Saint
Anschaire
801
(Fouilloy)-865 (Brême), moine de Corbie et de
Corvey Archevêque de Hambourg-Brême, légat
pontifical pour l'évangélisation des Suédois,
Danois, Slaves et autres peuples du Nord Apôtre du
Nord, Saint Patron du Danemark
Son
nom
Anschaire
appelé aussi Oscar ou en allemand Ansgar. Étant
d'origine picarde, le prénom doit être interprété
Anger en français, ancien prénom devenu patronyme Du
point de vue étymologique, de Os = Ans ou As, les Ases
(Dieux) et de Car=Gar, Geir, Spear : la Lance, « La Lance des
Dieux ». Autres formes : Asker, Ascheri, Ansger, Asgeir,
Anscari, Anscher, Oskar, Ansker
Sa
vie
800 Couronnement
de Charlemagne Naissance d'Anschaire
801 Anschaire à
Corbie
814 Mort de Charlemagne. Début du règne
de Louis le Pieux Anschaire à Corvey
823-826 Baptême
du Danois Harald Klak, prétendant au trône de
Danemark Séjour d 'Anschaire au Danemark, dans l'entourage
du roi Harald
826-828 Mission d'Anshaire à Birka en
Suède
829-830 Anschaire est élevé à
la dignité archiépiscopale. Le diocèse
d'Hambourg est créé pour lui. L'évêque
Gaudbert, neveu d'Ebbon de Reims est envoyé à
Birka
831-832 Le pape Grégoire IV nomme Anschaire
légat du Saint Siège auprès des peuples du Nord,
conjointement à l'archevêque Ebbon de Reims Gautbert
est chassé de Birka par de violentes émeutes
antichrétiennes
Vers 840-845 Siège de Birka
par une flotte danoise Le traité de Verdun prive
l'archevêché de Hambourg des subsides que lui apportait
le monastère de Torhout près de Bruges
840-843 Mort
de l'empereur Louis le Pieux. Démembrement de
l'empire Hambourg ravagé par les danois. Anschaire chassé
« sans un fil sur le dos » trouve refuge à
Brême
845-848 Sac de Hambourg. Le concile de Mayence
accepte après de longues tractations que le siège
épiscopal de Brême soit occupé par l'archevêque
de Hambourg Reprise de la mission au Danemak. Anschaire établit
de bons rapports avec le roi Horich l'Ancien qui l'autorise à
construire une église
Vers 848 Seconde mission
d'Anschaire à Birka. Au terme de négociations
difficiles, Anschaire réussit à faire admettre la
présence d'un prêtre à
Birka
851-852-854 Expédition suédoise en
Courlande Troubles antichrétiens au Danemark à la
mort du roi Horich
864 Le pape Nicolas 1er confirme
officiellement la fusion des deux Églises de Brême et de
Hambourg en un seul archidiocèse Décès
d'Anschaire le 3 février 865 à Brême
865 Rimbert,
moine de Torhout et compagnon d'Anschaire devient le deuxième
archevêque de Hambourg-Brême
Charlemagne
et les peuples du Nord
D’après
de nombreux historiens, le phénomène viking serait
principalement dû à une réaction à la
christianisation forcée par le fer et le feu Charlemagne,
profondément religieux, convaincu que Dieu avait confié
au peuple franc et à son souverain la tâche de répandre
et de défendre la foi chrétienne, passa sa vie à
convertir tous les païens d'Europe. Par le fer et le sang, il
réussit à établir un empire chrétien sur
la majeure partie de l'Europe occidentale. Particulièrement,
le peuple qui occupait le nord de la Germanie à la frontière
du Danemark, fut victime d'épouvantables massacres, le roi
franc employa la force et la terreur et il imposa sa foi par
d'extrêmes violences tel que le massacre de Verden en 782, où
les Francs décapitèrent 4 500 personnes, déportèrent
12 000 femmes et enfants parce qu'ils refusaient le baptême.
