Théophile-Jules
Pelouze
Théophile-Jules Pelouze,
né à Valognes
le 26 février 1807
et mort à Bellevue
le 31 mai 1867,
est un chimiste
français.
Son père, Edmond
Pelouze, après avoir dirigé plusieurs
établissements industriels et été attaché
à la manufacture de Saint-Gobain, dirigeait une fabrique de
porcelaine fondée sur ses conseils à Valognes et fut
l’auteur de divers ouvrages techniques
Il avait écrit un grand nombre d'ouvrages sur les sciences
appliquées, notamment sur la fabrication du fer, la
minéralogie, l'art du fumiste, sur la fabrication du coke,
sur les poteries, sur la machine à vapeur, etc. Il avait été
directeur de forges du Creusot, et mourut à Paris, vers
1847. C'est à lui que l'on doit l'idée de
l'introduction de la culture du coton
en Algérie.
Biographie
Placé dans une pharmacie à La
Fère, pour y faire son apprentissage, Pelouze en sortit
plus tard, suivant les conseils de Vauquelin,
qui portait un vif intérêt à son père.
Vauquelin ayant interrogé le jeune Pelouze lors d’un
voyage à Paris, sur ses études, il ne fut pas
satisfait des connaissances pharmaceutiques qui lui étaient
données et le recommanda à A. Chevallier chez qui se
livra à l’étude avec zèle et sagacité,
la pharmacie pratique était plutôt pour lui un
délassement qu’un travail.
C’est dans l’officine de la place
du Pont-Saint-Michel de Chevallier que Pelouze fit la connaissance
de Lassaigne, qui, ayant reconnu son aptitude, le présenta à
Gay-Lussac,
qui le plaça comme assistant dans le laboratoire de Wilson,
où il resta deux ans. Son caractère, son amour du
travail et sa capacité y conquirent la bienveillance de
Gay-Lussac, qui le traitait en ami plutôt qu’en élève.
Après être resté deux ans
dans le laboratoire de Wilson, dirigé par Gay-Lussac et
Lassaigne, Pelouze quitta ce laboratoire et, revenant à ses
études premières, il se présenta, en 1829,
au concours des hôpitaux de Paris pour l’internat en
pharmacie, fut reçu et fit une partie de son internat à
la Salpêtrière.
Pelouze, quoique ayant des devoirs à remplir comme
interne, se livrait à son étude favorite, l’étude
pratique de la chimie ; mais sa santé le força
de donner sa démission d’interne. Il se borna alors à
suivre les travaux du laboratoire de son maître. Là,
de concert avec Gay-Lussac, furent faites de nombreuses expériences
sur les essais d’or et d’argent, sur l’alcalimétrie,
sur la chlorométrie, etc.
En 1830,
Pelouze fut nommé à Lille professeur à la
chaire municipale de chimie appliquée aux arts industriels,
comme suppléant de Frédéric
Kuhlmann. Cette chaire et son laboratoire, rue
du Lombard (Lille), étaient soutenues par la Société
des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille dont il
devint membre. Il s’occupa particulièrement de
recherches sur le sucre de la betterave,
sur sa production, sur sa pureté et montra qu'elle ne
contient pas de glucose. Il démontra l'identité entre
le sucre indigène et le sucre de canne.
De retour à Paris, il fut nommé
répétiteur de chimie à l’École
polytechnique et où il succéda ensuite à
Gay-Lussac comme professeur. Comme répétiteur à
l’École polytechnique, il fut le collègue de
Dumas,
auquel il avait voué l’amitié la plus vive et
la plus sincère. Nobel
fut son étudiant pendant un an.
Il enseigna ensuite au Collège
de France. Pelouze s’était attiré l’estime
et l’amitié des chimistes les plus distingués
de l’époque, dont Berzelius
et Justus
von Liebig avec il collabora sur divers projets.
En 1837, Pelouze fut nommé membre de
l’Institut,
en remplacement de Deyeux.
À cette époque, il suppléait le baron Thénard
au Collège de France, où il occupa la chaire de
chimie
minérale de 1845
à 1850, et
remplaçait momentanément Dumas à l’École
polytechnique.
Nommé en 1833,
à la suite du concours, essayeur à la Monnaie,
il devint vérificateur des essais, et, en 1848,
président de la commission des monnaies. Il a publié,
avec son assistant Edmond
Frémy, le Traité de
chimie générale
(1854-1857)
abrégé en Cours de
chimie générale
(1848>-1849).
