Samedi 10 Octobre 1914 | Passage d'une soixantaine de blessés allemands avec camions automobiles.. |
Dimanche 11 Octobre | On entend gronder fortement le canon du côté de lille. Des incendies sont aperçues. Ce serait le bombardement de la ville où Maman et Madeleine de retour depuis quelques semaines sont enfermées. A 8 heures du matin, la garde civique convoquée part pour Ingelsmunster . Henri nous fait ses adieux. Dans l'après midi contre ordre , les mobilisés reviennent et ... n'en sont pas fâchés On s'amuse en ville de leur courte équipée. |
Lundi 12 | Le canon gronde toute la journés. Passage d'une importante patrouille cycliste belge suivie à dix minutes près de deux automobiles allemandes. Je tremble pour les nôtres. Bientôt après, ils reviennent sains et saufs. |
Mardi 15 | Passage de mitrailleuses belges et anglaises . Le canon tonne. La situation est critique car les patrouilles anglaises et allemandes traversent alternativement la ville. Jean ne veut plus que les enfants quittent la maison car à tout instant une escarmouche peut éclater dans la rue. Vers 9 heures, nous voyons passer des anglais en auto mitrailleuses. Ils rencontrent une patrouille ennemie au Gravier de Bousbecques. 9 allemands sont mis hors de combat. Les mitrailleuses reviennent avec des trophées et des blessés. A trois heures, sortant de la conférence de St Vincent de Paul, nous rencontrons des cavaliers anglais qui fuient au galop à une allure effrenée et effrayante. |
Mercredi 14 Octobre 1914 | Pendant le diner, le tram passe sous nos fenêtres littéralement comblé d'allemands qui, le fusil en mains,sont prêts à faire feu. Ils avancent avec précaution, s'arrêtent en face de chez nous puis repartent. Occupation allemande . L'ennemi prend aujourd'hui possession de la ville. Il s'empare de 20 otages dont mon beau père et les enferme à l'Hôtel de ville, les menaçant à tout propos de la peine de mort. Les fenêtres des maisons doivent être éclairées la nuit, les soldats logent chez les habitants. Toute la soirée nous craignons de les voir arriver. Je tremble au moindre bruit, heureusement personne n'arrive. |
Jeudi 15 | Jean est pris comme otage pendant 18 heures. Les allemands exigent des hommes pour creuser des tranchées. Aphonse et Henri sont concernés, puis rentrent peu après. Réquisition des fusils, motos, vélos, autos, etc.. |
Vendredi 16 | Jean est libéré à 5 heures. La fournée d'otages dont il faisait partie a pris gaillardement les choses. On a joué aux cartes, bu et mangé gaiement. L'automobiliste d'Albert et la motocyclette de Jean sont prises. Les all. réquisitionnent vivres, cigares et toutes sortes de choses . Leur drapeau flotte sur le beffroi dont les pendules marquent l'heure allemande. On parle d'un impôt de guerre. |
Samedi 17 Octobre | Un fil électrique est placé devant nos fenêtres . Défense de le couper sous peine de mort et incendie de la ville, disent les affiches allemandes. La plupart des chevaux de la ville sont réquisitionnés par les allemands , les voitures aussi. Le Prince de Wurtemberg loge chez Me Nuylstèhe. C'est un catholique pratiquant, qui chaque jour à l'église, édifie les Meninois. |
Dimanche | Henri est pris comme otage. On annonce le départ des allemands, puis contre ordre. Dans la nuit, se produit un grand mouvement de troupes. Les allemands enlèvent le drapeau du beffroi et le fil téléphonique placé devant chez nous. Petit Piere, fils d'Albert et de Flore, un bébé de 18 mois meurt ce matin d'une bronchite. Vu les circonstances actuelles, on l'enterre le soir même. |
Lundi 19 Octobre | Arrivée de nouvelles troupes Un impôt de guerre de 1000 frs est imposé à la ville qui doit le payer aujourd'hui avant 5 heures du soir. Combat contre les Anglais au Kesselberg à 2 heures d'ici. Le canon tonne. On entend les fusillades de la ville, plusieurs fermes brûlent . Ce soir, les camions passent, transportant les blessés allemands. 200 frs d'essence sont pris à l'usine Latour. 2 soldats demandent du logement. Jean réussit à les éconduire. |
Mardi 20 Octobre | Les allemands quittent l'hôtel de ville, libérant les otages, par le fait même. Deux régiments arrivent ce soir pour loger . Deux soldats viennent encore chercher quartier chez nous, sans y réussir davantage. Les oeufs frais, la viande se font rares, la levure pour le pain aussi. |