Histoire de la Famille Trémolières
Fichier ouvert d'une famille à enrichir.
Recueillis au fil du temps, les éléments de la saga ont fait plusieurs fois l'objet de tentative de construction, sans doute, parce que, dans toute existence comme dans la relation de chaque événement, des références sont nécessaires au discours et le recours aux origines toujours très évocateur , singulièrement "parlant" pour tous ceux que le droit défini comme les ayants-droits . L' histoire de nos histoires, du manuscrit de Louis au cahier du Dr Deronde, constitue aussi en soi un sujet d'intérêt. On ne manque pas d'y constater d'importantes zones d'ombre comme si , parfois, le passé rejoignait les problèmes du présent.. Ce qui peine vraiment est rarement relaté; ce qui appelle justice, par contre, se transmet souvent d'une génération à l'autre. A chaque réécriture comme à l'addition de chaque nouvel élément, tout le creuset semble à refondre et le moule à redéfinir, comme si rien n' était définitif, et que l'histoire devait se refaire chaque jour ! Telle est la raison du travail de compilation qui suit.. La technologie moderne a profondément modifié le monde entier en rendant ouvertes les voies de l'intelligence par une intégration facile des ajouts, des actualisations et des idées. Une certaine conception de l'esprit familial est dès lors exposée : le totem risque de changer de forme , untel sera réhabilité et tel autre conduit aux gémonies avant que de se trouver absous dans la gloire. Le culte des ancêtres ne fait pas bon ménage avec la vérité historique . Pourtant, au sein d'une longue famille, les deux points de vue se rejoignent nécessairement comme deux flux descendant de sommets différents. Telle est l' essence même de la reconnaissance . La portée de la transmission change de valeur à chaque instant et nos dettes aussi. Ce faisant, la gratitude varie également en intensité comme en différence de potentiel . Pour laisser à tous le moyen de cette prière, les lignes qui suivent appellent chacun à l'oeuvre commune. Le fichier sera donc éternellement ouvert, consultable et modifiable à l' envi.......
Pour pouvez obtenir, sur simple demande, le fichier auprès de Louis Trémolières
Aux chapitres de la relation idéale , quatre étapes s'imposent ; Saint Flour, Cholet, Paris et la Franche Comté qui donnent les abscisses de la matrice dont les ordonnées seraient les archives et ouvrages que nous connaissons . L' arbre généalogique constitue la troisième dimension de cette recherche. Mais l'ambition de dresser cet arbre rejoint la folie des hommes de la tour de Babel, et est sans doute vaine . Surtout, elle ne relaterait pas la vrai singularité de nos ancêtres qui ne furent pas des membres d'une tribu, mais bien des créateurs, des artistes, juristes, négociants, et, par dessus les tribulations de l'histoire, des hommes de droit et de foi. .
Le cahier de l' Oncle Deronde Besançon 1938
Historique de la Famille Trémolières
> I/ Les ancêtres Jouvenroux 1385-1603 suivi de pièces
II / Le Père du Peintre
III / Le Peintre du Roy suivi de pièces
IV / Le Greffier de la Connétablie mémoire de Louis avec commentaires
Les Ancêtres Jouvenroux 1385-1603
Dans la Revue de la Haute Auvergne, de l' année 1907, on lit dans le travail de M. Marcellin Boudet, ancien procureur sur Saint Flour pendant les révoltes des Armagnacs et des Bourbons (XVsiècle) les lignes suivantes ( pages 327 et suiv) : " En Juin 1474, Louis XI ayant résolu de relever Arras détruit et presque désert depuis plusieurs années après les massacres occasionnés par sa rébellion, s'avisa de déporter ailleurs, le peu de gens qui s' y trouvaient encore et de repeupler la ville, à la façon d' Auguste, en y transportant 3000 familles complètes de gens de métier empruntées à celles des villes du centre et du midi de la France, qui fabriquaient la draperie et comme il fallait à cette colonie industrielle des capitaines et des chefs, à côté de la main d'oeuvre, il décida d'y transporter aussi en bloc des familles de marchands choisies dans les mêmes villes. " Le 20 Juin, la commission de Saint Flour s'assembla pour désigner, à l'élection, les gens de métier et les marchands riches et puissants qui devaient former le contingent mis à sa charge. Pierre Jouvenroux, dit Petrus, ou Guinot ou Jacques Jouvenroux, marchand à Saint Flour, au choix de la famille, furent de ceux qu' elle désigna pour aller s'établir à Arras avec leurs femmes , enfants et fortunes. Ils devaient être rendus à Senlis le 24 Juillet.> Pierre Jouvenroux appartenait à une vielle famille marchande et notariale , connue depuis la seconde moitié du XIIIème siècle dans Saint Flour. Elle comptait avant lui, quinze élections consulaires au moins, à partir de 1343. Le nom d'apparence bizarre, en latin Juvenis Rufus, le jeune Roux, ou Roux le Jeune, dérive d'un sobriquet comme beaucoup d'autres. N‚ entre 1380 et 1385 et mort à peu près centenaire Pierre Jouvenroux, marchand comme ses ancêtres et prudhomme très écouté avait obtenu lui-même huit fois la dignité consulaire, unique exemple d'une popularité aussi persistante dans l'histoire du consulat sanflorain au temps de son indépendance. Etoffes, sels, fers, blés, vins, denrées diverses, on trouve de tout dans sa boutique ou ses entrepôts, surtout de la draperie . On y trouve aussi le prêteur sur gages , ou à réméré, et cette profession n'est pas la moindre source de profits pour le riche marchand. Il prend en garde, à prix convenu, la cavalerie des seigneurs voisins dans les pâturages de ses importantes propriétés. Il a des fiefs nobles comme tous ses pareils, accumulés avec son négoce, la banque, la recette et la traite des Impôts. Il avait cédé à son fils aîné‚ (Guy Jouvenroux) la direction de la maison en 1472. Il l'avait institué son héritier universel et il eut de son vivant , la seigneurie de la Trémolière. Son second frère Jacques eut le fief de la Roussière, le troisième Guillaume fut prêtre et le quatrième Jean obtint en bénéfice le prieur‚ de Saint Michel, près de Saint-Flour et le cinquième Pierre prit la robe bénédictine dans l'abbaye clunisienne de la Chaise-Dieu, où il reçut la dignité d' infirmier. La décision de la Commission de Saint Flour hâta la mort de Pierre Jouvenroux, presque centenaire; il mourut en février 1480. Guy , déjà père d'un fils majeur, ne voulant pas perdre une situation superbe dans son pays pour un avenir problématique à l'autre bout de la France, s'avisa d'un ingénieux expédient pour se soustraire , lui et les siens à ce sort affreux. Il se fit anoblir avec son père et son frère Jacques. Les lettres d'anoblissement qui furent délivrées au mois d'octobre 1479, sont aux archives de la ville. Guy les obtint moyennant une certaine somme d'argent. Telle fut l'origine du nom de la famille.
Raymond Jouvenroux eut-il des fils ? Je ne le sais. Depuis 20 ans que je poursuis mes recherches , je n'ai pu établir la filiation entre ce Jouvenroux et le père du peintre Pierre Trémolières, mort en 1706, probablement né vers 1655 ? et celle de la naissance de P.T, il n'y a qu'un écart de 90 années qu'il s'agit de combler.
Le Blason des Jouvenroux>
Pierre Jouvenroux, infirmier mage de l'Abbaye de la Chaise Dieu de 1491 à 1527 fit construire, à ses frais, une partie des travées de l'aile septentrionale et celle de l'aile ouest du cloître de la Chaise Dieu ( L' abbaye bénédictine de la Chaise Dieu par Georges Paul Paris, Champion 1924 P84-87)
Les armoires des Jouvenroux étaient " d'azur à la fasc. d' argent , chargée de trois roses de gueules" lesquelles ornent la plupart des clefs de voûte , et un dessus de porte, des galeries encore existantes à la Chaise Dieu. Le même blason a été relevé , par M Belard, archiviste, sur la porte d' une ancienne maison de Saint Flour, qui en 1421 appartenait aux Dupuy ; elle fut certainement la propriété‚ des Jouvenroux, peu après cette date, elle passa à Dame Marquez Maury, veuve de Jean Bigot, vers 1576, premier aïeul connu , du côté maternel , de la famille de M Cathelineau, et dans laquelle il est né (cf sa lettre nø 26 de mes papiers personnels ) .
Pièces justificatives ( dossier personnel)
1) Registre de la terre et Seigneurie de la Trémolière D'environ
200 pages d' une écriture souvent fort difficile à lire, quelquefois même
illisible, daté de 1563. Il m' a été procuré par M Belard, archiviste de Saint Flour qui l' a découvert dans la bibliothèque de Melle Bertrand au château de Gay. Cette demoiselle a eu l' amabilité de me le céder, contre un léger don en espèces pour la bibliothèque de Saint Flour en 1916. M Belard dans sa lettre du 23/8/1916, s'exprime ainsi au sujet de la teneur de ce registre dont je ne puis déchiffrer aucune chiffre. La première page porte les indications suivantes : Livre et registre de la court ordinaire du mandement et Seigneurye de la Trémolière et Barronye de Saint George, pour puissant Seigneur Raymond de la Trémolières, seigneur de la terre et de Roffiat, baron de Saint George, Le Chambon et Salerus, commune de Trogsiesme pour les moys de Septembre mil 6 ( soixante trois ‚tant chapellain des terres et seigneurye, honorable homme Me Jehan Rolland Licenge oz loys et M F (?) Daultreoche procureur des lieux et seigneurye de la Trémolière, saint Georges et Pierre Chayrse notaire royal. " Si le registre ne m'eut donné que cela, c'eut été maigre, car enfin de la Trémolière n'est pas Jouvenroux. poursuivant mes recherches, je découvris au passage Guy de la Trémolière, capitaine du Chambon. Ailleurs, je lus: noble Guy de la Trémolière. Enfin , moment agréable, qui me paya de toutes mes peines, ce passage qui leva tous mes doutes, qui lèvera les vôtres, je l'espère et vous donne la preuve formelle que les Jouvenroux et les de la Trémolière sont les mêmes individus. noble Guy de Jouvenroux, capitaine de la Trémolière ceci se trouve au 27ème feuillet.
