne elle-même ? Déjà avant le confit, la constitution allemande allait de mal en pis. Les Chanceliers du Reich n'étaient pas responsables devant le Parlement mais devant le seul Kaiser. Le système ne pouvait fonctionner que si le Kaiser était lui-même un dirigeant compétent et si il avait assez de compétence pour nommer un chancelier ayant ces qualités. Tout le règne de Wilhelm II montre que ces deux pré requis ne furent jamais remplis. Durant les vingt années qui ont précédé la guerre, la politique nationale fut dictée progressivement par l'armée et la bureaucratie. Cette situation ne pouvait certainement pas se métamorphoser après une guerre victorieuse. Deux choses seraient arrivées qui se sont d'ailleurs effectivement réalisées; : la monarchie aurait perdu son prestige par rapport aux militaires et la politique électorale serait tombée sous la coupe des partis populistes nationalistes . A cela, rien d'étonnant car une victoire est pas moins une rupture d'avec le passé qu'une défaite. Après la victoire , l'Angleterre des années 20 n'a-t-elle pas connu des crises politiques nombreuses à la frange d'une révolution ?. Avec la fin de la Guerre froide, les Etats Unis traversent une des périodes les plus difficiles de leur histoire. Même s'il eut été quasiment impossible que le Kaiser soit détrôné, des tensions politiques et constitutionnelles auraient sensiblement modifié les relations entre les organes de gouvernement. Il eut été de l'intérêt des militaires de promouvoir plus de démocratie au sein du gouvernement puisque le peuple était déjà très proche de son armée. La vieille aristocratie aurait vu son rôle fatalement décliné devant l'arrivée de toute une génération de gens de basse origine mais parée de titres héroïques.. Ici aussi, la logique des faits rejoint l'histoire. Que l'Allemagne eût gagné et les alliés perdus, n'eut guère changée l'évolution fondamentale des choses même si l'histoire eut été différente ! Les évolutions de l'Allemagne des années 20 furent critiquées de manière très sévère dans le Traité de Versailles. Pourtant, ces protestations furent d'un effet limité. L'embargo diplomatique de l'Allemagne fut effacé dès le Pacte de Locarno en 1925. L'inflation, qui fut sciemment organisée par le gouvernement de Weimar pour contrer les tentatives françaises d'obtenir des réparations prit fin vers 1923. Ces réparations ponctionnèrent sensiblement le budget allemand, mais ce fut surtout son caractère humiliatoire qui eut de l'impact car son refinancement par des émissions internationales s'opéra sans grand problème jusqu'à l'effondrement des finances mondiales au début des années trente. . Même le développement des armes nouvelles continua au travers de projets secrets avec l'Union Soviétique. Prétendre aussi que la défaite fut la cause de l'émergence des thèses folles de la culture allemande n'est pas objectif. Ces années 20, ne furent elles pas aussi celles d'une génération perdue aux Etats Unis comme en Angleterre avec son mouvement des " Bright Young Things " ?. Un lecteur ignorant de l'histoire du 20è siècle à qui il aurait été donné de lire la littérature de cette époque aurait conclu que les auteurs appartenaient tous à des pays vaincus. La perversion de la culture des années 20 fut commune à toutes les nations de l'occident. La
culture de Weimar serait apparue aussi bien sans la république du même nom.
. Cette certitude vient aussi du constat que tous les thèmes nouveaux
de cette période : l'art, les thèses révolutionnaires, la libération
sexuelle, avaient déjà commencé avant le conflit. . Tel est l'argument
central de l'ouvrage remarquable de Mordis Ekstein, universitaire canadien
sous le titre de RITES OF SPRING. Quand bien même le Kaiser aurait affiché
un bulletin de victoire à la place d'un avis d'abdication, il y aurait eu le
mouvement Bauhaus en architecture, le cinéma surréaliste et des romans couleur
du désespoir. Aurait aussi paru le « Déclin de l'Occident »
d'Oswald Spengler en 1918 puisque l'ouvrage avait été commencé plusieurs
années avant 1914. L'intention de l'ouvrage fut d'ailleurs de donner
une explication et une signification à une victoire éventuelle de
l'Allemagne. Ces faits attestent pleinement de l'ampleur de l'évolution culturelle à long terme. Elle prend sa source logiquement auprès de Nietzsche, Wagner et Freud. Une issue différente de la première Guerre Mondiale eut sans doute conduit la droite politicienne a plus de résistance face aux tendances modernistes, ceci pour la simple raison que la gauche ne fut jamais aussi proche des artistes que quand elle était affaiblie au plan politique . J'irai jusqu'à penser qu'un mouvement
très semblable au parti Nazi aurait très certainement vu le jour et pris le
pouvoir en Allemagne après une victoire. Cette opinion va à l'encontre
de toute l'historiobiographie de ce siècle et pourtant cette pensée est
inévitable. . La politique n'est qu'un élément de la culture et les
Nazis ne sont que l'expression partielle d'un idéal politique inhérent à la
culture de Weimar. Salvador Dali a dit, avec ironie, qu'il approuvait
le parti Nazi car il était l'aboutissement du surréalisme arrivé au pouvoir.
