Saint Just , l'archange déchu ! Saint-Just a commencé par se rendre célèbre dans sa région pour avoir dévalisé sa propre mère en emportant tous ses objets de valeur qu'il a ensuite revendus pour s'amuser avec les filles de la rue Fromenteau. C'est à la suite de ce vol que Saint-Just a été emprisonné près de six mois dans la maison de santé de la dame de Sainte-Colombe. La demande en avait été faite par Mme de Saint-Just elle-même à M. Brunet d'Evry qui, un peu plus tard sous la Terreur, fut emprisonné à la demande de l'ancien mauvais garçon devenu une sorte de roi fantoche décidant les dénonciations et les arrestations. Car plus tard Saint-Just se vengea en mettant Thiroux de Crosne, lieutenant de police, dans une des atroces fournées de la prison du Luxembourg (9 floréal an II) et le chevalier d'Ivry, que la mère de Saint-Just avait chargé de transmettre sa plainte, lui attribuait également son incarcération sous la Terreur. « Ayant toujours aimé la Révolution parce qu'il la croyait nécessaire, et sa conscience ne lui reprochant rien qui puisse le mettre même dans la classe des gens suspects, il ne peut attribuer son arrestation qu'à la haine que lui avait vouée le scélérat SaintJust pour avoir dévoilé aux yeux du lieutenant de police d'alors sa conduite atroce envers sa mère. On a de Saint-Just une lettre adressée par lui à son ami Garot, notaire à Coucy, pour "aider" son autre ami, le citoyen Thuillier, acquéreur de biens nationaux de fort rapport. Pour son compte, il en achète soit à son nom, soit sous un nom d'emprunt. Ainsi, de l'enquête menée après le 9 thermidor dans l'Aisne, il ressort que le «conspirateur » Saint-Just avait acheté du bien dans le district de Noyon sous un nom emprunté " UN TUEUR EN SERIE AU COMITE DE SALUT PUBLIC Saint-just et ses prétendus amis n'étaient occupés que de leurs propres intérêts et de leurs vengeances particulières. Les citoyens Thuillier et Gateau, auxquels s'ajoute encore le député du Cher Sylvain Phalier Lejeune (qui avait des parents à Soissons), furent employés par Saint-Just, à cause notamment, de la connaissance parfaite qu'ils avaient du pays picard et de se habitants firtunés. Avec Pottofeux et autres administrateurs du département de l'Aisne où ils sévissaient avec zèle, ils organisèrent des rafles d'habitants à Laon, Chauny, Crécy, Soissons etc. pour les déporter discrètement sur Paris où ils disparaissaient dans l'une ou l'autre des cinquante prisons que la loi du 22 prairial vidait à grandes fournées de prétendus "conspirateurs" promptement guillotinés sans pouvoir protester ni se défendre. Un système d'espionnage et de délation reposant sur les dénonciations calomnieuses, souvent anonymes ou arrachées par chantage à d'autres suspects apeurés, avait été organisé. L'agent national du district de Chauny était sommé, avec les dehors d'une feinte amitié , de s'y livrer corps et âme, sous peine de mort. "On veut connaître la vérité, toute la vérité: ceux qui la cachent porteront naturellement leur tête à la lunette de l'éternité. » Pour arriver à leurs fins, les délégués et autres prête noms de Saint-Just qui désirait ne pas apparaître directement, avaient mis la région en coupe réglée depuis la loi des suspects (septembre 1793) . Suite aux dénonciations, sous n'importe quel motif, on faisait arrêter et conduire à Paris un grand nombre d'habitants du département, des gens parfois désignés à l'avance par Saint-Just ; toute la population vivait dans la consternation et l'anxiété. Si l'on s'en tient à la liste des personnes transférées à la veille du Thermidor, de Chauny, Blérancourt ou Soissons à Paris, on trouve, parmi les personnes arrêtes, un certain nombre de notables qui avaient le tort d'être propriétaires de terres convoitées ou d'avoir personnellement déplu à saint Just. Parmi eux, Louis Félicité de Lauraguais ci devant duc de Brancas dont la tête n'a tenu qu'à un fil un M. Desfossés que Saint-Just n'aimait pas, et sa compagne Marie Chefer (tous les deux guillotinés, elle enceinte selon l'auteur de l'agonie de Saint-Lazare, an III), le citoyen Tribolet (sauvé de justesse grâce à l'agent Lejeune qui s'en est vanté à dessein pour échapper lui-même à l'échafaud), le père des ci-devant comte de Flavigny et de sa sœur Mme Desvieux, guillotinés tous les deux le 6 thermidor, les sieurs Gellé père de la maitresse de Saint-Just, et Sophie Sterlin son épouse, le sieur Thorin, notaire mari de la maitresse de Saint-Just; Beaumé épicier; Potier de Gesvres ex-marquis de Blérancourt, guillotiné; Randon de Latour, guillotiné; le sieur Brunet d'Evry coupable d'avoir été le complice de Mme de Saint-Just dans l'arrestation de l'intéressé lorsqu'il avait dépouillé sa mère; le sieur Fayard de Sinceny, faiencier; le sieur du Buat; des habitants de Coucy-le-château et des habitants de Soissons en grand nombre... d'autres encore, en tout des centaines de personnes que Saint-Just, devenu un véritable tueur en série, destinait à la boucherie nationale. LE DETOURNEMENT PROJETE DU DOMAINE DE MANICAMP Saint-Just est suffisamment habile pour ne rien acheter de lui-même, et se montre aussi prudent que Chaumette qui, Saint-Just l'a lui-même rappelé dans un de ses rapports conspirationnistes, recommandait à son père d'éviter d'acheter des biens nationaux avec l'argent (30 000 livres) qu'il lui envoyait .Tout passe donc par des prête-noms et souvent, dans le cas de Saint-Just, grâce à l' entourage amical et familial comme Victor Thuillier ou surtout Pierre Germain Gateau qui en 1790 avait d'ailleurs créé à son usage, avec ses amis Tunck et Carra, une société spécialisée dans l'acquisition facile de biens nationaux de rapport, société dont Saint-Just était un précieux apporteur . |