Dans le registre de la catholicité, 2 ou 3 mentions donnent de manière irréfutable la liaison directe des Trémolières et les Jouvenroux : les TrémoliŠres , c'est les Jouvenroux les Jouvenroux, c'est les Trémolières, tantôt le nom de famille " Guy de Jouvenroux" tantôt le nom du fief " Guy de la Trémolière". Dans un ouvrage de M. Baudet intitulé : l'Hôtel du Consulat de Saint Flour, ses maîtres et la Bourgeoisie sanfloraine au moyen âge, on lit au sujet des Jouvenroux( page 24) : tavernier, drapier, marchand de vins, de blès et nourrisseur de chevaux, le riche centenaire Pierre Jouvenroux, anobli en octobre 1479, tige des seigneurs de la Trémolière, de Saint Georges et du seigneur de la Roussière au XVIème siŠcle. Ce registre qui commence au 3/7/1563 ne s'étend pas au delà :; il est recouvert en parchemin et contient des rôles d'Impôts, de redevances et surtout des jugements , sommairement rédigés, rendu par le juge de la Trémolière.
2) Plusieurs actes de vente , par Gui de Jouvenroux, seigneur de la Trémolière en faveur du noble Christophe de Jouvenroux, du dit lieu 16/9/1632
II Le Père du Peintre
Pierre Trémolières (1655 ? -1706) , père du peintre était un gentilhomme d'épée protestant, qui ne nous est connu que par le mémoire d' Ali, adressé en 1789 d'Ormoy, au comte d'Angervilliers et à l'évêque Comte de Châlons, après la mort de sa femme Catherine Lambermont, veuve de premières noces de Louis Pierre Trémolières, aux fins d' obtenir des subsides pour le petit fils du peintre, ses beaux enfants. Il écrit : Pierre Trémolières, gentilhomme d'épée, protestant, fut obliger de quitter la France à la Révocation de l' Edit de Nantes ( 1685). Il y avait laissé une jeune épouse et de grands biens. Ces biens ont passé par confiscation à des maisons religieuses des environs de saint Flour, patrie de Trémolière. La perte de sa fortune, ne lui ôta pas le désir de rentrer en France et de se réunir à une femme chérie ( Suzanne Foissin). Il donna à celle-ci rendez-vous en Poitou. Leur réunion fut de peu de durée. Trémolières mourut peu de temps après, laissant un fils au berceau, que l'académie a vu depuis au nombre de ses membres les plus distingués. C'est à Cholet que naquit le peintre en 1703, trois ans avant la mort de son père. C'est d' après cette supplique et les renseignements vagues qu'elle contient que mes recherches sur l' origine de la famille ont été orientées depuis 20 ans. Selon un document découvert par M. Spal, membre honoraire de la société des beaux arts de Cholet, en juillet 1896, Pierre Trémolières aurait eu quatre enfants ainsi que le montre le tableau généalogique ci-contre. Le documents Spal m'a servi à reconstituer la généalogie de la famille Foissin, à laquelle appartenait la femme du peintre . Plusieurs de ses descendants se retrouvent comme signataires ou témoins aux mariages ou décès des Trémolières et de leurs épouses.. Tel, par exemple, Louis, Denis Fossier cousin, issu de germain, de Louis Pierre Trémolières, qui signe comme témoin à son mariage avec Catherine Lambermont, ainsi que Pierre André Legris, cousin germain. Il nous montre aussi que Pierre Trémolières eut une soeur, mariée à M. Simon, dont le fils Pierre Simon est le cousin germain paternel des demoiselles Trémolières. L'une d'elles épousa un sieur Legris puisque Pierre André Legris était le cousin germain de Louis Pierre Trémolières.
Document découvert par M. Spal
J' ai trouvé, dit M.Spal, un acte d'émancipation du 28 janvier 1713 ( le peintre avait 10 ans) des demoiselles Charlotte Valérie et Pauline Trémolières , âgées de 18 et 16 ans, filles du défunt Pierre Trémolières et de Suzanne Foissin, absente du royaume. Une sorte de conseil de famille est constitué. Il se compose de : Fran‡ois David Modeur de Saint Vasc, expert, commissaire principal de l'artillerie de France; Jean Cornuet, conseiller du Roy, receveur des épices au parlement de Toulouse, Gabriel Pelissier, chevalier de l'ordre militaire et hospitalier de Saint Lazare de Jérusalem, oncle maternel; Pierre Simon, bourgeois de Paris, cousin germain paternel , Benjamin Foissier, lieutenant au régiment de Champagne, oncle maternel, Noël Dufour, bourgeois de Paris, aussi oncle maternel et Jean Pierre Trémolières, capitaine au régiment de Flandres, frère des dites mineures. ( oncles maternels ) Pierre Trémolière et Suzanne Foissin I Le Pélissier Noel Dufour Benjamin/span> _________________________________ I et Melle Foissin et Melle Foissin Foissin I I I I I Jean
Pierre Charlotte Pauline Pierre-Charles Delle Dufour 1695 ? 1693 ?
(1703-1736)
et Fossier capitaine épouse peintre du Roy I au
régiment des Me Legris I Louis Denis Fossier Flandres Louis
Pierre (
secrétaire … la Cie des Indes) Pierre
Charles Trémolières (1703-1739) Peintre du Roy et graveur né à Cholet, mort à Paris Peu de
temps après la mort de Pierre Trémolières ( 1706), sa veuve se remaria, alors qu'elle
pouvait avoir 43 ans environ. Le beau père du peintre, dont le nom nous est
inconnu, s'occupa de son beau fils et lui donna , parait-il, une bonne
introduction. Les
témoignages sur la vie de jeunesse du peintre, à Cholet, sont contradictoires
dans les détails. Les uns disent que sa mère qui ne l'aimait point, se remaria
peu après la mort de son pére et eut plusieurs enfants de sa nouvelle union. A
l'age de six ans, notre jeune peintre, qui pendant que ses fèŠres jouaient avec
leurs camarades, était enfermé dans une étroite mansarde, passait son temps à
crayonner sur les murs. Sa mère pour lui faire passer cette manie ne lui
épargna ni les coups, ni les privations. Elle finit pourtant par s'apercevoir
des heureuses dispositions de son fils
pour le dessin. Alors contente de trouver un prétexte pour l'éloigner ,
elle l'envoya à Paris chez un frère de son premier mari (?) Celui ci accueillit
l' enfant, comme son propre fils, se chargea de son entretien et lui fit donner
une bonne et solide instruction. Quelques années plus tard, il fut assez
heureux pour le faire entrer dans l' atelier de Jean Baptiste Vanloo. L'
excellent oncle ne tarda pas à être récompensé de ses bienfaits par les progrès
rapides et les succès de son neveu qui devint bientôt l' élève favori du grand
Maître ( Pissot 1881). Charles
Blanc, dans l' histoire des peintres de toutes les écoles Nø 288 290 P2 et P.
Moisson dans le bulletin de la Société
des Sciences de Cholet( 5 février 1889) écrivent : "
Comme ses dispositions artistiques furent,à… la fois, précoces et tenaces, sa
famille ne contraria pas trop une vocation manifeste. Elle avisa des moyens de
l'envoyer à Paris. A cet effet, elle s'aboucha avec un parent éloigné, attaché,
on ne sait trop à quel titre à la maison de la duchesse d' Orléans. Celle ci
accepta de se charger du jeune homme qui avait 16 ans ( 1719). En conséquence,
Trémolières quitta et pour toujours, la ville paisible où ses jeunes années
s'étaient écoulées, insouciantes et heureuses. Avec son parent, il accompagnait
la Princesse Palatine ( Charlotte, Elisabeth de Bavière, née à Heidelberg (
1652-1722), mère du Duc d'Orléans, alors régent, dans les diverses résidences
royales qu'il plaisait à celle-ci d' habiter. Il paraît que l'on y chômait pas.
C'était, pendant la belle saison, un
continuel va et vient , à grand équipage, des châteaux des environs de Paris,à…
ceux des bords de la Loire. Au bout de fort peu de temps, les qualités morales
de Trémolières, sa physionomie heureuse et sympathique lui gagnèrent pleinement
le coeur du brave homme auquel on l'avait un peu légèrement confié. Celui-ci,
loin de chercher à contrecarrer la vocation de son pupille, fit tout ce qu'il
put, pour le seconder dans ses projets d' avenir. Lui-même conduisit
Trémolières chez J.B Vanloo une des célébrités de l' époque et le lui
recommanda chaudement. De son
coté‚ M. de Caylus, allié à la famille de sa mère, lui fit une place dans sa
propre maison et devint son conseiller, en même temps que son protecteur.
Pendant sept ans, il travailla avec une ardeur soutenue, si bien qu'en 1726 à
23 ans il obtint le 2ème prix de l' Académie de Peinture. En mars
1728, il était envoyé à Rome, comme pensionnaire & l' Ecole de France (
Seul le premier prix avait droit à ce séjour. M. de Caylus lui fit, par sa protection, obtenir son départ
pour Rome ( Benedict. Dictionnaire des peintres ). C'est
là qu' au milieu de cette brillante jeunesse, qui à cette époque plus qu' à
toute autre dépensait follement dans les fêtes et les plaisirs, son esprit, son
argent et son temps, Trémolières, plein
d' entrain et de feu , se mit à jouer, avec quelques uns de ses camarades, les
fourberies de Molière. Il eut un tel succès, surtout dit-on dans le rôle
d'Alceste du Misanthrope, qu'il eut un moment l' idée d' abandonner la peinture
pour le théâtre. Il résiste cependant … la tentation , se remet au travail avec
courage et fit , en peu de temps, des progrès considérables ( D. Pissot 1902). A 30
ans, après six années passées à l' académie, grâceà… une prolongation de séjour
obtenue à la suite de deux maladies très graves, il se disposa à rentrer en
France. Mais il ne voulut pas partir avant d'avoir réalisé un projet d'union
qu'il avait formé depuis longtemps déjà. Il épousa le jours avant de quitter Rome ( 4/7/1734) Isabelle Antoinette
Tibaldi, fille du musicien connu et soeur de Maria Felice Tibaldi,
miniaturiste, mariée 4 ans plus tard à son ami Subleyras. Il
séjourna à Lyon, pendant 18 mois, y eut un fils, qui ne vécut pas longtemps (
Jacques Trémolières 26/7/1735). C'est dans cette ville qu' il peignit plusieurs
portraits et quatre grands tableaux religieux : une adoration des Rois, une
adoration des Bergers et une présentation au Temple pour les Carmes, une
Assomption pour les pénitents blancs. Les trois premiers ont 4m,50 sur 3,50, le
4ème n' a que 2m50 sur 2m. Avant de quitter Lyon, il passa marché avec les
Chartreux pour deux autres tableaux, une ascension (aujourd'hui … l'Eglise
Saint Bruno des Chartreux derrière le maître autel) une assomption qu'il leur
envoya de Paris en 1737, après les avoir exposés au Salon. Rentré
à Paris, Trémolières travaille sans relâche, car les commandes affluèrent dans
son atelier . Il peignit des trumeaux, des dessus de Portes pour les
appartements de Lallemand de Betz, et du maréchal de Belle-Isle, les toiles de
l'Hôtel de Soubise ( aujourd'hui palais des archives) enfin son tableau de
réception à l' Académie de Peinture " Ulysse sauvé du Naufrage par Minerve
", actuellement au musée Fabre à Montpellier . Le diplôme qui lui fut délivré
par l'Académie est en notre possession et conforme à la copie ci contre (P18) Peu
après, nommé adjoint professeur à l' Académie, Trémolières exposa au Salon de
1738, le paysage qui est à l' Hôtel de Soubise faisant pendant à celui de
Boucher, puis deux esquisses, Diane au Bain et le triomphe de Galathée et trois
tableaux V‚nus embrassant l'amour, la Comédie, la Musique. Charg‚ de faire
tisser par les Gobelins les dessins d' une suite de tapisseries repr‚sentant
les 4 ƒges du monde, il mourut, en exécutant l' âge d'or qu'il laissa inachevé.