Etudes
chimiques et recherches
Il serait difficile d’énumérer
tous les travaux de Pelouze, qui sont immenses. Le premier de
ceux-ci, qui a pour sujet le solanum
dulcamara, est signé Jules
Pelouze, élève en pharmacie,
se trouve dans le Bulletin des
sciences médicales, publié
par Férussac, t. VI, p. 175. Il est guidé dans
ses premiers pas de chercheur par Antoine
Boutron Charlard (qui lui-même avait fait ses armes
auprès de Pierre
Robiquet, le grand chimiste analyste) qui l'associe à
une étude sur l'asparamide et l'acide asparamique (publiée
en 1833). Ses travaux les plus importants se trouvent dans diverses
publications scientifiques, tels sont ses travaux sur l’acide
nitrosulfurique et les nitrosulfates, sur la glycérine, sur
la fabrication du platine, sur l’acide hypurique, sur les
produits de la décomposition du cyanogène dans l’eau,
sur la déshydratation des citrates et sur la constitution de
l’acide citrique, sur une nouvelle combinaison du cyanogène
et du fer, sur les corps gras, sur la décomposition des
substances organiques par la baryte (avec Millon), sur des huiles
essentielles, sur l’émétique arseniqué,
l’urée, l’allantoïne, sur les sucres de la
betterave et du maïs, sur l’acide hyperchloreux, sur
l’acide butyrique, sur l’acide lactique, sur un nouveau
mode de dosage du cuivre, sur la fabrication des amorces
fulminantes, sur la composition de la pyrorylinc sur le tannin,
etc. Il a découvert les nitriles ,
qui sont caractérisés par une fonction cyano :
-C=N. Il a développé le papier nitré
comme explosif, un précurseur de la nitroglycérine.
Il a déterminé avec très grande précision
le poids atomique de plusieurs éléments.
En 1837,
Pelouze est élu membre l’Académie
des sciences et il est reçu à l’Académie
de Rouen le 26 juin 1840.
Pelouze était commandeur de la Légion d’honneur,
de l’ordre
du Christ du Portugal ; il appartenait à un très
grand nombre d’Académies et de Sociétés
scientifiques françaises et étrangères. Il fut
nommé, en 1849,
membre du Conseil municipal, où il a siégé
jusqu’à son décès.
Ami de la jeunesse studieuse, Pelouze avait
fondé, en 1846,
un laboratoire-école, et, malgré ses nombreuses
occupations, il donnait ses moments de loisir à la direction
de cette importante création.
Pelouze n’avait que soixante ans lorsqu’il est mort,
mort dont on a dit qu’elle avait été avancée
par le chagrin qu’il éprouva de la perte de sa
compagne. Très peu de temps avant sa mort, il s’était
fait transporter dans une maison qu’il avait louée à
Bellevue au naturaliste Dupont, qu’il avait souvent vu
lorsqu’il était élève en pharmacie.
Hommages
Œuvres
Mémoire
sur les produits de la distillation des acides malique, tartrique
et paratartrique, suivi de considérations générales
sur les acides pyrogénés,
Paris, A. Saintin, 1836
Mémoire
sur le tannin et les acides gallique, pyro-gallique, ellagique et
méta-gallique, Paris, A.
Saintin, 1836
Traité méthodique
de la fabrication du coke et du charbon de tourbe, Paris,
Librairie de Maison, 1842
Cours
de chimie générale,
Paris, Masson, 1848
Traité
de chimie, générale, analytique,
Paris, Librairie Victor Masson, 1860
Recherches sur les eaux
minérales des Pyrénées, Paris, Baillière,
1848
Mémoire
sur les produits de la distillation des acides malique, tartrique
et paratartrique, suivi de considérations générales
sur les acides pyrogénés,
page 287 des Annales de chimie et Physique - tome 56, sous la
direction de MM. Gay Lussac et Arago, 1834 ; ré-édité
à Paris, Saintin, 1836
Recherches expérimentales
sur la végétation. Rôle des nitrates dans
l’économie des plantes. Procédés
nouveaux pour doser l’azote des nitrates, en présence
de matières organiques, Paris, Mallet-Bachelier, 1856
Antoine-François
Boutron-Charlard et Théophile-Jules. Pelouze, Memoire
sur l'asparamide et l'acide asparamique,
Paris, éditeur Mme Veuve Thuau, 1833, 24 p.