L'empereur franc fit détruire l'arbre sacré,
l'Irminsul, afin de « chasser le diable » de
Saxe. L'historien des religions, Rudolf Simek explique que «
Ce n’est pas un hasard si le début de l'activité
viking s'est produit sous le règne de Charlemagne […]
La montée du christianisme constituait une menace en soi
». Ces massacres contre tous les païens engendrèrent
un émoi considérable pour les Vikings. Ils étaient
soucieux de défendre leur honneur, car leurs valeurs leur
imposaient le devoir de se venger. En 785, Charlemagne instaura en
Saxe le capitulaire De partibus Saxoniæ. Le chef des Saxons
Widukind résista très longtemps et se réfugia à
plusieurs reprises chez ses voisins nordiques (danois). Les Saxons et
les Danois étaient très proches, ils avaient les mêmes
croyances, la même culture. Ils firent cause commune pour
résister à l'empire chrétien. En réaction,
les Vikings danois attaquèrent les Abodrites, un peuple allié
de Charlemagne. Ils renforcèrent le Danevirke pour se protéger
de l'empire chrétien qui les menaçait à leurs
frontières, puis vers 810, 200 navires vikings se lancèrent
sur la Frise. Il s'agit « d'une haine de religion entre les
Vikings et les Chrétiens », ce qui expliquerait selon
ces historiens que ce soient principalement les églises, les
cloîtres et les autres édifices sacrés avec leurs
habitants les nonnes, les moines et les prêtres qui furent
l'objet de la fureur, des insultes et des outrages des Normands
encore païens et leur haine du christianisme. Pour assouvir leur
vengeance, un strandhögg viking (petit commando), prit le risque
de s'enfoncer dans le territoire franc. Ils ne se contentèrent
pas de piller le tombeau de Charlemagne à Aix-la-Chapelle, ils
prirent le temps de profaner la sépulture et la dépouille
du grand Empereur de la chrétienté. Les Vikings
agissaient ainsi dans tous leurs raids, non contents de voler les
biens de l'Église, « ils piétinaient et
s'acharnaient sur les reliques sacrées, insultaient et
outrageaient, mus par une véritable haine à l'encontre
de la religion chrétienne Signalons que le monastère
de Corbie fut dévasté par un raid Viking en 881.
Les
successeurs de Charlemagne
Au
décès de Charlemagne il ne lui reste qu'un seul fils
vivant, Louis qui reçoit la couronne d'Empereur. La division
du royaume franc et de l'empire est ainsi évitée.
Louis, connu sous le nom de Louis le Pieux, est considéré
comme un empereur faible, qui ne réussit pas à contenir
les raids Vikings qui se multiplient. C'est lui qui envoie Anschaire
évangéliser les peuples du Nord, sur la suggestion des
moines de Corbie et Corvey, en particulier Wala, abbé de
Corbie, frère d'Adalard et cousin de Charlemagne, dont il fut
l'un des grands seigneurs de guerre. Ses trois fils : Lothaire, Louis
et Pépin se rebellèrent contre lui et le déposèrent
de son trône, qui lui fut rendu quelque temps après,
dans des Au décès de Louis le Pieux, trois fils vont
se partager le royaume, selon les coutumes des francs. Louis le
germanique, Lothaire et Charles le Chauve se mènent une guerre
fratricide, avec de nombreux rebondissements. Le monastère de
Torhout se trouvant dans le royaume attribué à Charles
le chauve, celui-ci en ôta les revenus à l'archevêque
de Hambourg (Anschaire) qui était dans le royaume attribué
à Louis le germanique. Dans ces querelles se formèrent
des coalitions d'évêques luttant pour l'un ou l'autre
des frères et connaissant des revers ou des retours en grâce
selon les victoires des uns et des autres. L'archevêque de
Reims, Ebbon, chargé par le pape, tout comme Anschaire, de
l'évangélisation des peuples du Nord fut très
mêlé à ces péripéties et ne fut
plus en état de remplir sa mission. On peut également
suggérer aux esprits curieux d'histoire de lire l'article de
Wikipedia sur « les fausses décrétales »,
épisode quelque peu rocambolesque de la vie de l’Église
qui tourne autour du monastère de Corbie et de ses abbés
(Wala puis Paschase Radbert), de l'archevêque de Reims Ebbon et
de l'évêque d'Amiens, Jeffé.
La
Vita Anskarii
L'essentiel
de ce que nous savons vient de la Vita Anskarii, vie de Saint
Anschaire écrite peu de temps après sa mort par son
disciple, Rimbert, qui lui succéda à l'archevêché
de Hambourg. Voici ce qu'en dit Jean-Baptiste Brunet Jailly qui en
assura une édition française en 2011. 'La tradition
désigne souvent sint Anschaire, moine bénédictin
et premier archevêque de Hambourg, comme « l'apôtre
du Nord ». Et la Vita Anskarii, écrite après sa
mort par Rimbert, qui lui succéda sur le siège
archiépiscopal, traite en effet largement de la légation
pontificale dévolue à Anschaire pour l'évangélisation
des « Suédois, Danois, Slaves et autres peuples du Nord
». Cette dignité, qui lui fut conférée en
832 « devant la dépouille et le tombeau de saint Pierre
» par le pape Grégoire IV, et dans laquelle le confirma
en 864 une bulle du pape Nicolas Ier, lui donnait « toute
autorité pour prêcher ces peuples ». Durant
plusieurs siècles après la mort d'Anschaire, les
archevêques de Hambourg exercèrent au demeurant cette
légation « par droit de succession, comme un héritage
». 'La Vita Anskarii constitue à ce titre une
référence précieuse pour l'histoire de l’Église.