Il avait 36 ans ( 11 mais 1739) et mourut de la poitrine dit M. de Caylus. Il
peignit deux portraits de lui-même, l' un que vous connaissez bien, puisqu'il
est toujours resté dans la famille , l'autre qui est à Quimper. Pour l'
appréciation de ces oeuvres et des tableaux de Trémolières, en général, je vous
renvoie à l'étude du Dr Pissot, mais je
donne une attention toute particulière au portrait que j'intitule : la date énigmatique ( 19 septembre 1613) Il existe au Musée de Quimper, sous le Nø 698
du catalogue un portrait de Trémolières peint par lui-même, qui fut acquis à l'
Hôtel Drouot, par le marquis de Silguy, qui l'a légué à la Ville. Il a du être peint à Paris, peu de temps après
son retour de Rome. La facture en est magistrale et c'est ce qui porte le Dr
Pissot à le situer à cette date. Ce qui en fait le puissant intérêt au point de
vue de la généalogie de la famille , c'est que Trémolières s'est représenté
vétu d'un habit de velours bleu foncé, la chemise ouverte au col est garnie de
dentelles sur le devant, aussi bien qu'aux poignets, lequel est assis dans un
fauteuil, devant une table où sont ses papiers et un écritoire. Les avant-bras
sont appuyés sur la table et la main gauche tient les feuillets du manuscrit tandis
que la droite indique du doigt ,une phrase de celui-ci. A la
loupe, on y lit: sur la page gauche du 1er feuillet les mots auxquels nous
avons conservé l' arrangement que l'auteur leur a donné :
Par devant furent
présents noble mathias
de Villerognac et Dame
Guillemette de Clignac au dit Jeudy à midi le 19 7
de 1673 pour la
dont ils ont été
ci contre sur le
feuillet droit, que montre le doigt du peintre en souriant malicieusement
De la dette qui sera prise sur
les biens du dit sieur de Villerognac seigneur de Clitarimerac où sont
ceux de Nicolas Bridelhac seign au bout
des feuillets, sont écrites des formules qu'on rencontre dans tous les actes
notariés et à gauche et les parties
étaient d' accord en aviser
devant nous
ce qui est admis le chancelier Je suis avec respect
Monsieur votre très humble
et très obéissant
serviteur
Trémolières Les
inscriptions ont exercé la sagacité du Dr Pissot qui n'y a vu qu'une
plaisanterie ne connaissant pas l'histoire de la famille et n'a pu comprendre
ce que j' y vois, moi, une allusion certaine à un épisode important de la vie
d'un de ses ancêtres. Caractère moral de P.C Trémolières,
d'après les témoignages de ses contemporains ou de ses historiens 1)Eloge de P.C Trémolières par le Mercure
de France ( Juillet 1739) La
douceur du caractère de Trémolières, sa probité et la politesse de ses moeurs,
le font regretter de tous ceux qui l'ont connu . Né avec un esprit juste et délicat, tous ses ouvrages s'en
ressentirent. Il sait allier aux grâces de la composition , celles du pinceau.
Génie facile, peintre aimable ; quels progrès n' aurait il pas fait, si une
plus longue carrière lui eut permis d' approfondir les mystères de son art et
d'ajouter aux dons de la nature , les secours de l'expérience et de l'étude. Il
était le digne élève de Vanloo l' aîné, et il devait beaucoup aux talents et au
goût d'un illustre protecteur qui l'honorait de son amitié 2)De P. Moissan ( fev 1889) Bulletin Société de Cholet 1888 Le peu
que nous en savons, nous le montre comme le type parfait de l'artiste généreux,
jusqu'à… la prodigalité, de l'ami dévoué jusqu' au sacrifice, dédaignant l'épargne, ne comptant jamais, jetant l' or
à tous les appels de l'infortune, aussi bien qu'au vent de toutes ses
fantaisies. Il était si bon que ses succès ne firent jamais un jaloux et
toujours il put compter sur de nombreux et fidèles amitiés. 3) Charles Blanc - Peintres fran‡ais nø
288 -290 Trémolières
qui était un beau garçon, de haute taille, d'une figure avenante et distinguée
(cf tableau de famille) se faisant applaudir dans les com‚dies où il montrait
une bonne éducation et de l'esprit. Il se
fit remarquer de son maître par sa distinction et la finesse de son
esprit et de ses camarades par une droiture qui lui valut de fidèles amitié. La
veuve de P.C Trémolières (Tibaldi) se remaria peu de temps après le décès de
son mari. Elle épousa M. François Labbé, intéressé dans les affaires du Roy.
Elle devint veuve pour une seconde fois , vers 1761 et son fils L.P Trémolières
subvint à ses besoins jusqu'à sa mort, survenue en 1773 ( 11 Septembre ) à
Paris. Annexes Pièces
justificatives ( Dossier de famille) Acte
de décès de Mme. P.C Trémolières née Tibaldi Extrait
du registre mortuaire de l'Eglise paroissiale de Saint Eustache à Paris " L'an 1773, le dimanche 12 septembre ,
Isabelle, Antoinette, Laure, Eléonore Tibaldi, âgée de 61 ans et trois mois,
veuve en première noce du sieur P. Charles Trémolières, Peintre du Roy et de
son Académie Royale, adjoint professeur à la dite Académie et en seconde noces
de Yves François Labbé, intéressé dans les affaires du Roy, décédée d'hier, rue
Neuve Saint Eustache a été inhumée au cimetière Saint Joseph, en présence de
Louis Pierre Trémolières, ancien secrétaire du conseil supérieur de Pondichéry,
son fils, et de sieur Louis Denis Fossier, dessinateur de l' académie des
Sciences, et ont signé " Acte
de baptême de Louis Pierre Trémolières Du
Jeudi quatrième octobre 1736, fut baptisé, Louis, Pierre, fils de Pierre
Charles Trémolières, peintre du Roy et de Elisabeth Tibaldi, son épouse, rue
des Fossés ; le parrain Louis Michel Vanloo, aussi peintre du roy, et
professeur de son académie, la marraine Dame
Christine, Anne, Antoinette Soucis épouse de M. Charles Vanloo, aussi
peintre du Roy, professeur en son académie royale : l'enfant est né du jour d'hier et ont signé à la minute. Louis, Pierre,
Trémolières, né à Paris le 3 octobre 1736, décédé à Paris à 49 ans en 1785,
fils du peintre P.C Trémolières et d'Eléonore Tébaldi. Il fut baptisé à Saint
Germain l'Auxerrois, le 4 octobre 1736 et eut pour parrain Louis Michel Vanloo
( frère de J.B. Vanloo) aussi peintre du roy et pour marraine , antoinette
Soucis, épouse de Charles Vanloo, aussi
peintre du Roy. Sa vie
fut une longue tragédie pendant laquelle il se montra toujours d'un courage
héroïque, une honnêteté scrupuleuse et des qualités morales extraordinaires que
la lecture du mémoire qu' il écrivit en 1784, à Ormoy, pour se justifier aux
yeux de ses détracteurs, font ressortir avec éclat.
Je
copie en entier ce mémoire, qui bien que contenant des discussions de procédure
et des chiffres, qui le rendent parfois monotone, nous fait assister à un drame
qui ne se termine qu'avec la mort de son acteur. Il nous explique le caractère
de son fils Pierre, Fran‡ois
Trémolières, président du tribunal civil de Besançon. Le malheur avait forgé
l'âme de ce magistrat qui a laissé le souvenir de l' honnête homme au sens
ancien de ce terme. Au
milieu de 1785 ( 13 Juillet), le Sieur Trémolières mourut à Paris, à l'âge de
49 ans , rue des Saints Pères, alors qu' il s'était rendu dans la capitale pour
ses affaires. Restée
Veuve à Ormoy, avec ses enfants, la Dame Trémolières ne tarda pas à épouser
Charles Louis Elisabethe Ali , probablement l'ami près duquel elle avait trouvé
asile avec son mari. Le
Sieur Ali était le descendant de l' un des fils d'un bey africain, pris dans
une guerre, sous Louis XIV, contre les pirates et les barbaresques et emmené en
otage à Versailles, où il avait servi de page au grand Roy. Il était écuyer (
noble) et avant la Révolution, seigneur engagiste ( celui qui affermait) les
droits honorifiques du domaine du Roy, à Ormoy, où il résidait, ainsi qu' en
témoigne, un document des papiers de famille, par lequel il est chargé de
convoquer les délégués de la généralité de Vesoul, qui désigneront les députés
aux Etats Généraux de 1789. Il fut plus tard maire d' Ormoy et c'est en cette
qualité‚ qu' il signe comme témoin au mariage du président Trémolières à
Besançon. De son union avec la dame Trémolières, il eut un fils qui , croit-on,
devint officier ! Le 28
Janvier 1789, la dame Trémolières-Ali mourut à l' age de 33 ans. Le Sieur Ali
qui en avait 39, se trouvait dans l'obligation de subvenir aux besoins de 4
enfants, dont l' ainé Pierre François Trémolières ( le président futur) était
agé de 14 ans, c'est alors qu' il écrivit en faveur de ses beaux enfants, le
mémoire dont il est fait mention dans cet historique, espérant obtenir des
subsides pour les petits enfants du peintre du Roy, n' ayant pas reçu de
réponse favorable, il resta seul pour
les élever. Les Trémolières en Franche Comté Le Duc de Broglie dans ses mémoires cite sa rencontre avec François Trémolières à Ormoy en 1793 , dans le tout début de ses souvenirs . "Souvenirs - 1785-1870 - du feu duc de Broglie"
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Mon arrière-grand'mère était morte ; Saint-Remy appartenait à ma mère; c'est là que nous avons
passé, mes sœurs et moi, toute l'année 1793, et la première moitié de 1794. C'est là que mon père a
été arrêté, conduit dans la prison de Gray, puis enfin traîné à Paris, et livré au tribunal révolutionnaire. C'est là que ma mère a été arrêtée, conduite
à la prison de Vesoul, d'où elle s'est heureusement échappée.
