Gayant (Antoine-Nicolas), né le 6 décembre 1756 à Beautor, entra en 1777 à l'école des ponts et chaussées,
et fut nommé en 1781 ingénieur ordinaire dans la province de Dauphiné, où il eut à faire de grandes études de routes en montagne.
Il fut en 1784 appelé en Normandie, et, sur la désignation de Perronet, compris au nombre des ingénieurs qui devaient, sous les ordres de de Cessart, prendre part aux travaux de la digue de Cherbourg.
Il a présenté en 1799 un rapport sur la navigation de l'Orne entre Caen et la mer, et, après un court séjour au Havre, il n'a pas cessé de prendre une part importante aux travaux de Cherbourg jusqu'en 1802.
En 1795, il avait été nommé ingénieur en chef des Landes mais le ministre de la marine s'opposa à son départ de Cherbourg où sa présence paraissait nécessaire.
En 1802 il fut chargé de la direction du canal de Saint Quentin, et tout le reste de sa vie a été consacrée à cette grande ligne de navigation dont le tracé venait d'être définitivement fixé.
Inspecteur divisionnaire en 1808 et chargé de l'inspection de Caen, inspecteur de l'Ecole des ponts et chaussées de 1810 à 1815 chargé en 1816 de l'inspection de Lille, et plus tard de l'inspection de Paris, enfin nommé inspecteur général en 1822, il a conservé dans toutes ces situations la direction du canal de Saint-Quentin, ayant à certaines époques sous ses ordres deux ingénieurs en chef et huit ingénieurs ordinaires.
En 1814 et 1816, il avait fait partie des deux grandes commissions chargées d'étudier la police du roulage et de rendre compte de la situation du canal de l'Ourcq.
A-N Gayant est mort le 30 septembre 1834, et Brisson qui avait servi sous ses ordres à Saint-Quentin, a prononcé sur sa tombe une allocution émue dans laquelle il a rendu hommage aux éminentes qualités de son ancien chef.
" Recherche constante de l'économie dans la conception et l'exécution des travaux, étude attentive de tous les détails, jugement sûr, passion éclairée du bien public, » tels sont les traits principaux du portrait tracé par Brisson.
Le projet du canal de Saint-Quentin, approuvé en 1802 par le premier consul, comprenait le percement de deux souterrains dont le plus grand devait avoir plus de 5,600 mètres de longueur. Une telle œuvre présentait à cette époque des difficultés exceptionnelles, en l'absence des enseignements de l'expérience et des engins mécaniques qui, depuis le commencement du siècle, sont venus en aide aux ingénieurs dans les travaux de cette nature. Le grand honneur de Gayant est d'avoir lutté victorieusement contre des obstacles sans cesse renaissants et d'avoir en six ans, de 1804 à 1810, mené à bonne fin, et dans des conditions économiques, l'exécution du grand souterrain du canal.
A.-N. Gayant a fait aussi construire à Saint-Quentin le beau bassin qui forme le port et auquel on a donné son nom, et il a fait entreprendre la grande rigole de Noirieu qui assure l'alimentalion du canal.
En récompense des services éclatants rendus par lui dans la direction de tous ces grands travaux, A.-N. Gayant avait reçu sous l'empire une pension extraordinaire dont il a joui jusqu'à sa mort.
11 a laissé un fils (Paul Gayant) qui a présidé le Conseil général des ponts et chaussées de 1856 à 1870.
L'événement du siècle !
Récit
anecdotique de l'inauguration du canal.
... Le 27 avril 1810 fut consacré
à la visite et à l'inauguration du canal par
l'empereur.
- 8 h : Embarquement à
Saint-Quentin jusqu' Omissy ; là, remonté en calèche
et traversée du souterrain du Tronquoy très
rapidement. (Un incident
aurait eu lieu lors de la traversée du souterrain: par suite
d'un malentendu l'éclairage du tunnel du Tronquoy, encore à
sec, n'était pas achevé quand Napoléon
s'engagea à cheval sous la voûte, précédé
des gardes d'honneur et suivi d'un peloton de lanciers. Bientôt
il se trouve dans l'obscurité, et son cheval heurte une
échelle oubliée par les ouvriers, qui tombe avec
fracas. Aussitôt l'idée d'un attentat surgit dans son
esprit, il s'effare et s'écrie "à moi ma garde",
éperonne sa monture et traverse au galop le reste du
souterrain suivi des lanciers qui bousculent les gardes d'honneur.
Napoléon, Gayant et Brisson sur un tableau d'époque célébrant le tunnel .
( Aidez nous à retrouver Gayant et Brisson !)