… Mais cette Vita intéresse aussi le destin politique,
culturel et spirituel de l'Europe occidentale. Elle a pour toile de
fond le grand siècle des invasions normandes, le démembrement
de l'Empire carolingien, l'émergence des premières
monarchies scandinaves, mais nous offre aussi, peint sur le vif, et
sous forme littéraire extrêmement brillante, le tableau
les plus ancien que nos possédions de la rencontre, dans les «
îles du Nord », de « la fleur des moines de France
» et des « peuples du dehors ». On reconnaîtra
sans peine en Rimbert un représentant de l'esprit de haute
culture que la « Renaissance carolingienne » fit rayonner
dans les grands monastères chrétiens du IXème
siècle. 'Moine de l’abbaye royale de Corbie -de
spiritualité bénédictine, généreuse
et lettrée-, Anschaire fur désigné en 826 par
l'empereur Louis le Pieux, fils et successeur de Charlemagne, pour
aller porter la parole de Dieu aux Danois, pirates redoutés,
dont le domaine, à la fois terrestre et maritime, s'étendait
au Nord de la Saxe, au-delà du fleuve Eider. Envoyé
ensuite auprès des Suédois – dont on disait dans
l'Antiquité, que leurs cités s'élèvent «
in ipso Oceano – dans l'Océan même »- il
vécut plus d'un an parmi eux, sur une île du lac Mälar,
à Birka, qui était alors le plus grand port de la
Suède. Chassé de son archevêché de
Hambourg en 845, lors de le destruction de cette ville par les
Danois, Anschaire s'établit finalement à Brême ,
d'où il dirigea jusqu'à sa mort l'évangélisation
des peuples saxons, frisons et slaves du nord de l'Elbe, et la
prédication missionnaire qui relevait de sa légation …
parmi les « peuples du Nord ». En dépit de sa foi,
de ses dons, de ses efforts, la légation d'Anschaire «
en une contré si différente de notre monde »
n'éveilla d'abord qu'un faible écho sur ces rivages. Il
obtint des Danois l'autorisation d'édifier une église à
Hedeby (Schleswig), et persuada les Suédois de le laisser en
élever une autre à Birka. Ainsi la Vita Anskarii ,
écrite par Rimbert peu après la mort de ce saint,
peut-elle apparaître aussi comme un hommage à l'apôtre
aux prises avec un « paganisme » à la fois
courtois et imprévisible, insaisissable et soudain
sanguinaire, qui tantôt paraît accueillir le message que
tente de lui délivrer Anschaire, tantôt se rétracte
en invoquant « l'ancienne coutume » autour de laquelle se
sont forgées les vieilles sociétés
nordiques. (…) '.. Durant soixante-dix ans après
la mort d'Anschaire, des moines issus de Corvey veillèrent
aux destinées de l'archevêché de Hambourg-Brême
et présidèrent à l'exercice de sa vocation
missionnaire. Le dernier de ces moines-archevêques fut Unni
(918-936), qui, « marchant sur traces du grand prédicateur
Anschaire », gagna à son tour Birka, où «
les Normands avaient complètement perdu le souvenir de la
religion chrétienne ». (…) 'Ce qui rend
saisissant le portrait que la vita Ankariir présente de ce
saint, c'est en effet l'accord mystique de la ferveur contemplative
et du discours apostolique : « Dès son enfance, il fut
divinement inspiré.. ». Anschaire se meut, en médium,
dans un univers merveilleux de formes visuelles et sonores qui
annoncent l’événement, ou dont la message demeure
chiffré jusqu'à l'instant où les faits lui
donnent un sens. C'est sous la loi de ces « songes », de
ces « visions », de ces « illuminations »
intérieures qu'Anschaire affronte l'Inconnu, en croyant
s'avancer vers le sacrifice suprême (la mort par le martyr),
qu'il appelle de ses vœux, car il le tient pour la plus haute
dignité à laquelle puisse aspirer la foi. N'a-t-il pas
entendu jadis une voix céleste lui dire : « Va, et tu me
reviendras avec la couronne du martyre »? Qu'il soit finalement
frustré de son désir le plus cher (il meurt de maladie
à Brême), de sa certitude la plus intime, ne signifie
pas que de telles images le trompent, mais plutôt, comme il le
comprend durant ses derniers jour, que la foi doit transcender
jusqu’à ces signes, et qu'il n'est d'espérance
que dans l'abandon à Dieu.
Dans
l'abbatiale de Corbie figurent deux statues et des reliques de saint
Anschaire (photos plus loin). Deux autres statues célèbrent
saint Witmard et saint Nithard, saints du IXème siècle
sur lesquels ne sont données aucune indications. La Vita
Anskarii permet d'en savoir un peu plus.
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