Je me souviens très distinctement des premiers temps passés à Saint-Remy par mes parents. Je me souviens de l'arrivée des ordres d'arrestation. Ces ordres ne furent point exécutés de vive force. Mon père et ma mère délibérèrent, en ma présence, dans un cabinet que je vois d'ici et qui leur servait de salle à manger, sur la question de savoir s'ils obéiraient, et prirent librement ce dernier parti. Comment cela fut-il possible à pareille époque ? Je l'ignore. Mais, sur le fait lui-même, je n'ai aucun doute. Mon père s'étant constitué prisonnier à Gray, etma mère à Vesoul, nous restâmes, mes sœurs et moi, confiés à des domestiques. Un homme excel lent, M. Ali, habitant d'un bourg nommé Ormoy,et situé à quelques lieues de Saint-Remy, me prit chez lui pendant quelques mois ; il avait deux neveux, l'un homme fait, bien que jeune encore, ayant même déjà servi comme volontaire au siège de Luxembourg, l'autre à peine âgé de quinze ou seize ans. Par je ne sais quelle raison de famille, le premier se nommait Trémolière, et l'autre Saint-Jules. Trémolière était aimable et avait l'esprit cultivé; Saint-Jules n'était encore qu'un grand enfant. J'ai passé de très bons moments dans le sein de cette famille dont le cours des événements m'a séparé de très bonne heure, et qui s'est éteinte, ainsi que je j*ai appris, cinquante ans après l'époque dont je parle, dans une modeste et paisible obscurité. Chose étrange, on ne se serait pas douté dans le bourg d'Ormoy que nous vivions sous le régime de la Terreur. Durant les mois qui précédèrent la translation de mon père à Paris, on m'a conduit plusieurs fois à Gray. Je l'ai vu dans sa prison, quelques jours avant son départ. Je liens de M. Clément du Doubs, qui le rencontra sur la route de Paris, conduit par la gendarmerie, qu'il lui offrit un moyen sûr et facile de s'échapper, moyen dont mon père ne voulut pas profiter. Il fut enfermé à Paris dans la prison de la Bourbe, alors nommée Port-Libre apparemment par dérision. Il périt le 9 messidor an ii (27 juin 1794), un mois jour pour jour avant le 9 thermidor. La suite est extraite d'un document du Dr Deronde confié à Jean Trémolières Le texte reprend des mentions faites par l'oncle par alliance à son neveu. 1785 décès En 1785, le sieur Trémolières mourut à Paris où il s’était rendu pour ses affaires, le 3 Juillet 1785 à l’âge de 49 ans, rue des Saint-Pères.
2me mariage Lambermont La veuve épouse à Ormoy (Hte Saône) Charles Louis Elisabeth Ali (1), probablement l’ami près duquel elle avait trouvé asile avec son mari.
Décès de madame Ali-Trémolières Elle en eut un fils et elle mourut le 28 Janvier 1789, à l’âge de 33 ans. Ali qui avait 39 ans se trouvait dans l’obligation de subvenir aux besoins de 4 enfants dont l’ainé, Pierre François Trémolières était âgé de 14 ans. C’est alors qu’il écrivit en faveur de ses beaux-enfants le mémoire dont il est fait mention au début de cet historique, espérant obtenir des subsides pour les petits fils du peintre. N’ayant pas obtenu de réponse favorable, il resta seul pour les élever.
Pierre François Trémolières (né à Paris le 27 Avril 1775 – mort à Besançon le 15 Juillet 1847) Président du tribunal civil. Chevalier de la Légion d’honneur. Jurisconsulte Il naquit rue Guénégaud, paroisse de St André des Arts et fut baptisé le 28 Avril. Son parrain était François Jauesme de Longchamp, garde des archives de Monseigneur duc de Bouillon, oncle et tuteur de sa mère, et sa marraine Marie Lapierre de Montainville, veuve du Sr. Naulin.
Dans le court historique de la famille écrit par lui, on peut lire ces ligne concernant ses parents : »Leur contrat de mariage énonce une fortune de 118 740 l pour l’un et de 38 100l pour l’autre. Trois enfants restèrent de ce mariage ; j’étais l’ainé, orphelin de père et de mère à 14 ans, et toute notre fortune s’était fondue, à part un capital d’environ 20 000l qui restaient de la dot de ma mère et quelque mobilier. »
_______________________________________________________________________________ (1) ALI était un descendant de l’un des fils d’un bey africain pris dans une guerre, sous Louis XIV, conte les pirates de la côte barbaresque et emmené en otage à Versailles où il avait servi de page au Grand Roi.
Deuxième collège de Besançon 1765-1795 Où fit-il ses études ? Probablement au Collège de Besançon(1) Celui-ci, jusqu’en 1765, était tenu par les Jésuite ; mais à la suite du renvoi de France de ces religieux, après l’édit de Louis XV, la réorganisation de l’enseignement fut faite sur des bases nouvelles. L’établissement qui était toujours le même que le Lycée actuel, fut de nouveau appelé Collège, mais l’inauguration eut lieu en Avril 1765, sous la présidence du cardinal archevêque, du bureau et des commissions du parlement, de l’Université, du magistrat et du séminaire. Les professeurs étaient des prêtres séculiers et l’abbé Bergier de Flangebouche fut nommé principal. Il y resta jusqu’en 1769, date à laquelle il fut nommé à Paris. Un de ses successeurs fut l’abbé Vauthrin, de 1775 à 1789. Le collège avait alors 400 élèves mais peu disciplinés. La pension coûtait 360 livres pour 10 mois et fut portée, peu de temps après, à 372l.
Ecole Centrale du Doubs - 1795 Cette organisation dure jusqu’en 1795 époque où le collège devint l’Ecole Centrale du Doubs (2). Dans l’ouvrage d’Albert Troux, on lit page 105 « de ces élèves, beaucoup qui laissèrent plus tard un nom, ont tiré profit des années passées à l’Ecole Centrale. Nous connaissons Charles Nodier, Charles Weiss, etc, etc, surtout la phalange des élèves de Prudhon, les magistrats Trémolières, etc… » On ne peut mettre en doute cette assertion d’autant plus exacte que J. Prudhon (1/2/1758- 1838) était un jurisconsulte éminent ; mais nous verrons d’après le rapprochement des dates et le curriculum vitae du président que s’il a suivi un cours de Prudhon, c’est après son retour du régiment et lorsqu’il préparait son droit. Il est bien connu comme jurisconsulte.
1793 Le président écrit en effet « notre sœur mourut en 1793 et, réquisitionnaire à 18 ans (réquisition de 300.000 hommes du 24 Fev. 1793) du « canton de Jussey, je servis pendant 1794 7 ans. » En 1794, il est secrétaire du général Ferrand, puis à l’Etat-major de la ? Division 1797 militaire, puis en 1797, il est greffier du conseil de guerre de la même division. « J’étais fort délicat, écrit-il, on me réforma, le 28 Germinal an IX (1800) »(3) Puis je 1802 travaillais dans les bureaux de la préfecture et j’étudiai en même temps le droit. »
1806 « En 1806, j’allai à Paris pour prendre ma licence et y poursuivre le remboursement du restant de la dot de ma mère. Je revins avec mon diplôme et ce capital un peu écorné. J’acquittai quelques dettes que nous avions, mon frère et moi et plaçai le reste de nos fonds. »
1808 « Je plaidais depuis mon retour de Paris, lorsque je me mariai sur la fin de 1808 (8 Xbre 1808) » Il épousa Augustine Reine Girod (dont nous avons les portraits au pastel) fille d’Antoine Girod, avocat et avoué à la Cour d’Appel de Besançon et de Claude Louise Pierre. Le père
_______________________________________________________________________________ (1) Droz – Collège – 1869. Rcherches historiques sur la ville de Besançon – Archives Départementales. (2) Bibliothèque d’Histoire Révolutionnaire – L’Ecole Centrale du Doubs à Besançon (an IV au XI)) – 1926 par Albert Troux, agrégé d’Histoire et de Géographie, ancien professeur au Lycée de Besançon, professeur au Lycée de Nancy. (3) Congé en notre possession. de sa femme était mort l’année précédente et c’est Ali (1), alors maire d’Ormoy, âgé de 58 ans, beau-père du futur époux qui signa l’acte de mariage ; ce qui nous montre que le vieux petit-fils du Bey africain était toujours en bons termes avec ses beaux-fils.
Louis Jules Trémolières – 1778 – 1810 « Mon frère mourut en 1810 et me laissa sa succession » qui n’était pas importante. Ce frère avait été aussi réquisitionnaire et avait servi au 9me régiment de cuirassiers. Il était à la veille de passer officier lorsqu’il fut attaqué par un voleur et laissé pour mort, en Allemagne. Guéri de ses blessures, il entra dans l’administration des postes de l’Armée et mourut, sans enfant, à 32 ans. »
1811 La même année le président eu un fils Xavier Louis Jules Trémolières qui ne connut point sa mère, décédée l’année suivante le 25 Février 1811. Le président resté veuf, vécu avec sa belle-mère jusqu’à sa mort survenue le 14 Janvier 1831.
1818 A la fin de 1811, il fut nommé juge puis président du tribunal civil en 1818 et chevalier 1826 de la Légion d’Honneur en 1826. (Brevet du 16 Mars 1827). Il fut président de l’Académie de Besançon, plusieurs années de suite, et publia, dans les bulletins de cette société, de nombreux discours, des poésies et des essais littéraires(2).
