Mercredi 21 Octobre 1914 | Combat qui doit être violent dans la direction d'Ypres, au Koelberg, à 6 km de Menin dit-on. On entend fortement le canon, les fusils et les mitrailleuses. Les blessés arrivent dans les camions. Le prince de Schoenbourg Lippe loge chez mes beaux parents. A 11 heures du soir, terrible canonnade qui nous remplit d'effroi. Départ précipité du prince et de sa suite qui jugent la place trop dangereuse. Les allemands prennent trois otages. |
Jeudi | Le combat garde une grande intensité. Arrivée de 275 blessés Le soir, le prince est de retour. Nous préparons nos caves et nos vivres en cas de bombardement. Jean visite les blessés anglais à l'hopital et sert d'interprète au docteur Kaverschot. |
Vendredi | Le canon gronde jour et nuit avec en général une plus grand intensité vers le soir. A deux reprises, on est venu demander un logement pour un capitaine et un lieutenant. Comme nous n'avons qu'une pièce disponible, personne ne vient . |
Samedi 24 Octobre | Les réquisitions en produits de toutes sortes s'accumulent chaque jour. La ville sera ruinée. Jean qui s'est pris d'affection pour les blessés anglais les visite tous les jours apportant chaque fois une nouvelle gâterie. Aujourd'hui, Guite et Jean Marie l'accompagnent chargés de poires et de raisins. |
Dimanche | Le comnat continue. Les blessés arrivent au collège ou bien sont évaucés sur des ambulances moins encombrées. On entend le crépitement des fusils et des mitrailleuses . Nous apercevons le feu des canons. Les allemands ont installé 4 bouches à feu à 3 ou 4 km d'ici. La maison , les vitres tremblent . Les trams passent remplis de blessés. Je visite avec Jean les anglais à l'hôpital. L'un d'eux amputé des deux bras a trouvé moyen grâce à un petit appareil en fil de fer adapté au bout de bras qui lui reste de fumer encore des cigarettes. Une bombe tombée d'un avion atteint l'usine Vandergirhele. |
Mercredi 28 | Ce matin on tire sur un aéroplane, aperçu près de chez nous. Les troupes qui séjournaient ici décimées par l'ennemi quittent la ville et sont remplacées par d'autres. Convoi de chevaux sans cavaliers. Tout le combat aurait dit-on été mené jusque maintenant par la cavalerie. Interdiction de sortir de la ville sans laisser-passer. Des tranchées garnies de sacs de terre sont creusées au pont de la Lys dans notre rue. |
Jeudi 29 | Les réquisitions continuent ruineuses pour la ville. Les épiceries patisseries se dégarnissent rapidement. Les soldats assiègent les magasins mais les commerçants peu soucieux de servir ces clients qui les paient par un bon quelconque ferment prudemment leurs boutiques. De simples et innocents pots de fleurs remplacent avec à propos les trops alléchants étalages. On place des fils téléphoniques dans la rue. |
Vendredi | Ce matin grand passage de cavalerie artillerie munitions se dirigeant en partie vers Courtrai. On enlève le téléphone.. |
Dimanche 1er Novembre | Le combat continue. Canon. Plusieurs bombes jetées d'un aéroplane tombent chaussée de Gheluwe, l'une à 15 mètres environ de Jean qui l'échappe belle . De nombreux avions survolent la ville. On parle de 4000 allemands mis hors de combat. |
Jeudi 5 novembre | Les allemands organisent une cérémonie religieuse à l'église. Messe commémorative générale de 500 hommes environ Je ne sais si, ici, la confession avait précédé la communion mais les allemands ont eu, entre d'autres cas, une singulière façon d'agir. Sans entendre l'aveu des fautes, un prêtre du haut de la chaire donne une absolution générale pour toute l'assistance qui s'approche de la Sainte Table. Cette façon de faire est vivement blamée du clergé de chez nous. Pour la 1ère fois, un officier allemand loge à la maison. C'est le Lieutenant Fritz Kramer. Vers minuit, nous entendons du côté de la ligne de combat le bruit bien connu du canon , des fusils et des mitrailleuse mais violemment cette fois. |
Samedi 7 novembre | Les allemands perquisitionnent dans les maisons pour y trouver des armes qui s'y cacheraient. On craint les réquisitions de vin chez les particuliers, les marchands de vin ayant du tout livrer. Nous mangeons du pain bis depuis plus de huit jours. |
Dimanche 8 novembre | L'officier allemand quitte la maison ce matin. Arrivée de nombreuses troupes vers 10 heures, si nombreuses que malgré les protestations de Jean qui se démène tant qu'il peut. 8 fantassins prennent quartier dans la salle d'enfants et la chambre avoisinante. Ils se comportent convenablement, néanmoins nous ne dormons guère de toute la nuit. La garde impériale est annoncée pour demain. Le tram passe plein de blessés. |
Lundi | Nos fantassins partent ce matin. Grand passage de troupes. Un général loge chez Papa. Le drapeau allemand y est arboré. |
Mardi 10 novembre | Forts grondements de canon. On exige des hommes pour les travaux allemands. Le pain fait presque complètement défaut à Menin . Nous devons nous en procurer à Halluin. |