Le père Wresinsky a bien connu notre pays et ses habitants . Son action et son message sont des exemples pour nous tous et chacun ici appuie la demande de béatification en cours !
De père polonais, avec
passeport allemand, et de mère espagnole, le père
Joseph Wresinski est né à Angers, dans un centre
d'internement pour étrangers.
Au début de la Première
Guerre mondiale, le couple Wresinski est
interné avec leur premier enfant, Louis, d'abord au fort de
Saumur,
puis dans les locaux de l'ancien grand séminaire d'Angers,
l'abbaye Saint-Serge, transformée en camp d'internement pour
les étrangers suspects de collaboration avec l'ennemi. Sophie,
le deuxième enfant du couple, y meurt en bas âge.
Joseph est donc né dans une
famille très pauvre. À l'issue de la guerre, celle-ci
trouve refuge dans une vieille forge désaffectée, rue
Saint-Jacques à Angers. Dès son jeune âge, Joseph
est amené à subvenir aux besoins de la famille en
gardant une chèvre, puis en servant la messe chez les
religieuses du Bon Pasteur, en échange d'un bol de lait et de
deux sous. « Ce sont les deux sous qui m'ont décidé »,
dira-t-il plus tard. À l'âge de 13 ans, il est embauché
comme apprenti boulanger.
Son enfance est marquée par
une grande précarité. Jeune apprenti à Nantes,
il découvre l'injustice autour de lui et ne peut l'accepter.
Des amis l'entraînent à rejoindre la JOC (Jeunesse
Ouvrière Chrétienne). Il a tout juste 17 ans et cet
engagement confirme son envie de devenir prêtre
pour défendre les pauvres.
Sa formation l'amène à
Nantes où, après avoir fréquenté pendant
6 mois les jeunesses
communistes, il fait, par l'intermédiaire
d'un camarade de travail, la connaissance de la JOC, la Jeunesse
ouvrière chrétienne, fondée
en Belgique par l'abbé Joseph Cardijn.
Comme jociste, il prend part à des enquêtes sur les
conditions d'existence, souvent terribles, des jeunes travailleurs.
Peu de temps après, il décide de devenir prêtre
et, à 17 ans, il reprend des études sur les bancs du
petit séminaire de Beaupréau
(Maine-et-Loire),
avec des élèves qui ont cinq ans de moins que lui. La
mobilisation générale, puis la guerre interrompent son
parcours vers la prêtrise, et ce n'est qu'en octobre 1940 qu'il
rejoint le grand séminaire de Soissons,
réfugié à Entrammes.
Le choix du diocèse de Soissons,
plutôt que celui d'Angers, sa ville natale, trouve son origine
dans le fait que ses études sont prises en charge
financièrement par une famille d'agriculteurs du Soissonnais
dont une parente était religieuse au Bon Pasteur à
Angers et connaissait la famille Wresinski depuis très
longtemps.
Il est ordonné le 29 juin
1946 à Soissons.
Vicaire, puis curé
dans des paroisses
ouvrières (Tergnier)
et rurales (Dhuizel),
pendant dix ans, dans le département de l'Aisne, il ne cesse
d'aller à la recherche des plus pauvres, des plus humiliés.
Il passe quelques mois à la Mission
de France, travaille dans les mines, contracte
la tuberculose. En pèlerinage à Rome
en 1950, il poursuit son voyage jusqu'en Sicile pour y découvrir
notamment « l'enfer blanc », les mines de sel
siciliennes. Connaissant sa recherche, son évêque
(Mgr Pierre
Douillard), qui avait été curé à Angers,
dans la paroisse de la famille Wresinski, lui propose alors en 1956
de rejoindre un camp
de sans-logis, à Noisy-le-Grand
(région parisienne), où il fondera le mouvement ATD
Quart Monde. Il a également créé
le terme de «  quart
monde ». Le camp de Noisy-le-Grand a
été créé deux ans plus tôt, à
l'initiative de l'abbé
Pierre, pour reloger des familles hébergées,
dans un premier temps, porte de Charenton à Paris, après
l'appel lancé par le fondateur d'Emmaüs
en février 1954.
"Ces familles me
rappelèrent la misère de mon enfance".
Le 14 juillet 1956,
Joseph Wresinski rejoint les 252 familles rassemblées dans le
camp des sans-logis.
Il y éprouve un véritable choc. « Ce
jour-là, je suis entré dans le malheur »,
écrira-t-il plus tard.
- « J'ai
été hanté par l'idée que jamais ces
familles ne sortiraient de la misère aussi longtemps qu'elles
ne seraient pas accueillies dans leur ensemble, en tant que peuple,
là où débattaient les autres hommes. Je me suis
promis que si je restais, je ferais en sorte que ces familles
puissent gravir les marches du Vatican, de l'Élysée,
de l'ONU... »
Désormais, il consacrera toute son énergie à
faire reconnaître ces personnes en quête de dignité,
qui possèdent une pensée et une expérience
uniques, indispensables à la société. Il
s'oppose à la soupe populaire et propose aux familles un
jardin d'enfants et une bibliothèque. « Ce n'est
pas tellement de nourriture, de vêtements qu'avaient besoin
tous ces gens, mais de dignité, de ne plus dépendre du
bon vouloir des autres. » Une chapelle, des ateliers pour
les jeunes et les adultes, une laverie, un salon d'esthétique
pour les femmes vont être réalisés peu à
peu.
