Les Philippi de Bucelli, Barons
d'Estrées.
De la fin du XVIème siècle
au début du XVIIeme et XIXème, Joncourt, Estrées (pour moitié) et l'écart
du Tronquoy constituèrent les seigneuries des Philippi de qui les droits
seigneuriaux s'étendaient au plateau entre les sources de la Somme et celles
de 1'Escault. L'opulence de leur vie, satisfaite des revenus de leurs
terres et fermes, fournit à la royauté officiers et magistrats,à
1'Eglise des ecclésiastiques. Gens paisibles, ouverts aux Lettres et aux Arts,
peu titrés, ils s'allierent souvent à la bourgeoisie avec qui ils se
confondaient parfois.
La baronnie du Tronquoy dépendait
de Thorigny et appartenait l'Abbaye de Longpont qui
l'aliéna, avec d'autres biens à Lesdins et Remaucourt. Les Philippi firent
acquisition en 1587 de la partie d'Estrées à l'est
de la Chaussée Brunehaut dépendant de la paroisse
de Joncourt, évêché de Noyon ; la partie ouest relevant de l'Abbaye du Mont Saint Martin, diocèse
de Cambrai. Le Tronquoy fut acquis en 1608. Originaires de Florence, en
Toscane, les Philippi vinrent sans doute en France dans la suite de
Catherine de Médicis, en 1531 ; une branche se fixa Montpellier, l'autre en
Picardie. En 1646, Pasquier Philippi et son épouse Marthe Hulin
sont au Tronquoy ; leur fils Paul fut capitaine au Régiment de
Lignières dont le fils aîné Paul Quentin fut baptise B Saint-Quentin le 31
juillet 1667, épousa Marie Elisabeth Crommelin et le cadet devint
chanoine de N-D de Paris et prieur commendataire de Saint Bon à Paris. Le
3ème fils de Paul hérita du patrimoine familial et fut
seigneur de Tronquoy, Joncourt, Lehaucourt, baron d'Estrées ; il
acquit une charge B la Cour des Monnaies de Paris en 1735 ; sa fille épousa
Bechet, seigneur de Lehaucourt, guillotiné en 1794 ; son fils Louis Samuel fut
anobli sous l'Empire, Baron de Lehaucourt. Un de ses fils Albert naquit à
Saint-Quentin le 8 juillet 1745,fut Chevalier de la Garde du Roi
en 1761, Lieutenant des Maréchaux de France en 1771, Baron
d'Estrées en 1783 et mourut le 11 août 1809 ; son fère le Chevalier a
laissé d'intéressants souvenirs d'émigration
et fait partie de la Société
Académique de 1831 à 36 ; ami de Quentin de Latour, il signa avec lui en 1782
l'acte de fondation de l'Ecole gratuite de dessin de Saint-Quentin. En
1789 il fit défaut à l'Assemblée des Nobles du Bailliage de
Saint-Quentin ; son fils rejoignit en 1793 l'Armée des Princes ;
lui-même et son fils cadet Chevalier de Bucelli d'Estrées, âgé
de 15 ans prirent le chemin des Emigrés le 10 août
1793 et ne rentrèrent au
Tronquoy que le 9 octobre 1800, ou le père mourut >en 1808 et le fils qui fut Maire
de Lesdins, décéda en 1838 laissant 2 fils qui moururent sans
postérité et une fille Marguerite qui épousa Achille d'Hervilly, tandis qu'une
nièce se mariait à François del Sarte dont le petit fils Maxime Réal
del Sarte fut le célèbre statuaire a qui nous devons une statue de Jeanne
d'Arc.