Gaston Coindre, dans le 1er voulume de son ouvrage « Mon Vieux Besançon » s’exprime ainsi : » au n° 22 de la rue Saint Vincent (rue Mègevand actuelle) habitait le président Trémolières. Il a laissé le souvenir de l’honnête homme dans l’acception ancienne de cette épithète, comprenant à la fois la politesse es mœurs et la distinction de l’esprit. Littérateur spirituel et bienveillant, il avait sa petite cour, que sa mort laissa longtemps en deuil. » Tome I, p. 149. Mr. Estignard, juge ainsi le président dans son livre sur Adrien Paris : » Magitrat intègre et érudit, poëte à ses heures, poëte musqué, frisé, capable de bien tourner un madrigal. »
1835 En 1835 il acquit pour son fils le domaine de la Verrière qui lui coûta, accessoires, améliorations et mobilier compris 34.400 fr.
1836 Il acheta en 1836 la Croisotte (18 Hectares de bois)(3) pour 5.100 fr. et le père et le fils ne cessèrent d’améliorer cette propriété où ils séjournaient souvent.
Le président mourut à Besançon, le 15 Juillet 1847 à l’âge de 72 ans et fut inhumé au cimetière de St Ferjeux.
_____________________________________________________________________________________ (1) Ali écuyer (noble) était avant la révolution « seigneur engagiste (celui qui affermait des droits honorifiques du domaine du Roy) à Ormoy y demeurant. » D’après un document des papiers de famille, par lequel il est chargé de convoquer les délégués de la généralité de Vesoul qui seront désignés comme députés aux Etats Généraux de 1789. Il fut plus tard maire d’Ormoy. (2) Les plaidoiries, reliées, doivent être la possession de ton père et sont à conserver précieusement. (3) Note de Raoul Trémolières : « 8 » – pas « 18 »
Xavier Louis Jules Trémolières 1810 - 1874 Avocat né à Besançon en 1810, décédé en cette ville en 1874. Il fit ses études au Lycée de Besançon, puis son droit à Paris où il obtint son diplôme de licencié en 1830. Avocat comme son père, il plaida peu, partageant ses loisirs entre les plaisirs de la chasse à la Verrière et les jouissances intellectuelles et scientifiques que son intelligence vaste et ouverte aux progrès, dans toutes les branches de l’activité humaine, lui procurait. C’était le philosophe sybarite auquel la tranquillité et la stabilité des temps où il vécu, ont permis une existence heureuse et indépendante que ses descendants ne connaitraient plus.
De caractère enjoué, excellent dans les récits et les chansons spirituelles, « Il est connu, écrit Fourquet, par des recueils de chansons dont il composa souvent la musique et qui eurent une grande vogue. Dans son recueil de poësies dites aux banquets de la St Yves (fête des avocats) et imprimées sous ce titre « Souvenirs de la St Yves », Alphonse Maudrillon, avocat à Besançon, y fait allusion en ces termes, au cours de la pièce intitulée « A mon habit noir » : Je le portais quand Trémolières Devant Jules Favre joyeux Et malgré Tripard furieux Chanta ses chansons cavalières. 1865 Il acquit la propriété de Beure en 1865. C’est là que vécut et mourut sa femme, née en 1841 et décédée en 1925, à 83 ans. Il n’eut qu’un fils.
Raoul Trémolières – 1860 – 1920 Artiste peintre né en 1860, mort à Besançon en 1920. Tu as, mon cher Jean, trop peu connu ton grand père pour pouvoir juger les qualités de cet homme délicat, instruit, d’une douceur exquise, et dont seuls ceux qui ont vécu dans son intimité, ont pu apprécier le charme et l’attirance. « Il eut pour maître, écrit Fourquet (1), le peintre Fanart de Besançon (1831-1918) avec lequel il fit des voyages en Italie, à pied, tous deux s’arrêtant au gré de leur fantaisie ; puis il parcourut de la même manière la Bretagne d’où il rapporta de nombreuses études. Au cours de sa carrière artistique qui se fit tout entière à Besançon, ayant horreur de l’intrigue et dédaigneux ds distributions honorifiques, il exposa depuis 1884. Il obtint des médailles dans diverses expositions. Les nombreux portraits qu’il fit sont dans des collections particulières. Citons de lui : « Premier Nuage ; Un Etang à la Verrière (foyer du théatre municipal de Besançon) ; Le Vieux Chemin ; Crépuscule ; deux pastels au Musée de Besançon, un tableau et un panneau décoratif (Le Paon) à l’établissement du Casino de Besançon ; au Musée de Quimper, plusieurs toiles – etc, etc. « Le talent de Trémolières était fait d’une consciencieuse étude de la nature et d’une sincérité émue. Il a su traduire la poësie mélancolique des paysages crépusculaires qu’il affectionnait, et franc comtois fervent il a reproduit avec émotion la beauté des paysages de sa province aimée. Il était de caractère indépendant et dépourvu d’ambition, son commerce était agréable et sûr. L’art et la chasse furent ses deux grandes passions. »
__________________________________________________________________________ Fourquet Emile – « Les Hommes Célèbres et les Personnalités Marquanates de la Comté du Ive Siècle à nos Jours » 1929
De son union avec Caroline Lenhardt naquirent quatre enfants. 1 – Ta Tante Marguerite, Madame Deronde 2 - Ton Oncle Henri 3 - Ton Père Raoul 4 - Ton Oncle Pierre Tu les connais. Si l’avenir est maintenant fermé pour nous, il est ouvert pour toi et tu dois te préparer à la rendre digne de tes ancêtres.
- Fin - _____________________________
Le fils
du Président ( Besançon) eut un fils Jules qui devint avocat et acquit la
maison de Beure. Celui
ci eut un fils ( Raoul) le peintre qui mourut à 52 ans. C'est
Raoul qui acheta le Rendez-vous de chasse de La Verrière qui brûla en 1910 et
qu' il fit reconstruire. Il
épousa Caroline Lenhart ( famille suisse de la Chaudefont) Ils
eurent Henri célibataire Marguerite épousa Dr Deronde au Havre sans
enfant Pierre épousa Lucie ? ont une fille
Françoise, filleule de Maurice Raoul ( mort en 1958). qui
épousa Germaine Maire( dcd 1978 ) eurent Maurice Raymond Louis
Laure
Jean ( mort en 1976 ) François
Antoine
Jeanne
Henri
Geneviève
Jacques
Bruno
Elisabeth
Anne
Chantal
Denis
Marie Claire Etude
de Mr Albert Rigaudière Listes des consuls de 1250 à 1490 1308 : Jouvenroux Durand Bourgeois 1342 à 1365 Jouvenroux Jean Jouvenroux Pierre est consul en 1360 - 1364-1369-1374-1381-1385( premier en 81 et
85). Il meurt en 1400 Jouvenroux
Thomas est consul en 1372- 1387--
1393-1398( premier consul depuis 1387) déclaré drapier et collecteur de taille En 1393, les consuls ont à traiter un litige qui les opposent aux héritiers de Jean, tant devant l' official que devant le juge
de Saint Flour. Jouvenroux
Jean II consul en 1401 mort en 1408 Jouvenroux
Philippe en 1406 - 1416. Hôtelier. Mort
en 1421 En
1414, Philippe Jouvenroux est Capitaine ( Saint Flour a la garde de ses portes) et reçoit 60 sous par mois. Jouvenroux
Jean I consul en 1417 noyaire mort en
1426 Jouvenroux
Pierre III consul en 1421-1431 - 1439 drapier
Jouvenroux
Pierre IV consul en 1454- 1459- 1462-
1466- 1470 Tavernier marchand, bourgeois. Il fut aussi en 1465 Lieutenant du
bailli des Montagnes Jouvenroux
Guynot consul en -1480- 1484- 1488 On
trouve, page 387, un intéressant paragraphe: C'est
tout à la fois ,à l' exercice de
charges bailliagères et à de multiples services rendus à la cité que la Famille
Jouvenroux doit son anoblissement. Pierre Jouvenroux, que ses contemporains
disaient volontiers être " ung puissant et riche homme et le plus riche
de la dite ville et selon la commune renommée du pays riche de 20000 livres tournois " , possédait des fiefs
nobles dans le plat pays et avait été lieutenant du bailli à Saint
Flour en 1455 lorsqu' il fut anobli par lettres patentes en 1479 avec ses deux
fils Jacques et Guynot. Les
pièces proviennent a) du Procès verbal d' enquête faite par Robert Baco, lieutenant
des élus, à la requête des consuls de Saint-Flour contre Guynot
Jouvenroux. ( document détérioré dont la date ne peut être retenue ) La question qui se pose est de
savoir s'il ne s' agit pas du Guynot de la fin du 15ème et peut-être de l' affaire de 1614 qui figure sur
le tableau du peintre.? b) du livre de Boudet que le Dr
Deronde connaissait c) de la lettre d' anoblissement d'
octobre 1479 pour Pierre Jouvenroux et ses descendants auxquels il est accord‚ privilèges, franchises et
honneurs des nobles; Il y a
eu certainement des tiraillements au
sein du conseil de 73 à 74, car Guynot Jouvenroux ne fut présent que deux fois sur 33 réunions. Mais l' auteur fait page 428 une
présentation toute autre : "
Il n'est pas facile d' expliquer ce manque d' intérêt des conseillers pour la
chose publique. On est estrêmement surpris
de voir Pierre Mauranne, ancien consul et ancien lieutenant du bailli,
accuser le taux le plus bas de participation....... La remarque vaut tout
autant pour Guynot Jouvenroux. Au
moment où il se prépare à briguer , dans les années à venir, au moins trois
consulats, il n'assiste pas à plus de 6
% des réunions qui devaient pourtant être les lieux les plus propices pour
affirmer sa personnalité, nouer des relations et gravir avec succès les échelons de la carrière des honneurs
". L'
interprétation de l' auteur est marquée d' un académisme primaire, car la vie
démontre tous les jours que la politique de la chaise vide est une forme
offensive d' opposition et qu'il vaut
mieux aller sur le terrain que de siéger sans pouvoir et contre son gré. Les
consuls déclaraient leur fortune et leurs rentes d' où on sait que Thomas
Jouvenroux avait deux maisons et un jardin , un champ et deux prés et 130l de
rentes de cens soit un total de 689
l de rentes annuelles Pierre
Jouvenroux avait trois maisons et deux jardins 1/2 pré et une " pagersia
" ( vraisemblablement une
ferme) des meubles et des rentes de cens soit un revenu total
de 461 l hors les revenus de la
pagersia qui n' étaient pas déclarés.
