Théo Chino, l'ex-futur maire de New York
Publié le lundi 26 août 2013 à 14H00 - Article d'Aurélien Walti dans l'Aisne Nouvelle
Théo Chino vise les
prochaines sénatoriales en France ou un poste de conseiller
municipal à New York.
QUE SONT-ILS DEVENUS ? Théo Chino,
Saint-Quentinois et New Yorkais, fut candidat au poste de maire dans
la Grosse Pomme en 2005. Malgré son échec, il brigue
d’autres mandats.
Sur les deux bords de l'Atlantique, il a la
politique dans la peau. Ecartelé entre sa mère partie
vivre aux Etats-Unis et son père resté en France, Théo
Chino a connu une destinée atypique et ambitieuse. «
Jeté entre l'un et l'autre [de ses deux parents divorcés,
ndlr] » lorsqu'il était jeune, mauvais élève
à l'école, sans diplôme, il va immigrer aux
Etats-Unis à 18 ans et devenir ingénieur en
informatique avant de briguer, en 2005, le poste de maire dans une
ville légendaire : New York. La politique sera, dès
lors, le liant et un pont entre la France et les Etats-Unis. «
Je voulais comprendre la mécanique de la politique, se
souvient-il. On peut toujours la théoriser mais, à un
moment donné, il faut une expérience réelle. »
En face de lui, il retrouve le maire de la ville phare de l'est
américain, Michael Bloomberg, et une quinzaine d'autres
candidats lors de la pré-campagne. Il part sous l'étiquette
du Green party (parti écologiste) et propose rien de moins
que de « déplacer le siège de l'Onu [situé
à l'est de l'île de Manhattan] ». L'apprentissage
est compliqué. « ça s'est passé
difficilement, avoue celui qui est toujours inscrit sur les listes
électorales à Saint-Quentin. Il me fallait 7 000
parrainages pour que ma candidature soit acceptée. J'ai formé
une équipe mais je n'ai pas réussi. Un de mes
adversaires a fait appel de mon dossier et il a été
invalidé car je n'avais réuni que 5 500 signatures…
» Si tenter de convaincre ses concitoyens a été
une expérience inoubliable, il garde en mémoire «
l'étroitesse d'esprit de certaines personnes ». «
Mon pire souvenir est lorsque l'on me disait que je n'étais
pas un vrai Américain, que je parlais mal l'anglais…
C'est un peu ce qui est arrivé à Eva Joly lors de
l'élection présidentielle ». Mais voilà.
Théo Chino est aussi Français et l'aventure politique
n'a, pour lui, pas de frontière. Depuis, il s'est ainsi
présenté aux primaires socialistes à l'occasion
des sénatoriales de 2008. Sans succès. Rebelote en
2012 où, cette fois, il intègre l'équipe de
campagne de Corinne Narassiguin lors des élections
législatives. Celle-ci remporte la première
circonscription des Français de l'étranger…
avant d'être déchue « pour une raison débile
» par le conseil constitutionnel. Alors cette année
comme dans quatre ans - millésimes d'élections
municipales américaines - il l'affirme, il ne sera pas
candidat à la mairie de New York. « Je vais attendre
deux mandats et dans huit ans je pense me présenter comme
conseiller municipal pour représenter mon district :
Harlem-nord », avance Théo Chino. Insatiable, il
retentera sa chance aux primaires socialistes lors des prochaines
sénatoriales. Amérique, Europe. Etats-Unis, France.
Son cœur balance. Un retour dans l'Hexagone est-il alors
envisageable ? « Bien sûr que j'aimerais revenir,
affirme-t-il. Mais, je n'ai pas de diplôme et en France c'est
rédhibitoire. Il faudrait que je transforme mon expérience
en Master en informatique car sans cela je n'ai aucune chance de
trouver du travail. Même avec 20 ans de métier et un
passage à la Silicon valley. En France, tout dépend
d'un bout de papier… C'est d'ailleurs ce genre de choses qui
m'a incité à faire de la politique. » Socialiste
convaincu, il vient, hier, de traverser une nouvelle fois
l'Atlantique. Le but : participer à l'université d'été
du PS à La Rochelle. Le retour en France, une habitude : «
Je continue de passer à Saint-Quentin et à chaque
scrutin je vote là-bas ». Alors pourquoi ne pas déposer
sa candidature dans la cité des Pastels et affronter, s'il se
décide, Xavier Bertrand ? « Personne ne m'a sollicité,
sourit Théo Chino. Pour le moment, je travaille à ce
que les 200 Saint-Quentinois de l'étranger toujours inscrits
sur les listes électorales de Saint-Quentin aillent voter en
2014. Il faut au moins les inciter à se faire une
procuration. » Reste qu'il n'est pas très optimiste sur
le sort de ses camarades. « J'aimerais que le PS l'emporte
mais je pense que Saint-Quentin est davantage à droite qu'à
gauche. Maintenant, c'est au PS d'être à la hauteur
afin de convaincre les habitants ». En tout cas, ce dernier a
peut-être trouvé là son futur candidat à
l'élection municipale de 2020… ou pas.
Bio express
Théo Chino
est né en 1972 à Saint-Dizier (Haute-Marne) d'un père
Franco-Américain et d'une mère Franco-Dominicaine. Il
a donc trois passeports : français, américain et
dominicain.
Ses parents
divorcent et, en 1977, il suit son père à
Saint-Quentin où il effectuera l'essentiel de sa scolarité.
A l'école primaire et au collège de Metz. Il rejoint
le lycée Pierre-de-La Ramée dont il sera exclu. «
J'étais mauvais élève, dit-il. Une des
conséquences habituelles lorsque l'on est issu d'une famille
divorcée internationale. » En 1988, il adhère
au Mouvement des jeunes communistes et à l'Association
anti-apartheid de Saint-Quentin.
Il ne passera
jamais son bac. Après un passage à Amiens, il
rejoint, à 18 ans, sa mère aux Etats-Unis. «
J'avais le rêve américain en tête ».
Il adhère au PS français et
brigue, en 2005, la mairie de New York. En 2008, il est candidat
aux primaires socialistes dans le cadre des sénatoriales
(dans la zone des Français de l'étranger). En 2012,
il fait partie de l'équipe de campagne de la députée
déchue Corinne Narassiguin (PS) à l'occasion des
élections législatives dans la première
circonscription des Français de l'étranger (Amérique
du Nord), finalement remportée par Frédéric
Lefèvre (UMP).
|