Jeudi 1er Juillet 1915 | La question du travail s'aggrave sérieusement à Halluin et prend une allure inquiétante. Hier soir à cinq heures un officier de la commandanture nommé Baumann s'est présenté devant le maire et les otages enfermés dans l'usine de Monsieur Loudan. Là il leur a fait une peinture terrible du sort que subirait la ville si la résistance continuait : bombardement, morts de vieillards, femmes et enfants et le reste. " La volonté du Général a-t-il dit doit être exécutée dut une ville de 15000 habitants en périr " . Voici d'ailleurs le texte de l'affiche portant les ordres du Général et placardés sur les murs de la ville. Blanc , document perdu. Devant la gravité du cas la question est mise aux voix. La majorité se prononce pour le travail |
Lundi 5 Juillet | Combat entre deux avions. Combat vu de la ville. |
Mercredi | Arrestation de M Ide, horloger, chargé de régler les pendules de la ville ; les horloges en question n'étant pas au dire de la commandanture suffisamment bien réglées. |
Jeudi à 1h | Grand passage de troupes N° 243 et 133, les unes s'embarquant à la gare, les autres se dirigeant vers Courtrai. |
Vendredi | Départ du 236. Arrivée du 105. |
Mardi | Ce soir très violente canonnade. Hier, parait-il, plusieurs tranchées minées par les alliés ont fait explosion tuant et blessant de nombreux soldats du 126. L'hôpital regorge de blessés. Les allemands construisent un pont pour relier la rue de la poste au grand jardin situé derrière la Lys et dont ils prennent possession. |
Mercredi. | De nouvelles affiches restreignent presque complètement les passe ports, ne les accordent même plus pour visiter des parents malades et ordonnent que les commerçants d'un même article passent leurs commandes à l'un seul d'entre eux, délégué de tous. |
Jeudi | Les allemands inaugurent par une fête leur "Hohenzollerngarten ". Toute la soirée, nous sommes bercés de mélodies qui fort bien exécutées d'ailleurs nous parviennent d'au delà de la Lys. |
Vendredi 23 Juillet | Explosion d'une tranchée entendue de la ville. Prix des vivres         La viande se vend : 4 frs le kg        le pain bis : 0,50 environ        les oeufs 0,16 et 0,18 cent        le savon noir : 1fr 10        le froment : 1fr 50 quand on en trouve Tourt cela n'est pas excessif comme augmentation et cependant l'on constate un amaigrissement général auquel les soucis et les chagrins contribueraient pour une grande part. On voit les corps s'affaisser, les cheveux blanchir ! La guerre fait en quelques mois l'oeuvre de plusieurs années. |
Samedi | On dit que les prisonniers roubaisiens emmenés en Allemagne au sujet de la question ouvrière ont été renvoyés chez eux. |
Dimanche | Les commerçants refusent presque tous les bons de ville de Menin qu'ils ne peuvent utiliser pour leurs achats. La situation à ce point de vue devient très difficile , les bons se trouvant discrédités à cause de leur trop grande abondance, dit-on. |
Lundi | Un avion des alliés ayant du atterrir entre Halluin et Roncq, les aviateurs se seraient enfuis, détruisant leur appareil et emportant la mitrailleuse. Roncq est menacé d'une pénitence, paraît-il. |
Mardi | Geneviève souffrant des yeux doit se présenter chez l'oculiste à Courtrai . Nous allons Anna et moi demander un passe port à la Commandanture . On nous répond qu'il faut remettre nos certificats d'idendité et une demande par écrit. Albert, après six semaines de démarches, obtient un passe-port pour Bruxelles. Toute la famille est en réunion et le charge de commissions. Pensez donc " Il part pour Bruxelles "! |
Jeudi 29 Juillet | Munies de nos pièces en règle, nous allons à Courtrai. L'oculiste est absent pour toute la journée ce qui ne nous contrarie qu' à moitié car cela nous vaudra un second voyage. De retour à Menin après une bonne journée nous ne faisons qu'un bond juqu'à la commandanture où le Hauptmann Tranz nous autorise à écrire à l'oculiste pour qu'il nous fixe un jour. |
Vendredi 30 juillet | L'action de l'artillerie redouble au front. On dit que de nombreux alsaciens se seraient enfuis dans les rangs des français : 15 officiers seraient devenus fous. |
Samedi | Un avion du champ d'aviation manque à l'appel aujourd'hui. Cette nuit forte canonnade, plusieurs tranchées seraient en feu, les habitants de la campagne entendent les cris du champ de bataille. |