Parmi les décisions prises au conseil, nombreuses portent sur la dimension des étals et la possibilité de construire des galeries au dessus...... Pierre Jouvenroux a son nom dans un des nombreux édits
Dans la liste des Consuls, on ne trouve pas de Jouvenroux Pierre I, il joua pourtant un rôle essentiel. Car le conseil , avant de prendre des décisions consultait l'avis de juristes. Pierre était licencié en droit et, bien que résident à Brioude, eut le titre flatteur de " principal cosselher " et, dans les alentours des années 1420, on dit qu' il dicta véritablement toutes les décisions importantes Parmi les sujets examinés , on trouve : * quelle attitude adopter dans le conflit avec le seigneur au sujet des cens ? , * sur le rempart à reconstruire derrière l' hotel épiscopal ? * est-il expédient d' ouvrir une enquête pour savoir si les privilèges , libertés et franchise de la ville sont réellement menacés par l'évêque ? Sur ce
dernier point, Pierre Jouvenroux dicte la marche à suivre : rédiger la liste
des moyens invoqués et aller au plus vite à Aurillac, chercher au greffe du
bailliage , des procès verbaux d' enquêtes qui s' y trouvent déjà. Les
fonctions de conseil ne s' arrêtent pas là. Pierre Jouvenroux est aussi bien
interrogé sur le dernier conflit entre les deux communautés de la cité que sur
l' attitude à adopter face à l' Impôt royal ou sur le dernier voyage du roi
dans la province. En 1419, il est par trois fois invité à séjourner à Saint Flour pour aider les mémoires de procédure : per accoselhar, visitar er arregir las memorias et far las instructios à l' occasion d' un vaste procès qui oppose consuls et évêque devant le Parlement à Poitiers. Là encore, c'est Pierre Jouvenroux et lui seul, qui oriente la procédure, choisit les moyens de défense.
Pour la plus grande gloire des institutions de Saint Flour, il faut rappeler que les consuls ne pouvaient sièger plus de trois années de suite et que les consuls sortant faisaient un bilan de l' exercice écoulé, en indiquant simplement la somme globale des dépenses et celle des recettes. Aucun ordre n' est respecté pour la présentation de l'un et l'autre chiffre mais il est expressément fait état du solde créditeur ou débiteur. Qu'il soit positif ou négatif, les consuls sont toujours déclarés debentes . En cas d'excédents ils doivent laisser dans la caisse une somme équivalente. La gestion est-elle déficitaire ? Alors , c'est de leurs deniers personnels qu' ils doivent combler le déficit. Ils le font en général dans le courant de l'exercice qui suit et s' acquittent très r‚gulièrement de cette obligation. Les jurés et députés se contentent d' approuver les chiffres . Il n'a été relevé que peu de contestations. En 1419/ 1420, pourtant, les comptes ne sont pas arrêtés. Pierre Jouvenroux, conseiller de la communauté, est saisi de cette affaire et lui sont soumis " certas articles qui eront en debat entre les senhors cossols et alcus del petit comué consendens delsdit articles en la redditio de lors condes ". La raison de l' absence d' arrêt‚ n'est pas fournie mais, l' année suivante, le mardi 20 mai 1421, deux députés présents refusent de participer à ses travaux, sans donner de justification à leur décision. . Par la suite, dans le courant du XIV et XVsiècle, les institutions se dégraderont . Une partie du patriciat sera refoulée par ceux qui tiennent le pouvoir . Ces derniers utiliseront des mécanismes dont l'esprit fut de réduire la participation effectives des membres de la petite communauté à la vie politique.
Cette évolution se conjuguera ‚videmment avec la coupure entre les papistes et les gallicans qui précéderont les protestants dans cette région. Cette guerre que l'on appelle de religion fut d' abord, comme on le voit, bien évidemment municipale et politique. Quand les Jouvenroux deviendront -ils protestants ? Tout a été fait pour que cette page soit effacée de l'histoire de la France officielle et administrative, voire familiale. Elle reste à écrire car , en ce temps, nos ancêtres adhérèrent naturellement au camp du rejet des manipulations et du refus du Jacobinisme.
Pierre- Charles Trémolières 1703 … 1739 Présentation de Jean Messelet dans les Peintres Français du XVIIIème Siècle
Pierre-Charles Trémollières était fils de gentilhomme d' épée originaire de Saint-Flour, et qui, protestant de religion, dut s' exiler en 1685 laissant en France sa jeune femme. Celle-ci quitta l' Auvergne après la confiscation des biens des Trémollières, qui étaient considérables, et elle vint habiter Cholet, où son mari la rejoignit quelques années plus tard. Pierre-Charles naquit dans cette dernière ville en 1703. Les contemporains en témoignent ; mais la disparition des registres paroissiaux de la principale église de Cholet pour les années 1700-1710 ne permet pas de fixer plus précisément cette date. Il perdit son père fort jeune. Sa mère se remaria, ce qui fut cause peut-être du départ du jeune homme en 1719. L'inclination pour les arts dont il était prévenu, fournit, selon Caylus, un prétexte hionnête à cet éloignement. Un croquis à la sanguine d'après la Venus Médicis, daté de 1716, et recueillit par le musée de Cholet, montre que déjà il usait du crayon non sans agrément et finesse. Environ ce temps-là, il fit également de lui-même un portrait à la plume, qui est à la bibliotèque d' Angers.
Le jeune artiste ayant quitté Cholet et s' étant rendu à Paris, il fut reçut par un de ses parents, tapissier valet de chambre de la duchesse d'Orléans. C'était en 1719, Jean-Baptiste Vanloo était rentré d' Italie, et le prince de Carignan, qui le logeait à l' Hôtel de Soissons, l' avait présent‚ au duc d' Orléans. Ce hasard permit la rencontre du peintre et de Trémollières, et favorisa l' entrée de ce dernier dans un atelier dont la réputaion allait grandir. Dandré-Bardon et Carle Vanloo y furent ses condisciples. La comparaison des oeuvres de Trémollières avec celles de ce premier maître ne révèle que peu d'influance exercée sur lui par Vanloo. Cette influence paraîtrait nulle, si Caylus ne nous avait révélé, la variété de l' enseignement de ce peintre. " Il ne parlait, dit-il, à ses élèves qu'en conséquence du génie et du talent qu' il reconnait en eux, sans jamais les contraindre ni les soumettre à sa pratique. Je le voyais dispenser à chacun le genre de leçon qui lui convenait." Caylus parle ici en témoin, car il fréquentait l'atelier. Il ne fut pas sans remarquer Trémollières. Des liens de parenté, que l'origine poitevine des deux familles rend vraisemblables aidèrent peut-être le rapprochement. Caylus d'ailleurs, dès cette époque, aimait à protéger les artistes et à découvrir les jeunes talents.Son intervention se manifestait par des conseils, par des commandes , après des recommandations auprès du surintendant. Trémoliières ne pouvait trouver de guide plus précieux. Caylus l'attira chez lui, lui ouvrit ses portefeuilles d' estampes et de dessins, et le fit travailler . Le musée de Darmstadt garde un croquis de Trémollières intitulé : Assemblée de brocanteurs, et portant cette mention : " fait pour le comte de Caylus et gravé par lui. " C'est une charge amusante, ou maniant loupes et encensoirs, des ânes s'affairent et discutent au milieu de tableaux et d'oeuvres de sculpture : image de ces " soi-disants curieux " dont Caylus parle dans la vie de Watteau, qui s'introduisent dans les cabinets et dans les ateliers " pour y déraisonner sans cesse, pour troubler et intervertir ces méditations et ces recherches qui seules font le bon ouvrage. Dans le salon de Caylus, où la grâce distinguée du jeune homme, son enjouement et son esprit lui attirèrent de nombreuses sympathies, Trémolières connut le monde des amateurs. " Des talents précoces jointsà un esprit fin et à un caractère honnête, lui donnèrent des amis, dit Caylus, qui lui firent sentir de bonne heure le monde et la politesse; l'un et l'autre ont des influences bien marquées dans toutes les productions de l'esprit, et il se trouva bien toute sa vie de les avoir connus".
Ses études se poursuivaient heureusement et quelques récompenses académiques attestent son travail à cette époque . D après les dessins de Charles Coypel, Picart le Romain, Boucher, Cochin, Lebas et Trémolières, parurent en 1724, 31 planches qui retracent l' histoire de Don Quichotte. Coypel, qui a cette ‚poque avait d‚j… entrpris une suite de cartons sur ce sujet que les Gobelins tissèrent, donna les vingt-quatre premières figures ; Trémollières dessina avec verve et esprit deux épisodes : Sancho berné dans la cour de l'hôtellerie, et le même armé chevalier. Un Sacrifice à Priape, de notre artiste, esquisse à la plume du musée de Besançon, est daté de 1725. La scène est traitée avec distinction. Des nymphes, des satyres, des amours et des prêtres offrant des libations, forment des groupes habilement disposés. Les traits de plume sont peu appuyés, et un léger lavis de bistre suffit à rendre les vaeurss. Les eux-fortes qu'il fit alors montrent plus de vigueur et de décision, ce sont celles que Julienne lui demande pour les Figures de différents caractères, où il a gravé les dessins suivants : la Dame à l' éventail, le Commissionnaire, la Jeune fille étonnée, le Petit Paresseux, la Dame vue de dos, une Tête d'homme.
En 1726
Trémollières remporta le second prix de Rome. Deux ans plus tard, grâce à
Caylus, il obtint un brevet d' élève à l' Académie de cette ville. Trémollières
partit avec Subleyras, Blanchet, le sculpteur Michel-Ange Slodtz et l'architecte
Lebon. A Rome, il retrouva ses camarades d'atelier Dandré-Bardon et Carle
Vanloo.
Depuis 1725, l' Académie de Franceà… Rome était dirigée par Vleughels, qui tient comme artiste un second rang ; par contre c'était un administrateur habile, actif et souple. Il fut un collaborateur avisé du duc d'Antin, qui depuis 1708 était directeur des Bâiments du Roi. Poîson, auquel Vleughels succèda, se plaignait dans ses lettres de l'inutilité de cette institution et réclamait la suppression de son poste. Ce fut le principal mérite du duc d'Antin d' avoir compris l' importance de l' Académie de Rome qu'il s'efforça de réorganiser.