Cette relation est profonde tant par les affinités du Nazisme avec le
modernisme post rationaliste et le philosophe Heidigger, que superficielle en
ce qui concerne les canons de l'art que le parti Nazi voulut promouvoir. Les assemblées de Nuremberg sont un bel exemple de mise en scène de style art Déco et l'apothéose est atteinte par la "Cathédrale de Glace" d'Albert Speer avec ses effets de lumière. . Dans sa jeunesse, Hitler manqua l'occasion de faire carrière comme dessinateur de théâtre parce, trop timide, il avait pas osé aller se présenter. Pourtant consciemment ou non, tel est bien ce qu'il aspirait à devenir et qu'il est devenu. Une grande majorité de gens ordinaires, sans aucun penchant fasciste, apprécie les films produits à cette époque, simplement parce que c'est du bon cinéma , dans la lignée culturelle de METROPOLIS et l'ANGE BLEU. La République de Weimar et le troisième Reich constituent bien un ensemble historique peu influencé finalement par le résultat de la guerre de 14-18. Le Parti Nazi n'est pas réductible à un petit groupe de populistes de droite aimant les uniformes clinquants. Il s'agissait d'un mouvement millénariste. L'appellation " Troisième Reich," "Drittes Reich," en est l'expression même. Le coeur du Parti naquit comme une loge de société secrète et il faut rappeler que c'est la Société Thule de Munich qui apporta les premiers cadres au mouvement. Elle s'appuyait sur une théorie raciste de l'histoire assez proche de celle du théosphiste, H.P. Blavatsky, dont le mouvement utilisait aussi la croix gammée. L'ouvrage assez peu lu qui fondait son idéologie : Le Mythe du 20ème Siècle d'Alfred Rosenberg place les débuts de l'histoire à Atlantis. Comme les théosophistes, il annonce l'arrivée prochaine d'une nouvelle "race d'homme", peut être même avec l'intervention de la science. Quand Hitler parle de la Race des Seigneurs, on ne peut jamais vraiment savoir s'il parle de contemporains. Il ne faut pas en déduire que la Parti Nazi rassemblait des conspirateurs manipulés par des magiciens du diable. . Un examen objectif de cette influence embarrassante se trouve dans l'ouvrage de James WEBB; l' occulte établissement Deux remarques simples sont à faire . En premier lieu que le "Guide" est un concept qui concilie le faire et le dire . L'autre est que ces idées n'étaient pas singulières en Allemagne, mais au contraire très répandues parmi les élites de ce pays. Le général Von Moltke, chef d'état major au début de la guerre faisait partie de l'école de pensée anthroposophiste. ( Ce groupuscule s'attira une profonde méfiance de la part des SS lorsqu'il fut dit que le chef du mouvement, Rudolf Steiner, influenca sous hypnose le Général pour lui faire rater l'invasion de la France.) Le Parti Nazi fut toujours immensément populaire dans les Universités. Les intellectuels du début du 20è siècles furent très influencés par les mysticismes de toutes natures y compris en politique. Le commandement Nazi rassembla seulement des personnalités troubles dont la vision du monde avait des ressemblances avec celles de Herman Hesse et C.G. Jung. Tout dirigeant vers les années 30 aurait eu une vision très proche, quelqu'en ait été les circonstances. Suis-je à dire que la défaite allemande
n'a que peu modifiée le cours des choses ? La seule véritable différence eut été que l'Allemagne aurait été plus puissante à la fin des années trente au point qu'elle se serait employée à fomenter un nouveau conflit. Hitler n'était guère motivé par une revanche. Il recherchait une expansion vers l'Europe de l'Est et le centre de l'Asie, et ainsi occuper un "Lebensraum" lui donnant rang de puissance mondiale. Ses idées étaient parfaitement cohérentes et pas très originales, des truismes très peu controversés. Peut-on vraiment penser que les héros de la victoire allemande de 1918 (voire 1919 ou 1920) n'auraient pas poursuivis les mêmes objectifs ? Les dirigeants allemands issus de la victoire eussent réagi à l'identique face à une coalition nouvelle ourdie contre eux. Celle ci eut réuni la Grande Bretagne, les Etats Unis et la Russie d'autant que la Russie et la Grande Bretagne affirmaient traditionnellement une volonté d'indépendance politique. On peut supposer aussi que la poursuite d'une politique coloniale agressive dans les décennies 20 et 30 aurait fini pas faire basculer le Japon dans la coalition ennemie, pour l'occupation de la quatrième place. La guerre aurait commencé sur des bases différentes, avec un contrôle complet de l'Europe continental, du nord de l'Afrique et de l'Asie mineure, également avec une force navale très supérieure qui aurait rendue la position britannique très difficile. Les chances de la coalition dans cette guerre n'eussent pas été désespérées mêmes en étant faibles. On dit souvent de la Première Guerre Mondiale que ce ne fut qu'un accident qui a conduit à un gâchis. Il m'apparaît au contraire que cette guerre qui devait conduire à la fin de toutes les guerres est bien la plus importante de l'ère moderne. Article de (c) John J. Reilly, website. Photos allemandes du Site de la Grande Guerre. |