Communication de M Sobinski
- 10 h : On parvient à
l'entrée du grand tunnel de Riqueval orné d'un arc de
triomphe. Près du village de Bellicourt, les tentes sont
dressées pour le déjeuner. De la tente impériale,
on aperçois la tranchée de Riqueval de 779 m et 31 m
de profondeur. Après le repas, Napoléon et
Marie-Louise descendirent la "rampe impériale"
jusqu'à l'entrée du souterrain et s'embarquèrent
à nouveau dans des canots ; le souterrain était
illuminé avec soin, mais plusieurs incidents eurent lieu: un
garde-fou mal assujetti avait cédé sous la main de
Marie-Louise qui fut retenue par les dames de sa suite. De plus,
pendant la traversée, la gondole de l'impératrice
s'emplit d'eau procurant un bain de pieds non protocolaire aux
navigateurs. A la sortie du souterrain, qui avait demandé 5
quarts d'heure, on remonta en voiture pour gagner Cambrai. A quelque
distance de cette ville, le cortège impérial
s'embarqua une fois de plus pour gagner le bassin terminus du canal.
<
Les premiers mariniers qui
empruntèrent le canal de Saint-Quentin étaient des
Flamands, qui n'avaient parcouru que l'Escaut. Ce fut seulement dans
les premiers jours de que six péniches chargées de
charbon se présentèrent à Macquincourt. Il
fallut promettre l'exemption perpétuelle des droits de
navigation au premier qui risquerait l'aventure pour qu'un nommé
M. Choteau, du bateau "Le grand souterrain", franchit
enfin le tunnel en plusieurs heures, et le 9 novembre les six
bateaux arrivèrent à Paris, où ce fut
l'occasion de fêtes qui durèrent plusieurs jours.
Dès qu'il fut ouvert le 28
avril 1810 à la navigation, le canal de Saint-Quentin fut
signalé partout en Europe comme une oeuvre grandiose,
incomparable, qui occupait toutes les imaginations. En 1814, lors de
la première invasion de la France par les Russes et les
Prussiens, les officiers ne manquèrent pas de visiter les
deux souterrains...
...On lit dans les oeuvres de
Condorcet, que dès 1727 l'ingénieur en chef de
Saint-Quentin, Devicq, proposait un tunnel de 3440 toises ouvrant à
Riqueval et débouchant à Macquincourt, outre un tunnel
secondaire de 700 toises sur Lehaucourt et Lesdins. L'ingénieur
Laurent imagina un autre parcours et se mit à l'oeuvre «aux
applaudissements de l'Europe». L'empereur Joseph II,
beau-frère de louis XVI, l'archiduchesse Christine,
gouvernante des Pays-Bas, visitent le souterrain en bateau.
Malheureusement les travaux furent arrêtés en 1787.
Sous le consulat l'idée de Laurent fut abandonnée et
un tracé plus court proposé par l'ingénieur
Gayant permit bientôt à l'Escaut de mêler ses
eaux à la Somme. On voit ici la sortie du canal à
Lesdins. Voûte basse, maçonnée suivant la
technique du temps...
BRISSON, le fidèle bras droit de Gayant
Médaille Brisson
Barnabé Brisson, né à
Lyon
le 11 octobre 1777
et mort le 25 septembre 1828,
est un ingénieur
des ponts et chaussées et mathématicien
français.
Biographie
Brisson a fait partie de la première
promotion de l’École
polytechnique, en 1794,
et est entré à la fin de 1798
à l’École
des ponts et chaussées. Nommé
ingénieur ordinaire en 1798, il fut d’abord attaché
au service du canal
du Rhône au Rhin sous les ordres de
Liard, et en 1801,
aux travaux du canal
de Saint-Quentin.
Dans ce dernier poste, il fut spécialement
chargé, sous la direction de Gayant père, des
difficiles travaux du bief de partage et du souterrain, et les
preuves de sa capacité qu’il y donna furent telles que
le 19 mai 1808,
à peine âgé de trente ans, il fut nommé
ingénieur en chef et chargé du service du >département
de l'Escaut. Il resta à Gand
jusqu’à la fin de l’Empire<,
et se signala par de grands travaux exécutés pour la
défense des
de l’Escaut.
Il fit aussi le projet du canal de Bruges
à Gand.
Lorsque la Belgique
fut, en 1814,
séparée de la France, Brisson fut appelé, le
1er
août, dans le département
de la Marne, où il eut à réparer
les désastres causés par la guerre sur les routes et
sur les grands ouvrages d’art de ce département si mis
à mal par deux invasions.
En 1820,
il fut appelé à Paris pour faire le cours de
construction à l’École des ponts et chaussées,
en remplacement de Simon
Vallot passé au cours d’architecture,
et il fut en même temps chargé des études d’un
canal de Paris à Tours
et à Nantes.
En 1821,
il réunit à ses fonctions celles d’Inspecteur de
l’École et, en 1822,
celles de secrétaire du Conseil
général des ponts et chaussées.
Enfin, il fut nommé inspecteur divisionnaire le
28 avril 1824.
Dans ces hautes positions et dans les travaux multipliés
qu’elles exigeaient, Brisson donnait chaque jour la preuve des
facultés les plus rares, lorsqu’une mort prématurée
vint l’enlever alors qu’il n’avait pas encore
cinquante et un ans.