Le premier soin de Vleughels fut de louer le palais Mancini et de s'y installer avec ses élèves, abandonnant l'incommode palais Capranica. Des glaces, des meubles, des tapisseries des Gobelins envoyé de Paris rehaussèrent le luxe de vastes pièces où étaient exposés les travaux des pensionnaires : plâtres, marbres et panneaux de peinture. Le palais ainsi décoré était tout indiqué pour servir de cadre à des réceptions et à des fêtes. De plus on y pouvait vivre les jeux du carnaval, grâce à la situation sur le Corso. Le cardinal de Plognac, ambassadeur de France, y vint à maintes reprises avec ses invités. Un dessin de Bouchardon nous a gardé le souvenir d'un spectacle donné en 1730, ou l'on voit les pensionnaires déguisés en Arlequin, Polichinelle, Pantalon et Colombine. Une autre fois une pièce de Molière fut représentée et Trémollières, qui tenait un rôle, en recueillit de vifs éloges. En donnant ces réjouissances, Vleughels n'oubliait pas l'intérêt de l'étude. Des hôtes qu'il recevait, il obtenait en retour la permission pour ses élèves de copier les tableaux conservés dans les palais romains . Le Vatican s'ouvrait alors difficilement aux peintres ; cependant en 1729 après plusieurs mois de démarches, Vleughels put mettre dans les Chambres de Raphaêl quelques pensionnaires " qui s'occupèrent à dessiner ". La ténacité dont il fit preuve pour avoir cette autorisation, montre le rôle considérable que tenait Raphaël dans l' éducation des peintres. Mais l'admiration professée pour ce maître n' était pas sans réserve déjà. Cochin, quelques années plus tard dans une lettre adressée à un pensionnaire de l' Académie de France à Rome, qoique recommandant d'abord l' étude de Raphaël, dira: " Il ne faut étudier ce maître qu'avec le crayon ", et formulera plusieurs critiques. En même temps qu' il faisait copier les Chambres du Vatican, Vleughels installait deux élèves dans la galerie Farnèse devant les ouvres des Carches. Mais c'est à d'autres peintres que les jeunes artistes demandaient plus volontiers des leçons. Piètre de Cortone " génie abondant, peintre facile, large et rempli de grâces " dut souvent servir de modèle à Trémollières, qui sut, ainsi que le recommandera Cochin, " n'en imiter que le pinceau agréable, cette couleur et cette harmonie enchanteresse, ce faire moëlleux et facile ". Carle Maratte, mort à Rome en 1713 comblé d'honneurs, exerçait encore une grande influence. Les artistes qui allaient à Naples s'arrêtaient devant les compositions habiles et abondantes que Solimène , après Lucas Giordano, prodiguait dans les églises et dans les couvents de cette ville. Mais un des peintres dont le nom revient le plus souvent dans les lettres de Vleughels, est celui du Guide . Cochin ‚crira : " Je suis convaincu que ce maître étudié avec sentiment suffit pour former un grand peintre. Sa couleur et son faire sont d'une beauté et d'une fraîcheur qui ne peuvent que mener à bien." Tel paraît bien avoir été le sentiment de Vleughels. Nous savons que Trémollières eut à copier deux oeuvre du Guide. Une vierge de ce maître appartenait au prince Justianiani, qui n'en permit que par exception la copie. Quelques mois plus tard une autre d' après le même maître eut assez de mérite pour être envoyé au duc d'Antin.
Vleughels augurait bien de l'avenir de son élève. " Il peut devenir très habile ", dit-il, et il reconnaît, " le soin que Trémollières prend à se perfectionner ". Il ajoute que le jeune artiste n'avait reçu que peu d'instruction dans son art, et peut-être il se vante en s'attribuant le mérite d'avoir " contribué à le conduire dans le bon chemin". Malheureusement le jeune homme n'était pas robuste, sa santé se ressentait des travaux qu'il faisait. " Il n'en passait pas moins les nuits à étudier et à composer ". Une attaque de petite vérole interrompit ses études. En 1731, une blessure à la main, de peu de gravié‚ d' abord, mal soignée par le chirurgien, fut cause qu' on craignit même pour sa vie. Une sanguine du musée de Besançon, que Trémollières fit en 1731, est d'une composition toute italienne. Elle représente Sainte Anne et la Vierge. Peut-être eut-il à cette époque l idée d'une suite des Sept sacrements. Le Baptême et la Confirmation, connus par la gravure qu' il en laissée, sont des morceaux où il n'a pas encore dégagé son style des influences. Il y a de la mollesse et de la rondeur dans le dessin ; mais la composition est adroite, avec une recherche de l'effet décoratif. Le travail de la pointe est léger et les ombres sont obtenues par des hachures irrégulières et peu serrées. Vleughels allait souvent avec ses élèves dans la campagne romaine. Il dessinait avec eux " les beaux restes d'antiquités dont ce pays abonde ". C'était peut être à Panini, qui épousa la belle-soeur de Vleughels, et qu'une étroite amitié liait à ce peintre, que ce dernier dut ce goût nouveau à l' époque, pour les ruines antiques. Trémollières fit ainsi, selon Caylus, de nombreux paysages d' après nature que nous ne connaissons plus. Lorsque le temps ne permettait pas auxélèves de sortir pour copier dans les palais et les églises, ou pour dessiner dans la campagne, le directeur posait le modèle nu, ou faisait travailler d' après les moulages tirés de l' antique. Le soir, écrit lui-même le directeur, lorsque tous les pensionnaires se trouvaient réunis " on revoit ce qu'on a fait le jour ; sur quoi on redit son sentiment sans partialité et sans envie. « page 271 manquante
En partant, Trémollières laissa à Rome un grand nombre de tableaux de chevalet mais ces ouvrages ne nous sont plus connus. Son départ eut lieu au mois d' octobre 1735. Lorqu' ils rentraient en France, les artistes ne manquaient pas de s'arrêter dans un certain nombre de villes italiennes, où Vleughels s'était ménagé des amitiés. Dans une note à d' Antin, il écrit : " A Bologne, j' ai des amis et j'ai tout préparé à mon passage, et les cabinets seront ouverts ". Parme devait également arrêter les artistes : " Il y a d' excellents tableaux, entre autres un du Corrège qui mérite seul qu' on y aille pour étudier d'après ." L' influence du Corrège, sensible dans les oeuvres de Trémollières, permet de supposer à défaut de documents, que ce peintre suivit les conseils de Vleughels et visita Parme. En France, il s' arrêta à Lyon plus d'une année. Dans cette ville, ainsi placée sur la route de l'Italie, de nombreux amateurs retenaient souvent les artistes par d'importantes commandes. Trémollières fit plusieurs portraits. Surtout il y peignit de grands ouvrages pour les couvents de la ville. Aux Carmes déchaussés il donna la Purification de la Vierge, l'Adoration des Bergers, l'Adoration des Mages : ces deux derniers tableaux actuellement conservés dans l'Eglise Sainte Blandine. Dans la même église se voit également l'Assomption qu'il fit pour les Pénitents blancs. Lorsqu'il partit il promit aux Chartreux de leur envoyer deux tableaux : l'Assomption et l'Ascension, pour décorer leur nouvelle église qui s' élevait sur les plans de Delamonce. Les deux tableaux terminés en 1737, furent placés dans l'église des Charteux, où nous les voyons encore, avec les cadres, que Soufflot dessina. Dans le genre des grandes compositions l'artiste n' a rien fait de plus beau. Des draperies très amples composent des vêtements aux plis marges et souples. Des anges aux proportions allongées, un peu mièvres, soutiennent les uns le Christ, les autres la Vierge dont les corps s'estompent sur le ciel. La tonalité générale est claire. Tous ces caractères sont bien de type italien. Pourtant la personnalité de Trémollières se décèle dans la simplicité de la composition, que surcharge aucun détail. L' esquisse de ces tabelaux, qu' il présenta à l'Académie avec quelques autres ouvrages, lui permit d' être agrée le 24 mars 1736. ***
Pour sa réception, il donna , le 25 mai de l'année suivante, Ulysse sauvé du naufrage par le concours de Minerve, aujourd'hui conservé au musée de Montpellier. Ulysse, poursuivi par la colère de Neptune, a fait naufrage. Mais sur le conseil de Leucothée, il s' est dépouillé de ses vêtements, et, gardant le seul voile que lui remet la déesse, il se confie aux flots que Minerve s'efforce d'apaiser. Le héros, porté vers la côte abrupte, aperçoit l'embouchure d'un fleuve dont il implore la divinité. Le tableau représente le moment où ce dieu tire Ulysse à terre, tandis que le héros rejette derrière le voile que Leucothée, qu'on ne voit qu'en buste, va reprendre. Minerve vole sur des nuages. La composition est agréable, mais le dessin du nu manque de fermeté et ne décèle qu'une étude légère du modèle. L' épuisement d' un homme que la tempête tourmente depuis plusieurs jours, n'y est pas non plus exprimé. Un concours fut organisé par l' Acad‚mie en 1737 pour " juger en connaissance de cause la capacité des habiles qui la composent, à l' occasion d' une élection d' officiers." Trémollières exposa Minerve et Aracgné, et la Sincécérié. On le nomma adjoint à professeur, en même que son ancien camarade d'atelier Dandré-Bardon, académicien depuis 1735, et Jeaurat, reçu en 1733. Cette distinction si rapidement acquise montre l' estime que ses collègues faisaient de lui. Les amateurs ratifiaient ce jugement. Il fit des trumeaux et des dessus de porte pour les appartements de Lallement de Betz et du maréchal de Belle-Isle. Son pinceau facile se plaignait à tracer d'élégants corps de femmes aux proportions allongées, à la gorge haute et menue, aux attaches grêles, que des amours lutinent. Il y a dans ses tableaux peu d'accessoires, et les paysages sont rares ; les corps de Vénus, d' Amphitrite, de Galathée se détachent sur le fond formé bien souvent de quelques nuages, de quelques voiles seulement. Les gravures de Fessard nous ont gardé le souvenir de deux tableaux de ce genre. Un amour dérobe à Amphitrite assise sur un dauphin la coquille de ses cheveux, l' autre représente Vénus embrassant l'Amour. Ce sujet est également celui d'un mus‚e de Budapest. Les couleurs brillantes et claires du corps de V‚nus ressortent sur un fond sombre de nuages. Dans un tableau d'une collection particulière, le corps de Vénus décrit un mouvement gracieux pour attirer de ses deux bras levés l'Amour. Un paysage avec des cascades, des fleurs et des roseaux, forme un décor charmant. Une autre Vénus