Carnet I de MMe Cappelle Louise née Denis pendant la guerre
                      du Dimanche 26 Juillet au Jeudi 8 octobre 1914                 

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Dimanche 26 Juillet 1914 Jean lisant le journal m'apprend que les rapports sont tendus entre la Serbie et l'Autriche. Par les complications que cet état de choses peut amener une guerre européenne est possible, dit-on.
Cette nuit le tocsin retentit bruyamment et longuement. Je n'ai qu'une pensée :
" La guerre est déclarée".
Ce n'est que la mobilisation, plusieurs classes sont rappelées. La ville reste en effervescence toute la nuit.
2 Aoüt Mobilisation française. Paul est rappelé sous les armes. Nos cousins Xavier, Jules, François , Armant , Eugène partent aussi rejoindre leurs régiments.
Vendredit 28 Août Arrivée à Menin de 4000 volontaires belges sous les ordres du Général de Gamblines qui loge chez mes beaux Parents. Arrivée de 25 cuirassiers français.
Samedi 29 Aoüt Les troupes allemandes s'avancent en Belgique. Je vais aujourd'hui à Lille pour m'entendre avec Maman et Madeleine au sujet d'un départ que nous avions projeté pour la Normandie.
Arrivée rue Macquart, je trouve porte close. Maman et Madeleine prises de panique ont quitté la ville ce matin.
Au retour, Jean m'apprend qu'un grand émoi règne à Menin, on craint l'arrivée de patrouilles allemandes.
Les français font sauter les passerelles (Craigue). Le Général craignant pour ses troupes encore non exercées leur donne l'ordre de quitter Menin pour les mettre à l'arbri.
Dimanche Les paniques succèdent aux paniques. Nous préparons des paquets en cas de fuite précipitée car des patrouilles allemandes sont signalées aux environs
Les volontaires reviennent.
Cette après midi, trois cuirassiers français débouchent sur la place de la rue de Cambrai. Les volontaires trompés par leurs casques les prennent pour des ennemis et les mettent en joue.
On s'aperçoit heureusement à temps de la méprise mais M Vanalaer qui assistait à l'affaire tombe mort subitement foudroyé par sa maladie de coeur.
On demande des autos pour renforcer les patrouilles . Albert offre la sienne.
Pendant la nuit, les volontaires (nos trop novices défenseurs) tirent par erreur sur leurs propres hommes en tuant trois et en blessant plusieurs.
Maman et Madeleine nous adressent d'Hazebrouck un télégramme nous invitant à les rejoindre
Que faire ?
Nous ne savons nous décider à abandonner la maison. Nous restons.
Lundi Départ définitif cette fois de nos volontaires
Jeudi 3 Septembre Passage de mobilisés français venant prendre le train pour Dunkerque.
Jean appelé à Londres pour ses affaires part aujourd'hui pour plusieurs jours , or les mines flottantes sont pour les navires un danger terrible et constant .
Je tremble pour mon voyageur .
Reçu ce soir un télégramme daté de Folkestone :" arrivé à bon port."
Tant mieux.
Maman Denis que Jean a ramenée à Lille où elle se trouvait isolée me tient fidèle compagnie pendant l'absence de mon mari.
Dimanche Retour de Jean après un heureux voyage.
Vendredi 11 Septembre Patrouilles allemandes signalées à Riehen Verwelghem ou canon.
Rencontres avec les gendarmes et les volontaires.
Un officier allemand blessé meurt à l'ambulance des Pères franciscains. Gendarme blessé.
Dimanche 4 Octobre Aujourd'hui pendant la procession de pénitence à laquelle nous assistons, Jean, les enfants et moi, une patrouille allemande débouche à l'entrée de la rue de Lille. La foule prise de panique ( de si terribles bruits courent sur ces allemands ) s'enfuit de tous côtés.
Les soldats s'avancent de quelques mètres dans la rue puis rebroussent chemin.
Lundi 5 Octobre Vers cinq heures de l'après midi, seconde patrouille.
Pendant la nuit, 27 lourds camions automobiles et deux voitures s'arrêtent dans la rue de Lille et retourent d'où elles sont venues.
Mardi 6 Octobre Nouvelle patrouille qui sonne chez Monsieur Pardoen, bourgmestre, annonce l'arrivée d'une nombreuse troupe et demande de la nourriture.
Patrouilles jour et nuit.
Les allemands gardent les ponts, font sauter les rails ou chemin de fer, détruisent les téléphone
Mercredi Passage des troupes annoncées.
Ont défilé aujourd'hui par les rues de la ville de 8h du matin à 3h et 1/2 :
17250 hommes presque tous à cheval
   859 chariots
     26 ponts
    49 voitures
     41 camions automobiles
    75 autos
    29 cuisines ambulantes
     7 postes de télégraphie
    30 canons
    50 mitrailleuses
    15 voitures de la Croix rouge
     2 Motocyclettes
    16 chiens et 4 vaches
Tous les Méninois rergardaient curieusement, nous comme les autres, de là cette nomenclature où rien ne manque.
Plusieurs voitures de fermiers belges faisaient partie de la troupe, le fermier obligé de conduire lui même ses chevaux.
Jeudi 8 On entend gronder le canon toute la journée du côté du mont Kemmel.
4 aéroplanes.