Fondateur du Mouvement international ATD Quart
Monde
Avec les habitants du camp qui
veulent bien le suivre et quelques amis, en 1957, il fonde une
première association qui prend l’appellation d'« Aide
à toute détresse » (ATD
Quart Monde). « Nous n'avions
rien que nos personnes à offrir. Ces familles qui vivaient
dans l'extrême pauvreté, nous avons voulu dès le
départ qu'elles soient les défenseurs de leurs frères
». Des personnes de tous horizons le rejoignent. Le
Père Joseph a fondé un mouvement marqué par le
pluralisme des croyances et des convictions. « Pour
moi, il s'agissait d'un droit de justice de permettre à
n'importe quel homme quelles que soient sa foi, ses idées, sa
culture, de pouvoir descendre au plus bas de l'échelle
sociale. »Il crée ensuite le terme «
Quart Monde» pour donner une identité collective à
ces familles dispersées. Peu à peu le Mouvement
s'étend, en France, en Europe, et dans plus de trente pays sur
les cinq continents. Pour le père Joseph, il ne s'agit
pas de mener des actions « caritatives » au sens habituel
de donner des biens matériels. Il s'agit de refuser la misère,
ce qui nécessite de réfléchir et d'agir
autrement en prenant en compte la pensée et l'expérience
des plus pauvres. Beaucoup désirent que les pauvres
changent de comportement. Beaucoup pensent nécessaire de les
éduquer. Le père Joseph, lui, propose de construire une
proximité avec les plus blessés pour changer avec eux à
partir de la connaissance de leur histoire et de leur quotidien.
Il était prêtre
et aimait à le rappeler souvent : "Je
suis prêtre
de l'Eglise catholique, apostolique et romaine" mais,
respectant les convictions des personnes qui rejoignait son combat il
créa un Mouvement ouvert à tous demandant à
chacun de confronter ses références religieuses,
politiques ou philosophiques avec l'expérience de la misère
et de l'exclusion sociale. Lui-même n'a cessé de creuser
sa connaissance des textes chrétiens particulièrement
l'Evangile
où il voyait vivre son peuple autour du Christ. « Pour
moi qui suis prêtre,
si les pauvres son ma vie, l'Eglise est mon oxygène. »
Du camp de Noisy-le-Grand, le mouvement ATD Quart
Monde s'étend progressivement, des volontaires allant
rejoindre d'autres lieux d'abandon de la région parisienne
d'abord (La Campa, à La
Courneuve ; les Francs-Moisins, à
Saint-Denis) ;
puis dans d'autres villes de France, d'Europe ainsi qu'aux États-Unis
d'Amérique (New York, en 1964). À travers des voyages
et l'entretien d'une longue et fidèle correspondance, le père
Joseph Wresinski développe parallèlement un réseau
d'amis à travers le monde, composé de personnes et de
petites organisations engagées auprès des plus pauvres.
« Que personne ne reste seul dans son engagement avec les
très pauvres » était une de ses
préoccupations. C'est dans cette perspective qu'il crée
à la fin des années 1970 le Forum permanent sur
l'extrême pauvreté dans le monde. C'est à la même
époque qu'après plus de 20 ans de présence et
d'action auprès des plus pauvres de l'Europe et de l'Amérique
du Nord, des volontaires sont envoyés en Amérique du
Sud, en Asie et en Afrique.
Membre du Conseil
économique et social de la République
française à partir de 1979,
Joseph Wresinski rédigera un rapport aux répercussions
sociales et politiques importantes à travers l'Europe et dans
le monde. Intitulé « Grande
pauvreté et précarité économique et
sociale », ce rapport est adopté
le 11 février 1987.
Quelques jours après, le 20 février 1987, Joseph
Wresinski prend la parole devant la Commission
des droits de l'homme des Nations Unies, à
Genève, pour demander à cet organe de l'ONU de
reconnaître l'extrême pauvreté comme une violation
des droits de l'Homme.
Le 17
octobrede la même année, en
inaugurant à Paris une dalle commémorative des victimes
de la misère, scellée sur le parvis du Trocadéro,
il crée la Journée mondiale du refus de la misère,
reconnue officiellement par les Nations Unies comme Journée
internationale pour l'élimination de la pauvreté
en décembre 1992,
et célébrée chaque année le 17
octobre. Le texte gravé sur la dalle du
Trocadéro, devenue parvis
des droits de l'homme, affirme que :
« Là où des
hommes sont condamnés à vivre dans la misère,
les droits de l'homme sont violés. S'unir pour les faire
respecter est un devoir sacré. »
Quelques mois après, Joseph Wresinski
décède des suites d'une intervention chirurgicale. Ses
funérailles sont célébrées en la
cathédrale
Notre-Dame de Paris sous la présidence
du cardinal Jean-Marie
Lustiger, archevêque de Paris. Il est
inhumé à Méry-sur-Oise
(Val-d'Oise),
au cœur du centre international du Mouvement ATD Quart Monde.
Peu de temps après son décès,
des membres du Mouvement ont entamé une procédure en
béatification pensant que son message et sa vie sont un
patrimoine dont l'Eglise ne peut se priver.
Pour respecter le caractère
non confessionnel du Mouvement ATD Quart Monde, cette cause en
béatification a été confiée à une
association indépendante : L'APJW, Association des Amis du
Père Joseph Wresinski.
Il a également inspiré le
film Joseph l'Insoumis
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