caressée par l'Amour faisait partie de la collection de Watelet, avec l'Amour redemendant ses armes. En 1787, quand fut vendue cette collection , les deux tableaux furent achetés par le roi ; ils sont actuellement perdus. Une note de Paillet dans le catalogue de la vente, dit que " les draperies voltigeaient au-dessus de Vénus et de l'Amour" et que " l' effet produisait sur le sujet des demi-teintes intéressantes et parfaitement rendues ". Vénus dérobant le carquois de l' Amour de la collection Montbrun, et l'Education de l'Amour de la collection Gros, dont la vente eut lieu en 1778, sont des oeuvres que l'on peut rapprocher des précédentes. Une Flore, que possédait la collection Fischoff, est vêtue d'une robe découvrant la gorge ; un amour l'entoure d'une guirlande de fleurs. La mythologie fournit d' autres thèmes à Trémollières, mais les personnages ne sont jamais nombreux. Au Salon de 1738 il exposa un Triomphe de Galathée qui a fait partie de la collection Livois à Angers ; un triomphe d' Amphitritr appartenait au Prince de Conti. Latone implorant Jupiter est dans une collection, et Alphée et Aréthuse se trouve au Musée de Cholet. Un bain de Diane, dont l'esquisse figure au Salon de 1738 se compose par exception d'une vingtaine de figures. Au bord d'un lac abrité par des frondaisons épaisses, Diane est entourée de ses suivantes, qui la parent de bijoux ; d'autres femmes jouent dans l'eau peu profonde ; au premier plan sont des chiens et des carquois. Une habile répartition des groupes, une diversité heureuse dans les attitudes, évitent la monotonie du sujet. Dans un tableau que conserve le musée des Arts Décoratifs, Trémollières reprend le thème qui était celui de son tableau de réception, mais avec plus de bonheur. La charmante figure de Nausicaa occupe le centre de la composition ; elle est allongée devant le dieu du fleuve sur la grève, non troublée par Ulysse , que les flots portent vers le rivage. Son corps nu aux blancheurs ambrées, au modèle délicat, est une des plus gracieuses inspirations de Trémollières. Si le tableau était encore un morceau d' école, Trémollières montre ici toute l' originalité de son tempérament , fin et graçieux ; la réussite de l'effet décoratif obtenu, le rendu des carnations, l'harmonie des tons, le modelé des corps en pleine lumière sont également à admirer dans ce tableau, dont la qualié‚ est proche de celle d'oeuvres du Corrège et de Lemoine. Une suite de peintures commandées pour décorer l' hôtel Soubise et qui y sont encore, trouvent ici leur place. En 1732 le duc de Soubise s'était remarié à soixante ans, avec Marie-Sophie de Courcillon, qui, bien que duchesse douairière de Picuigny par un premier mariage, n' était âgée que de dix-neuf ans. Pour plaire à cette jeune femme sans doute, il entreprit le renouvellement complet de son hôtel de la rue du Marais. Boucher, Vanloo, Restout, Natoire et Trémollières furent choisis pour le décorer. Aucun programme ne paraît avoir été donné aux peintres , qui choisirent des sujets de caprice, sauf Natoire dont tous les tableaux représentent l'histoire de Psyché dans les pendentifs par Boffrand pour le salon ovale. Les livrets des salons de 1737 et de 1738 mentionnent quatre dessins de portes que Trémollières peignit ainsi. Une seule toile, Minerve qui enseigne à une nympheà… faire de la tapisserie; occupe encore la plus ancienne chambre à coucher de la princesse, ou se développe une riche décoration de sculpture. Des restaurations maladroites ont légèrement gâté cette toile.
Au centre, Minerve couverte d'un casque, et semblable à celle du tableau de réception du peintre, désigne une tapisserie que tiennent deux amours. A sa droite Arachné s'essaie à manier l'aiguille. Il y a de la noblesse dans la composition, une recherche de style plus élevée qu'on n' en trouve souvent à cette époque. Au même étage, dans une salle voisine, se trouve actuellement la Sincérité, femme nue tenant un miroir et appuyée sur les Caractères de Théophraste, dont un amour montre la page où se trouve écrit le mot Sincérité ; à droite deux autres amours tiennent les masques. La femme, coiffée assez bizarrement comme la nymphe de la toile précédente, offre les communs caractères des académies de l'artiste. Dans l'Hymen d'Hercule et d'Hébé, Trémollières enveloppe ses personnages d'une chaude lumière, dont il étudie avec science les reflets. Hébé d'un geste gracieux soutient le léger voile qui ne cache plus qu' à demi sa gorge. Le Louvre possède une belle étude pour la tête de cette déesse, dont le front couronné de fleurs s'incline vers Hercule, qui l'enlace. Des amours tiennent le flambeau de l' hymen. Comme dans l'Hercule et Omphale de Lemoine, les tons chauds du coprs d' Hercule font ressortir la délicate pâleur d' Hébé : le dessin est plus ferme que dans d'autres compositions . Dans un tableau de petite dimension qui représente Vénus désarmant l'Amour, les couleurs sont plus raffinées et plus délicates encore. Le mouvement de la figure principale est heureux. Un paysage de Trémollières n'exposa pas au Salon, complète cette décoration. On y voit un pêcheur, des bergers, une statue de fleuve émergeant d'un taillis ; dans le lointain quelques maisons. Le fond s'estompe dans une lumière dorée. Le paysage de Boucher qui lui fait face, est plus artificiel dans sa coloration bleuâtre. Cependant, Trémollières n'a pas l' abondante invention du rival que ce voisinage lui donne. La décoration de l'hôtel Soubise, qui avait permis à Trémollières de rivaliser avec Boucher, Restout et Natoire, fut suivie d'une commande pour le roi. En 1738, pour une suite des Quatre Ages du monde, que devait tisser les Gobelins, Trémollières commença le carton de l'Age d' or, mais le laissa imparfait. Il était d'une santé délicate, et le travail intense qu' il s'imposa pour cela, hâta le développement d'une maladie de poitrine dont il mourut le 11 mai 1739. " Il fut, dit Caylus, autant regretté de ses amis et de l'Académie que sa probité, son esprit, les agréments de son commerce et l'espérance qu'il donnait pour son art le méritaient." Delobel fut chargé de terminer l'Age d'or, qui figura au Salon de 1740 et que l'on voit au musée de Cholet.
***
Trémollières eut deux enfants, dont un seul vécut : Louis-Pierre qui dut à l'amitié de Caylus une place de secrétaire au Conseil supérieur de Pondichéry. Rentré en France, des opérations malheureuses le privèrent de sa fortune. Après sa mort, ses enfants demandèrent au directeur des Bâtiments un secours, qui fut refusé malgr‚ les titres du peintre dont ils descendaient. L'un d'eux devint président du Tribunal de Besançon et eut pour petit-fils M Raoul Trémolières, peintre de talent dont le musée de Besançon possède quelques oeuvres. Le très précieux portrait de Pierre-Charles Trémollières par lui-meême est encore conservé chez un descendant du peintre. L'artiste coiffé d' une toque de fourrure, tient le pinceau et la palette. Le regard est vif et l'expression n' est pas sans ironie. C'est un morceau d' une excellente qualité, et le peintre s'y révèle capable d'analyser une physionomie et d'en saisir les caractères. Le portrait en question permet d'affirmer que le catalogue du musée de Quimper reconnaît à tort notre artiste dans un tableau représentant un homme d'une quarantaine d' années, vêtu d'un habit de velours bleu foncé, la chemise ouverte au col et garnie de dentelles. Il tient à la main des feuillets sur lesquels on lit une formule notariale et la signature de Trémollières.
Trémollières
ne forma pas d'élève, le temps lui manqua. " Il avait amassé les matériaux,
il entrait à l'âge ou l' on bâtit." A Rome il avait appris à composer,à…
draper ses personnages et à peindre clair. Avec Subleyras il avait recherché le
style et la sobriété. A Paris il alla demander des leçons aux tableaux de
Lemoine, mais se pliant aux demandes des amateurs, il exerça surtout ses
talents dans de petites compositions. La répétition de sujets presques
identiques dénote la faveur que rencontraient ses peintures aimables et légères.
Une grande facilité de pinceau le servait. Si son dessin est souvent incorrect
et mou, il sait trouver de délicats accords de tons, qui s'harmonisent toujours
avec les panneaux des lambris peints " en blanc mêlé de gris de lin adouci
". Il est bien de son temps par le choix de ses sujets, le type de ses femmes,
ses draperies, son dessin et son coloris ; pourtant il se distingue de ses
rivaux par une recherche des attitudes calmes, par une composition sobre et peu
chargée, et dans la couleur par un sentiment plus pénétrant de l'Harmonie
Jean Messelet
Parmi
les oeuvres du peintre un tableau a fait une réapparition dans l' histoire et
est cité dans un article récent de M Serge Lemoine intitulé " le Maître et
la Copie ". "
La copie a toujours été une forme d' apprentissage. elle permet à l' élève de
s'initier à l' art de la composition comme à la technique picturale. Ainsi les
pensionnaires de l' Académie de France à Rome étaient-ils tenus d' exécuter des
copies des chefs-d'oeuvre des maîtres du passé, en particulier italiens : Trémolières,
peintre français du XVIIIème siècle , a ainsi copié le célèbre Madone en gloire
avec saint Paul et saint Antoine, tableau qui se trouvait à l'époque à…
Bologne, dans l' église San Francesco, et qui a ensuite appartenu au Kaiser
Friedrich Museum de Berlin. L' original ayant été détruit au cours de la
guerre, en 1945, la copie de Trémolières, aujourd'hui conservée au musée de
Grenoble, reste le seul témoignage important de cette composition disparue .
" Dans la
biographie de Subleyras accessible au musée de Toulouse, son destin avec Pierre-Charles est relaté. "
C'est le temps où Rome s' offre toute entière dans sa beauté immuable et
l'éclat de ses apparats éphémères. C'est le temps des plaisirs violents du
Carnaval qui envahissait le Corso avec la course des chevaux barbes et les
mascarades. En 1735, les jeunes Français dans un style très Beaux-Arts,
promenèrent à travers la ville le char de l' empereur de Chine au sommet duquel
trônait, dit-on, Subleyras. C'est le temps des rencontres et des amours, amour
contrarié de Carle Vanloo qui dut quitter Rome précipitamment , amours bénies
pour Trémolières et Subleyras qui épousèrent deux filles d'un musicien connu,
Jean-Baptiste Tibaldi. " |