Samedi 1er mai 1915 | On annonce le départ d'Oether. Un nouveau commandant de Place vient se loger chez Papa. C'est le Schmidt du 172ème. |
Dimanche 2 mai | Un officier interrogé au sujet de l'action d'artillerie de ces jours derniers dit que l'on se bat autour de la hauteur 60, prise dernièrement par les alliés. |
Mardi | Un lieutenant vient loger chez nous. |
Vendredi 7 mai | Une affiche de la Commandanture ordonne aux possesseurs de pigeons de tuer ceux qu'ils possèdent encore et d'apporter les têtes à l'hôtel de ville à 2 heures de l'après-midi. Cet ordre cause un gros crèvecoeur à Jean colombophile enragé. On photographie les dépouilles des malheureuses victimes que Jean Marie et Julien arrosent de leurs larmes. |
Dimanche 9 mai | Arrivée à 8h 1/2 du sous officier Borde. Depuis quelques jours les ouvriers, certains au moins, refusent de travailler pour l'autorité allemande. |
Lundi 10 mai | Les blessés arrivent fort nombreux aux ambulances. Combat entre 2 aéroplanes . L'avion allemand l'aile brisée tombe d'une hauteur de 2000 m, dit-on. C'est le 3ème ou 4ème qui tombe ainsi. |
Mardi | Départ de Borde, un allemand poli, trop poli car il cultiverait volontiers la galanterie envers nos bonnes. |
Mercredi 12 mai | Le fameux lieutenant Reynes connu de toute la ville vient chercher un logement à la maison. La chambre ne lui plaît pas. Tant-mieux, notre lit sera préservé des nombreux arrosages du lt "Piscandin". | Samedi 15 mai | Pourvue d'un laisser passer obtenu à la Commandanture d'Halluin, je vais à Tourcoing voir Maman et Madeleine. Quelle bonne causerie ! Quelle heureuse journée ! |
Dimanche | Les allemands déchirent les passeports des personnes se rendant à Tourcoing. Ils leur délivrent des billets les autorisant à rentrer chez elles. |
Mercredi | Le lt Quentin vient loger chez nous et chose rare nous salue. |
Jeudi | On fait de grandes difficultés au sujet des laisser-passer, nous supposons que cela est du à d'importants mouvements de troupes. | Vendredi 21 mai | M Vanginnehen raconte l'étonnement d'un officier devant le calme de la population à une si courte distance du front. Il dit qu'en Argonne d'où il arrive les gens ont fui sur un plus grand rayon. Une allemande Mme Lysenmann vient prendre logement chez mes beaux parents adressée là par la commandanture. Cette madame est la femme d'un officier blessé et soigné au " lazarett". Atteint pendant une attaque à la baïonette, il est resté 11 heures entre les tranchées adverses sans que l'on puisse lui porter secours. |
Samedi | Emprisonnement de Prosper Lesaffre et de Jules Dejonghe dont les enfants auraient chanté des chants séditieux entre autres " Connais tu le pays ". Les allemands y verraient-ils une allusion à l'Italie ? |
Dimanche 25 mai | La ville est mise en pénitence. Interdiction de sortir de chez soi depuis 5 heures du soir jusqu'à 7 heures du matin, de mettre le nez à la fenêtre pour inspecter la rue et cela durant huit jours. Des patrouilles circuleront en ville pour assurer la bonne exécution des ordres donnés. Les motifs invoqués pour justifier de telles mesures sont la découverte de pigeons dans deux maisons de la ville et des chants injurieux pour le Kaiser chantés par les enfants. Cette après dinée commence notre expiation. Nos rues aux volets clos ont l'air endormies, seuls quelque soldats allemands en promenade les réveillent. |
Lundi 24 mai | Les allemands affichent la déclaration de guerre de l'Italie. Plusieurs arrestations ont été opérées hier pour infractions aux ordres de la Kommandantur. M Borre, le vicaire sorti de chez lui 7 minutes avant 7 heures est appréhendé par les soldats allemands.
Tout compte fait, il obtient un passe port l'autorisant à sortir à toute heures . A quelque chose malheur est bon. Nous passons nos soirées chez Maman en usant d'un trou de communication percé dans la cave en cas de bombardement. On dit que le vrai motif de ces étranges mesures aurait trait à l'espionnage, ce que je croirais volontiers car c'est une véritable épidémie de punitions qui sévit en ce moment sur les villes du front. Arrestation de Melle Leynard. On prétend qu'elle aurait eu maille à partir avec son ou ses logeurs. Fait des plus banals. |
Mardi 25 | Pour punir la conduite de "ces mauvaises têtes de Méninois", la punition est prolongée jusqu'au 3 juin. Bord revient chez nous pour deux jours. |
Samedi 29 | Encore une affiche relative aux armes cachées. ceux qui les livreront dans un laps de temps désigné ne seront pas punis. |
Dimanche 30 | 26 ouvriers sont fouillés et accusés d'avoir volé du cuivre au champ de bataille. Faits prisonniers. |
Lundi 31 mai | Les allemands trouvent chez Benost la motocyclette de Jean que d'autres troupes y avaient laissé ne sachant l'utiliser. Jean sait bien pourquoi ! Il espérait même qu'ils l'abandonneraient. De guerre lasse, Benost est arrêté pour quelques heures. |